Google I/0 2014 : A force de s’éparpiller, Android risque-t-il de perdre sa saveur ?

 
La Google I/O menée mercredi soir au Moscone Center de San Francisco a vu se succéder les annonces à un rythme effréné. Certaines étaient attendues, d’autres un peu moins, mais toutes tendaient vers une intégration d’Android dans tous les éléments du quotidien, et vers une interopérabilité de ces appareils. L’ère du tout Android vient-elle de s’ouvrir ?
Google I/O

La conférence annuelle de Google portait sur de très nombreux éléments. Pendant près de trois heures, Sundar Pichai et son équipe ont détaillé les avancées du monde d’Android, dont le champ d’action ne se limite plus désormais aux smartphones et tablettes. Des nouveautés dignes d’intérêt, évidemment, mais qui ne sont pas sans susciter les railleries des fanboys de l’autre, voire des autres bords.

Last but not least

La Google I/O a eu lieu un mois après la WWDC d’Apple, sa grand-messe annuelle destinée aux développeurs, et un peu plus de deux mois après l’officialisation de CarPlay, la solution embarquée pour automobiles de la Pomme. Après également la présentation d’iOS 8, basé sur une interface flat comme, il faut bien l’avouer, la très large majorité des interfaces constructeurs du moment.

Et chacun de se lancer sur l’éternelle question de la copie. Dire qu’Android s’inspire d’Apple, c’est oublier que chacun s’inspire tour à tour des bonnes idées d’autrui. On pourra tout autant trouver dans les carrés et les aplats de couleur propres à Material Design une inspiration dans le monde de Windows Phone, tout en reprochant à ce même Windows Phone d’avoir emprunté son Action Center à la barre de notifications d’Android.

Si dans le domaine du design, on peut reprocher à iOS et à Android un certain suivisme, il convient de saluer le résultat obtenu. Dans le cas précis d’Android, le design se mêle aux contraintes matérielles propres à l’OS. Et de fait, les tablettes sont désormais déclinées dans de multiples formats, les smartphones s’étalent de 3 ou 3,5 pouces à plus de 6 pouces, les ordinateurs Android ont fait leur apparition et la TV comme les objets connectés viennent compléter le tout… Avec Material Design, Google montre sa capacité à fédérer un ensemble hétéroclite de produits, tous issus de marques différentes, voire d’univers particuliers. Harmoniser la branche TV de Sharp avec la division smartphones de HTC, qui n’a pas le moindre orteil dans le monde des télévisions, ce n’est pas une mince affaire, pas plus que placer de l’Android dans l’écran rond d’une montre Moto 360.

Pour suivre Google, soyez multitâches : Android Wear, Android Auto, Android TV & cie

Voir Google annoncer une solution pour automobiles (Android Auto), pour salons (Android TV) et pour les poignets (Android Wear et les montres assorties) en une même conférence, ce sont plusieurs effets à la clé. D’abord, une impression légèrement fourre-tout propre à perdre les moins bien accrochés. Car il a également été question de Chrome, de Chromecast et de petits détails divers et variés assortis de chiffres lancés à la volée. C’est un peu l’esprit Google qui ressort ici : beaucoup d’enthousiasme qui se traduit mal sur scène, la Google I/O n’étant pas vraiment un show à la Apple, transformé en une multitude d’annonces. Au bout de trois heures de conférence, quelle est la star de l’événement ? On n’est plus bien certain de le savoir, mais on est sûr de trouver de l’Android partout.

Android Auto

L’omniprésence, à défaut d’omnipotence, caractérise le Google d’aujourd’hui. Son système d’exploitation mobile est destiné à envahir le quotidien des pays les plus aisés, mais aussi les téléphones des pays émergents. On pense évidemment à l’annonce d’Android One, ce programme destiné à apporter le smartphone (Android, of course) aux populations les moins favorisées, Inde en tête. Des caractéristiques minimales exigées et des partenariats avec des OEM reconnus (Micromax notamment) ont ainsi été explicités. En creux, on voit non pas seulement les intentions presque humanitaires de Google, mais aussi son objectif de ne pas se laisser ôter de la main un marché encore à saisir entièrement, et que les fabricants de terminaux non-certifiés Google, voire les appareils sous Firefox OS, visent très clairement. Là aussi, il y a des revenus à générer, par le biais de publicité ou de contenus issus du Google Play, ne l’oublions pas.

Faut-il avoir peur du tout-Android ?

D’autres craintes au rayon des données personnelles. Plus d’Android au quotidien, c’est aussi plus de data collectée. La plateforme Google Fit, concurrente d’Apple Health, répond certes à sa concurrente, bien que l’on de doute pas que les deux Américains aient travaillé dans le même temps sur leur solution maison. Fit, incluse au montres Android Wear mais aussi aux smartphones disposant des capteurs adaptés, centralisera un nombre invraisemblables de données physiques, donc personnelles, relatives à l’individu. Android TV sera incollables sur vos habitudes télévisuelles. Quid de l’avenir de ces données ?

Android Wear

Toutes réserves exclues, Google joue de l’effet de masse, et cela fonctionne. Tout est annoncé en même temps à la Google I/O, renforçant cet effet d’écosystème très global. Toutes les réponses sont là : Health Kit, CarPlay, Android TV, Chromecast et j’en passe. Mountain View n’est peut-être pas première sur ses services, mais sert au moins un objectif d’uniformisation de l’expérience profitable à l’utilisateur final. Une utilisation plus simple des objets du quotidien, des performances améliorées et une autonomie en hausse : autant d’exigences porteuses de sens. Et finalement, cela passe par une série de montres connectées qui, si doute encore de leur usage, feront peut-être taire ceux qui reprochent à Google de n’être que le second d’Apple.


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