Fin août 2024, nos confrères du site Le Parisien reprenaient une publication de l’Autorité de régulation des transports sur le coût de la recharge des voitures électriques sur autoroute. Un rapport édifiant, que nous avions relayé, et notamment le passage « plus de 18 % du prix de la recharge est finalement reversé à la SCA en échange du droit, pour le titulaire du contrat, d’exploiter son installation sur le domaine autoroutier, contre seulement 4 % en moyenne pour les autres biens vendus sur une aire de service ».
En d’autres termes, selon le rapport, les sociétés d’autoroute se gavent avec les commissions touchées sur chaque recharge d’une voiture électrique. Mais le patron de Vinci Autoroutes a pris la parole sur X (ex-Twitter) pour apporter des chiffres légèrement différents. Une sorte de droit de réponse.
Aires de repos versus aires de service
L’homme d’affaires commence à se faire mousser, en rappelant que désormais, 100 % des aires de services en France sont dotées de bornes de recharge rapide. Ce qui est vrai, et très pratique pour les conducteurs de voitures électriques.
Mais le plus intéressant arrive après. Pierre Coppey précise que « les redevances versées par les opérateurs, quel que soit leur niveau, n’ont au final aucun impact sur le tarif payé par l’usager à la borne. Preuve en est que la majorité des grands opérateurs pratiquent des prix rigoureusement identiques sur leurs bornes haute puissance sur et hors autoroute ». Et l’homme n’a pas tort. Que ce soit Ionity, TotalEnergies ou Fastned : tous les opérateurs pratiquent les mêmes prix au kWh, que ce soit sur autoroute ou en dehors.
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Le patron de Vinci Autoroutes (et directeur général adjoint de Vinci) continue en revenant sur le chiffre des 18 % de commission versée par les opérateurs de recharge aux sociétés autoroutières. Il affirme que « les contrats auxquels se réfère l’article ne concernent qu’un périmètre très réduit de bornes, constitutives d’une offre de recharge additionnelle, proposée uniquement sur quelques aires de repos, en marge du réseau structurant de bornes rapides des aires de services où s’approvisionnent la quasi-totalité des véhicules électriques circulant sur autoroute. Sur l’ensemble de ce réseau, le niveau moyen de redevance versée par les opérateurs est compris entre 8 et 9 % du chiffre d’affaires lié aux recharges ».
Dit autrement : oui, certains opérateurs reversent 18 % du coût de la recharge à la société d’autoroute. Mais uniquement dans le cas des bornes présentes sur les aires de repos. Vous savez, ces aires où il n’y a rien, à part un petit parking, des toilettes et des tables en bois. Sur les aires de services, Pierre Coppey affirme que le chiffre est plutôt compris entre 8 et 9 %. Précisons que c’est quand même deux fois plus élevés que les « 4 % en moyenne pour les autres biens vendus sur une aire de service ».
La sélection des opérateurs
Le patron de Vinci continue en expliquant comment sont sélectionnés les opérateurs. L’homme veut couper court à la rumeur selon laquelle plus un opérateur pratique des prix élevés, et plus il a de chance d’être sélectionné. Puisque cela permettrait à la société d’autoroute de s’en mettre plein les poches.
On apprend alors que pour chaque appel d’offre, « l’essentiel de la note attribuée aux candidats est fonction de la qualité de l’expérience client et du dossier technique (dimensionnement des stations, nombre de points de charge…), qui pèsent pour 70%. Quant au niveau de redevance, il est de peu de poids dans le choix du prestataire, ne représentant que 15% de la note finale – ce critère étant, qui plus est, équilibré par un critère de modération tarifaire appliqué aux recharges, de niveau strictement équivalent ».
On voit donc que la commission (le « niveau de redevance » dans la citation) a peu de poids dans la sélection des opérateurs. Et surtout, on peut lire que les opérateurs n’augmentent pas les prix, puisqu’il existe un « critère de modération tarifaire ». En d’autres termes, l’opérateur réduit sa marge sur chaque recharge autoroutière, à cause de la commission récoltée par Vinci et ses autres concurrents. Il n’y a donc pas de hausse de prix.
Des tarifs inférieurs hors autoroute ?
Une situation qui soulève une question. Pourquoi les grands opérateurs de recharge présents sur autoroute (Ionity, Fastned, TotalEnergies, etc.) pratiquent des prix similaires en dehors de l’autoroute, alors qu’ils n’ont pas cette redevance spéciale à payer ? Il ne serait en effet pas choquant d’avoir des prix inférieurs en dehors de l’autoroute, comme ce qui se fait avec l’essence et le diesel, qui coûtent plus cher sur les aires de service qu’ailleurs.
Rappelons au passage que le coût d’une recharge ne reflète pas uniquement le coût de l’électricité. Comme le rappelle le patron de Vinci, une borne sur autoroute coûte environ 150 000 euros. Le coût de la recharge intègre donc forcément aussi l’investissement de l’opérateur.
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Mais ces entreprises ont tout de même acquis du retard en termes de coût, surtout lorsqu’on compare à Tesla, qui a réussi à faire drastiquement diminuer le coût de pose d’une borne rapide à environ 42 000 dollars (38 000 euros) selon des chiffres de 2022. De quoi permettre de réduire ensuite le coût de la recharge. C’est en partie pour cette raison que la recharge sur un Superchargeur Tesla coûte moins cher que chez la concurrence.
L’électrique toujours moins cher que le thermique
Enfin, Pierre Coppey termine en indiquant que « le dernier baromètre édité sur le sujet par l’AVERE-France tranche clairement le débat : une voiture électrique revient globalement 2 à 3 fois moins cher à l’usage que son équivalent thermique pour ses pleins ». Car oui, la plupart des recharges d’une voiture électrique n’ont pas lieu sur l’autoroute, mais soit à la maison, soit sur des bornes publiques à la charge lente, bien plus abordable que la recharge rapide sur autoroute.
Mais il ne faut pas se contenter de cette affirmation. Car certaines personnes ne peuvent pas recharger à domicile, et certains réseaux de recharge lente sont onéreux. Ce n’est donc pas un argument pour laisser croire que la recharge rapide sur autoroute est au bon prix. Elle pourrait être plus abordable, par l’intermédiaire d’une baisse des commissions. Mais aussi par une baisse du prix de la recharge par les grandes entreprises du secteur.
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