A la découverte de Sailfish OS et de Jolla, les bizarreries finlandaises

 

Fin 2011, plusieurs ingénieurs quittaient le navire Nokia. Ces ingénieurs travaillaient sur le Nokia N9, un des vaisseaux amiraux du Finlandais. A peine portes de Nokia passées, fondaient-ils Sailfish. L’objectif était de taille, créer un OS mobile et maîtriser la construction d’un smartphone. Nous sommes en 2014, Sailfish a dévoilé Sailfish OS et le smartphone Jolla. Nous avons pu tester tout cela au Mobile World Congress. Voici notre récit.

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Ces courageux ingénieurs ont décidé de quitter le navire Nokia lorsque Stephen Elop a pris les commandes, juste avant d’annoncer le partenariat avec Microsoft pour concevoir la gamme Lumia sous Windows Phone. Sailfish OS est un OVNI. C’est un OS mobile inspiré de MeeGo et de Mer, avec des applications développées en C et utilisant l’API Qt, sans oublier des API permettant à l’OS de faire tourner des applications Android (API Level 16 / Android 4.1).

Les créateurs de Sailfish OS avaient, dès le début, une volonté : ne pas faire comme tout le monde, concevoir une interface fraîche et moderne, et enfin adopter une stratégie de développement pragmatique.

 

Jolla, le premier smartphone sous Sailfish OS

Le premier appareil à accueillir cet OS se nomme Jolla (vous devez prononcer yol-la).

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Il n’a rien de « sexy », c’est une base de développement pour l’entreprise finlandaise. Une sorte de porte-étendard.

  • 4,5 pouces, 960x 540 pixels, 245 ppi
  • Stockage de 16 Go
  • Processeur dual-core cadencé à  1,4 GHz, 1 Go de RAM
  • Caméra arrière de 8 mégapixels, caméra avant de 2 mégapixels
  • 4G/LTE, Wi-Fi 802.11 b/g/n
  • Bluetooth 4.0
  • Prix : 399 euros
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Le look du smartphone est tranchant : une coque en plastique, une apparence rectangulaire et un système de modularité. En effet, la coque est amovible et peut être personnalisée. Cette promesse de modularité en dit long sur le projet. Vous allez comprendre très vite.

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Le système de personnalisation est assez avancé : lorsque vous changez la coque arrière, un tag NFC est caché dessous, cela va charger automatiquement un thème et du contenu aux couleurs de la coque. Pour une marque, cela peut être une manière de proposer une expérience mobile très intégrée. L’exemple d’Andry Birds est sûrement le plus simple à comprendre : une fois la coque installée, un thème rouge est mis en place tandis que l’application des petits oiseaux se charge en arrière plan. De quoi transformer votre Jolla… en Angry Birds Phone.

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Sailfish OS, un semblant de WebOS et de BB10

L’écosystème Jolla se divise en trois parties, qui ont tous un impact sur l’expérience utilisateur ; l’OS sous-jacent, un logiciel développé directement pour Sailfish OS sur les mobiles (y compris les propres applications de Jolla), et le moteur de support Android pour permettre aux applications natives Android de fonctionner sur le combiné. Les applications Android fonctionnent avec le niveau 16 de l’API d’Android, ce qui correspond à la version Android 4.1 Jelly Bean. Bref, un paquet d’applications Android fonctionnent !

L’écran d’accueil de Sailfish OS reprend une pile d’écrans que vous pouvez feuilleter en haut et en bas. Sur le sommet de cette colonne, on retrouve la barre d’état, comme sur Android. Dessous, vous pouvez voir les applications en cours de fonctionnement à travers des petites fenêtres. Avec une grille de 3 × 3, vous pouvez afficher jusqu’à neuf applications en cours d’exécution. Cela m’a clairement fait penser à WebOS, qui avait un système multitâche assez similaire visuellement. Oui oui… BlackBerry 10 reprend également cette vue.

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Les ingénieurs de Sailfish OS n’aiment pas les icônes, ils ont donc introduit des nombreux gestes. En balayant de chacun des quatre côtés de l’écran, vous aurez une fonction définie. De la gauche vers la droite, ou de la droite vers la gauche, les applications que vous utilisiez précédemment continuent de fonctionner.

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Votre écran de notifications est accessible en glissant à partir du bas de l’écran, qui affiche les alertes reçues, et également un menu d’accès rapides à vos statuts sur les réseaux sociaux.

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Les nombreux gestes exigent quelques minutes pour être intégrés, il en existe au moins six différents. Nous n’arrivons pas à la complexité de BlackBerry 10, avec des gestes en forme de zigzag, néanmoins  la logique Sailfish n’est pas si facilement accessible. Les premiers pas ne sont pas évidents, et les gestes peuvent être une source de confusion. Néanmoins, Sailfish OS apporte une vraie fraîcheur, avec une interface très esthétique et une expérience adaptée aux écrans tactiles. Après une journée de prise en main, Sailfish OS peut être utilisé avec une seule main, tout l’intérêt de cette gestuelle.

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À ce stade granulaire, l’interface Sailfish peut ressembler à une poupée russe de gestes imbriqués. Pour un utilisateur qui prend le temps d’apprendre tous ces raccourcis, l’interface a certainement le potentiel d’être fluide et « productive« . Mais, le revers de la médaille, toutes ces couches gestuelles et raccourcis supplémentaires peuvent finir par empiler de la confusion, résultant en une courbe d’apprentissage abrupte pour les nouveaux venus.

Autre gros souci des plateformes trop jeunes, c’est le manque cruel d’applications natives. Certes, le Jolla Store intègre des applications natives, elles n’en restent pas moins très limitées. Heureusement, il est possible d’installer des applications Android. J’ai ainsi pu tester Spotify, par exemple. Néanmoins, l’expérience n’est pas la même que sur les Android, les applications peuvent planter, elles sont plus lentes et ne fonctionnent pas entièrement (cela dépend des applications).

 

Sailfish OS s’exporte

Depuis le début de l’année 2014, Sailfish a compris qu’il faudra avant tout conquérir le coeur des technophiles. Comment faire goûter à l’expérience Sailfish OS sans devoir débourser beaucoup d’argent ? Assez simple, il vaut permettre l’installation de l’OS sur les appareils les plus populaires du marché. Nexus 4, MiPhone 3, Nexus 7… Sailfish peut être installé sur les versions Android. Quand je dis « sur », ce n’est pas le remplacement d’Android, Sailfish va s’installer sur les couches supérieures d’Android.

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Les plus téméraires d’entre vous peuvent donc tester l’aventure : vous aurez accès au Google Play ainsi que vos différentes apps habituelles, et vous pourrez goûter l’expérience Jolla. Je n’ai pas trouvé de méthode pour installer Sailfish, si vous avez des tuyaux, n’hésitez pas.

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Du potentiel, à n’en pas douter !

L’écran d’accueil de Sailfish OS est une alternative potentiellement plus riche que iOS et Android. Ce soucis du détail est un vrai plaisir visuel. De plus, l’ouverture aux appareils Android permet d’initier les utilisateurs Android. C’est une stratégie pratique et pragmatique, mais c’est aussi un compromis permanent qui brouille les eaux bleu clair de cette nouvelle plateforme. L’entreprise finlandaise doit désormais étendre la portée de son écosystème Sailfish dans l’espoir de lui donner une impulsion durable.

Je ne donne pas beaucoup de crédit au succès commercial de Sailfish et du Jolla, néanmoins cette entreprise doit intéresser beaucoup de monde. Microsoft aurait déjà fait une proposition de rachat… Qu’en pensez-vous ?


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