Android One : un Android toujours à deux vitesses

 
Android One est une très bonne initiative qui permet d’avoir un smartphone de bonne qualité, avec un Android à jour et « pur ». OK. Mais ça ne suffit pas. En pratique, les limites du système finissent toujours par pointer le bout de leur nez.

Android stock : l’Android de Google en rupture

Au début, c’était simple. Au début, l’Android « stock » ne ressemblait, de toute façon, à rien. Acheter un Samsung ou HTC, c’était presque, au contraire, garantir ses chances d’avoir droit à une expérience utilisateur à peu près bien finie. D’ailleurs, mes deux premiers smartphones Android étaient un HTC Desire HD, puis un Samsung Galaxy S3. Les Nexus existaient déjà à l’époque. Mais ils ne faisaient pas plus envie que ça. Leur seul véritable avantage était la rapidité des mises à jour.

Et puis, Google s’est mis à débaucher Matias Duarte, objectivement le designer de l’interface la plus influente de l’histoire du smartphone depuis le premier iPhone : celle de Web OS. Et quand, parallèlement, Samsung ou LG semblaient se livrer à un concours de la « surcouche » la plus laide et la plus bourrée de fonctionnalités gadget, l’Android stock est devenu une espèce de Graal. Depuis KitKat, disons, Android pour moi c’est l’Android de Google, et rien d’autre. Pas de bol : ces dernières années, Google nous a plutôt boudés, entre des différences de prix ahurissantes sur les derniers Nexus, et des Pixel qui semblent bloqués à la frontière allemande. Ce n’est pas loin, l’Allemagne, mais quand même.

Android One : oui mais…

Que faire, alors, quand on veut comme moi un smartphone Android stock de qualité, avec un bon suivi de mise à jour, sans passer par l’import ? On a le choix entre Motorola et Nokia. Et maintenant Xiaomi ou HTC qui ont fait d’Android One une de leurs options. Il y a quelques mois j’ai choisi Xiaomi et son Mi A1. Si j’avais été un peu patient, j’aurais attendu le Mi A2, mais ce qui est fait est fait, et par certains côtés je ne regrette pas mon choix, je peux ainsi avoir un slot micro SD ET de l’USB-C.

Mais après plus de 6 mois passés avec un Android One entre les mains, je reste un peu frustré. C’est très bien Android One. J’avais vu passer tellement de Samsung, Huawei ou LG que j’avais oublié à quel point l’Android made in Google était agréable à utiliser quand le constructeur ne cherche pas à flinguer le travail des designers en proposant sa propre conception des notifications, du panneau de réglages ou de l’écran de verrouillage. Laissez faire les gens qui ont du goût ! Et, pour un smartphone à 200 euros, je suis toujours bluffé par la qualité du Mi A1, même en ayant eu son successeur entre les mains.

Mais il y a un problème.

Où est ma part de Pie ?

Il y a un mois, Google a sorti Android Pie. Et je ne l’ai pas. Et je ne suis pas près de l’avoir, j’imagine, puisque j’ai découvert les joies d’Oreo 8.1 en juillet dernier. Je pourrais essayer la bêta… Si j’avais un autre Android One, comme le Nokia 6.1. Mais ça n’est pas le cas. D’ailleurs, des smartphones qui ne sont pas sous Android One, comme le OnePlus 6, commencent à avoir Android 9.0.

Et c’est ça le problème. Android One, c’est l’Android de Google, à peu près à l’heure, mais pas tout à fait, et on ne sait pas exactement avec combien de semaines de retard. C’est l’expérience « pure Google », mais Xiaomi met quand même son app photo. Il y a du progrès : au moins ses deux derniers modèles ont laissé tomber les touches tactiles à la Samsung de 2012.

Et comme Android One est une initiative plutôt pensée pour l’entrée et le milieu de gamme, à quelques exceptions près comme le Nokia 8 Sirocco, on reste à la ramasse sur la photo. Vous avez déjà essayé de faire une photo sur un Mi A1 qui ne soit ni brûlée, ni bruitée, ni floue ? Tendu ! Bien sûr, ça reste du milieu de gamme. Mais il n’y a actuellement aucun haut de gamme dans la gamme Android One, capable de vraiment rivaliser avec les Pixel. Et quand un constructeur dévoile un candidat potentiel, comme le LG G7 One, il n’est pas pour nous.

Alors voilà. Apparemment, il faut mettre le champagne au frais, et j’espère que ça n’est pas pour nous annoncer un Google Home Mini 2. Parce qu’on a vraiment besoin de voir arriver enfin, en France, les Pixel 3. Oui, l’époque des Nexus 4 et 5 est révolue et, oui, les terminaux seront chers. Mais au moins, on aura le choix de mettre le prix dans un smartphone haut de gamme Google, avec un appareil photo encore inattaquable un an après et des mises à jour qui ne tombent pas « avant la fin de l’automne ».


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