Google+ : le meilleur des réseaux sociaux que nous n’avons pas (assez) utilisé

 
Le 2 avril, Google+ a fermé ses portes de manière définitive. Sur la sellette depuis longtemps, le réseau social de Google n’aura jamais réussi à s’imposer. Et c’est dommage, parce qu’il aurait pu être le meilleur de Facebook et Twitter réunis.

Mise à jour : ça y est, Google+ a démarré sa fermeture. C’est l’occasion de revenir sur l’existence de ce réseau social.

Toutes les briques étaient là… mais pas les gens

On passera sur la date : non Google n’a pas osé le 1er avril. Car oui, Google+, ça fait forcément sourire, parce que c’est le réseau social sur lequel il n’y a personne, l’icône qui ne servait à rien du temps où la firme de Mountain View tentait encore de l’imposer. Et oui, c’est encore un spaghetti de Google qui n’aura pas collé à la vitre. Certains y verront même une douce et tardive vengeance pour l’arrêt de Google Reader : le service de flux RSS tant aimé avait fait les frais du focus sur Google+ au lancement de ce dernier.

N’empêche. Malgré son échec, malgré les erreurs qui ont sans doute entaché son lancement, il est permis de regretter Google+. Pas celui qu’on a connu. Même avec tous les efforts du monde – il m’arrivait encore de publier mes articles jusqu’en 2014 – j’ai arrêté par la force des choses. Publier sur un réseau qui n’intègre plus une seule de ses connaissances a un intérêt assez limité.

Non, je me permets de regretter le Google+ qu’il aurait pu être. Parce que toutes les briques étaient là pour en faire un réseau social d’excellente qualité, combinant le meilleur de Facebook, Twitter, et quelques idées qui ont fait leur chemin sur d’autres services.

La quadrature des cercles

Quand on pense à Google+, en dehors de la vision d’une ville fantôme de western spaghetti (on est décidément dans la thématique pâtes), la fonctionnalité qui vient à l’esprit est celle des cercles. Un moyen de regrouper ses connaissances en catégories, en cercles (familial,  professionnel…) et de personnaliser le partage de ses publications. Facebook a fini par muscler suffisamment ses réglages de confidentialité pour offrir une granularité comparable et même Instagram inclut aujourd’hui la notion d’amis proches. Mais Google+ a été précurseur sur cet aspect des réseaux sociaux qui paraît pourtant couler de source. Nous avons tous plusieurs réseaux. C’était peut-être trop complexe, encore, pour que l’idée soit vraiment attractive.

Parce que finalement, de quoi est mort Google + ? Qu’est-ce qui a fait qu’il ne décolle jamais au-delà du buzz initial ? Un mot résume le mal : la traction. Google+, c’est le Windows Phone des réseaux sociaux. Plus élégant, moins intrusif, plus épuré, mieux intégré… Mais au final, un trop grand nombre d’utilisateurs est resté sur Facebook et Twitter. Pourquoi ? Tout simplement parce que tout le monde était déjà sur Facebook et Twitter, et que le monde était pris d’une flemme générale de changer de cour de récré.

Et on avait beau conseiller nos proches d’essayer Google+, certains ont suivi. Les curieux, les technophiles, et certaines communautés spécifiques. Les autres sont restés. Et on a beau détester cet état de fait, déplorer l’omniprésence de Facebook qui fait qu’on se coupe presque de certaines personnes de son entourage si on ne l’utilise pas, c’est une réalité. Pour beaucoup de gens, déjà, Facebook était Internet, et il était impossible de leur demander de déménager. Il y avait du monde sur Google+. On a compté, en 2015, plus de 110 millions d’utilisateurs actifs. Mais, souvent, pas le monde qui comptait pour nous.

Et de même, on aurait pu faire de Google+ une sorte de Facebook pour technophiles éclairés, mais à l’époque où Twitter n’était pas encore presque aussi horrible que Facebook, cette communauté-là ne jurait non plus que par leurs 140 caractères. Et au bout de quelques posts du style « LOL, je poste sur Google+, vous m’entendez… m’entendez… m’entendez…. », eh bien on est parti aussi. Si bien que Google, qui a pourtant tout fait pour améliorer l’interface et soigner l’intégration avec ses autres services, a cessé de s’y intéresser aussi. La raison officielle de l’arrêt prochain de Google+ est la découverte d’une faille de sécurité en mars 2018. Une faille qui exploitait une vulnérabilité datant de 2015.

Le réseau que l’on méritait, pas celui dont on avait besoin

Alors, quelle aurait été cette réalité alternative ? Nul ne le sait. Peut-être que ça aurait été pareil. Peut-être que c’est sur Google+ qu’auraient démarré l’horreur du Gamergate, le flot de fake news ou les nombreux scandales associés à Facebook et Twitter ces dernières années. Ou peut-être que le rééquilibrage aurait créé une situation un peu plus saine, où un seul réseau ne domine pas de manière démesurée et parfois incontrôlable.

À son lancement – et c’est peut-être un des freins à son expansion – Google avait exigé qu’un compte Google+ soit associé à un vrai nom. L’anonymat sur Internet est un sujet complexe, qui a des avantages comme des inconvénients, et Google avait fini par reculer et assouplir ses règles. Sa position tranchée avait au moins l’avantage d’inciter les utilisateurs à plus de responsabilités devant leurs propos. Enfin, s’ils n’avaient pas fini par être écrits dans le vide.


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