« Obsolescence programmée » : Apple devrait changer de disque

 
Apple pratique-t-elle l’obsolescence programmée ? Peut-être que non, et c’est pour ça qu’elle ferait bien d’arrêter de se comporter exactement comme si c’était le cas.

Ça n’est pas de l’obsolescence, mais c’était programmé

Il y a un gros problème dans cette histoire d’iPhone dont les performances sont bridées en fonction de l’état de la batterie. Pas le bridage en tant que tel : comme on vous l’explique, cela semble être une mesure relativement sensée qui empêche des extinctions intempestives, et qui n’a rien de surprenant. D’ailleurs on peut faire changer la batterie de son iPhone, même si on ne peut pas le faire soi-même, et rien là-dedans ne prouve que c’est une mesure incitant, en soi, à acheter un nouveau téléphone.

Non, le problème, c’est l’attitude d’Apple, qui fait tout pour attirer la suspicion autour d’elle. Parce que cette fonctionnalité, que l’on peut trouver sensée, était totalement inconnue du public jusqu’à cet énième « gate ». Apple l’a visiblement lancée l’an dernier, sur les iPhone 6, 6s et SE, puis étendu à l’iPhone 7 avec la sortie récente d’iOS 11.2. D’autres appareils, selon un communiqué de la firme de Cupertino adressé à TechCrunch, devraient suivre.

Une fonctionnalité surprise

Il y aurait eu un autre moyen de gérer cette crise. Par exemple, d’annoncer cette fonctionnalité dans des notes de version. Ou informer l’utilisateur de sa mise en service par un message : « afin de protéger votre batterie, nous bridons les performances de votre iPhone ». On pourrait même avoir un indicateur de la santé de la batterie en question, mais ne rêvons pas, on parle d’un constructeur qui, pour corriger un problème d’autonomie instable de ses derniers MacBook Pro, a supprimé l’indicateur d’estimation de durée de MacOS pour tous les modèles, et qui cache autant que faire se peut le pourcentage de la batterie sur l’iPhone X. Soyons fous, un interrupteur ? Un petit interrupteur dans les réglages de la batterie ?

Parce que si Apple se défend d’avoir recouru à ces pratiques avant 2016, la rumeur selon laquelle les iPhone se ralentissent au bout de quelques années existe depuis beaucoup plus longtemps. Sans que ce soit forcément lié à ce phénomène précis. La raison principale de cette impression, qui n’est pas qu’une impression, est la baisse logique des performances entrainée par de nouvelles versions d’iOS pas forcément optimisées pour les anciens appareils. Quand on passe d’un à deux cœurs, ou de 1 à 2 Go de mémoire vive, on commence forcément à observer des baisses de régime sur l’ancien appareil. C’est une évolution assez naturelle. Si on faisait tourner Windows 10 sur un PC de 2002, ça poserait forcément problème.

Communiquez différemment !

Mais Apple n’a jamais communiqué précisément sur les caractéristiques techniques de ses iPhone. Il faut souvent attendre le démontage de iFixIt pour avoir certaines données comme la quantité de mémoire vive, et ça n’intéresse que les technophiles. Pour l’utilisateur lambda, et c’est comme ça qu’Apple l’a voulu, un iPhone, c’est un iPhone. On ne sait pas ce qu’il y a dedans parce que ça n’a aucune importance. Et cet utilisateur lambda, il a ici la preuve qu’il avait raison depuis le début, alors qu’on se tuait à le rassurer que non, Apple ne veut pas qu’il achète un nouveau téléphone tous les deux ans.

Une réputation est facile à faire et très difficile à défaire. Quand une idée reçue est lancée, bonne chance pour la sortir de la tête des gens, sans quoi ils comprendraient aujourd’hui pourquoi il est totalement inutile, sur un smartphone, de tuer manuellement une application. L’iPhone n’est peut-être pas victime de l’obsolescence programmée. Mais cette manière de communiquer la main dans le sac en mode « non mais c’est pour vous qu’on fait ça ! » est, elle, vraiment obsolète.


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