Confinement : Netflix va réduire la qualité des vidéos pendant un mois pour désengorger Internet

Tou doum !

 
Le commissaire européen Thierry Breton a demandé au PDG de Netflix de passer ses contenus en standard afin d’éviter un engorgement du réseau Internet en pleine crise du Covid-19.
Netflix consomme 12,6% du trafic Internet mondial
Netflix consomme 12,6 % du trafic Internet mondial

Mise à jour 20h15 le 19 mars : interrogé par nos confrères de Numerama suite à l’appel de Thierry Breton, Netflix a indiqué qu’il allait bel et bien réduire la qualité des vidéos en Europe durant le temps de la crise du Covd-19. « Netflix a pris la décision de réduire son débit sur l’ensemble de ses flux en Europe pour une durée de 30 jours. Selon nos estimations, cela représente une baisse d’environ 25% du trafic, tout en maintenant un service de qualité pour nos abonnés », indique ainsi un porte-parole de la plateforme de VOD.

Il ne s’agit pas pour autant pour Netflix de ne proposer ses contenus qu’en définition standard comme l’évoquait le commissaire européen. Netflix a en effet décidé de réduire le bitrate de ses vidéos pendant cette durée. Concrètement, cela signifie que si les vidéos seront toujours disponibles en Full HD et en 4K, elles seront néanmoins davantage compressées et les utilisateurs se verront proposer automatiquement le débit le plus bas en fonction de la définition choisie : « Cela nous permettra de continuer à garantir un service de qualité pour nos membres, en phase avec la prestation pour laquelle ils ont payé (4K, HD, SD etc.) – mais avec le débit le plus bas possible ».

Du côté de la Commission européenne, on se dit satisfait de l’initiative de Netflix : « J’accueille favorablement l’action de Netflix afin de préserver le fonctionnement fluide d’Internet durant la crise du Covd-19 tout en maintenant une bonne expérience pour les utilisateurs. M. Hastings a démontré un grand sens des responsabilités et de solidarité », indique ainsi Thierry Breton.


Article de 17h27 le 19 mars : Depuis quelques jours, les différents confinements en Europe liés à la crise sanitaire du Covid-19 ont tendance à faire peser beaucoup de trafic sur le réseau Internet. Qu’il s’agisse des travailleurs en télétravail ou de celles et ceux qui s’ennuient en journée, beaucoup se portent sur Internet pour passer le temps ou travailler efficacement.

Néanmoins, certains usages ne sont pas particulièrement bien vus par Bruxelles. C’est ce qu’a annoncé ce mercredi Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, dans un message publié sur Twitter.

Le responsable européen explique s’être entretenu mercredi avec Reed Hastings, PDG et fondateur de Netflix. L’objectif ? Pousser la plateforme de vidéo à la demande à limiter sa qualité en définition standard la journée afin de limiter la bande passante de Netflix sur le réseau Internet. Thierry Breton a même tenté de pousser le hashtag « #SwitchToStandard » (passons au standard) dans l’objectif d’éveiller les consciences. Pour rappel, la définition SD chez Netflix est de 720×576 pixels, c’est à dire du 576p.

Dans le compte-rendu de la conversation entre le patron de Netflix et le commissaire européen, on apprend que Bruxelles souhaite une meilleure coopération des plateformes de streaming avec les opérateurs, de nouvelles mesures de la part des fournisseurs d’accès à Internet et un « usage responsable des activités de loisirs » de la part des internautes afin de réduire l’engorgement. « Parmi les mesures discutées, le passage automatique à la définition standard lors des pics d’activités sur Internet, sur les zones géographiques touchées, représente une option responsable, permettant de sécuriser les infrastructures de télécommunications tout en continuant à offrir le meilleur service aux utilisateurs et aux consommateurs, sans aucune perturbation ni discontinuité », indique le cabinet de Thierry Breton.

Il faut dire que Netflix est aujourd’hui l’un des plus gros consommateurs de la bande passante sur Internet. En septembre dernier, une étude de Sandvine indiquait ainsi que la plateforme de sVOD représentait à elle seule 12,6 % du trafic Internet dans le monde. La plateforme arrivait en 2e position devant le streaming de média sur le Web (12,8 %), mais devant YouTube (8,7 %) et la télévision sur IP (7,2 %). Or, à l’heure où le réseau Internet est particulièrement sous tension, limiter la bande passante permettrait de libérer une grande partie du réseau.

Le bridage imposé ne semble plus à l’ordre du jour

Thierry Breton n’est pas le seul à s’inquiéter d’une potentielle surcharge du réseau Internet en cette période de crise sanitaire. Lundi, c’est Arthur Dreyfus, président de la Fédération française des télécoms qui avait indiqué que les opérateurs Internet pourraient réduire la bande passante de Netflix, YouTube ou Fortnite afin de libérer les tuyaux pour le télétravail. Notons néanmoins que si la volonté d’Arthur Dreyfus peut se heurter au principe entériné de la neutralité du Net, Thierry Breton joue une autre carte.

Le commissaire européen cherche en effet à attirer la bonne volonté de Netflix en appelant directement Reed Hastings afin que ce soit la plateforme elle-même qui limite la qualité vidéo. Depuis Arthur Dreyfus semble avoir adopté le même discours. Dans Le Parisien, il affirme attendre « des plateformes de contenus qu’elles soient, comme les opérateurs et les Français le sont, à la hauteur des enjeux que la crise nous impose ».

Pour aller plus loin
Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free : pourquoi il faut s’attendre à des pannes et une saturation du réseau