« Révolutionner la façon dont les gens s’expriment dans les messageries », c’est la grosse ambition portée par la prochaine mise à jour majeure de l’application de messagerie chiffrée Telegram, l’un des derniers véritables canaux de communication libres en Russie, malgré des pratiques moins sécurisées qu’on pourrait le penser.
Cette semaine, Pavel Durov, CEO de la plateforme, accuse toutefois Apple de faire obstruction au déploiement de cette mise à jour cruciale pour Telegram, en faisant délibérément traîner son processus d’évaluation, obligatoire pour les applications distribuées sur l’App Store. D’après Pavel Durov, la mise à jour serait ainsi bloquée depuis deux semaines, sans qu’Apple ne fournisse de motif précis à ce retard, ni le moindre feedback. Une pratique déloyale pour le CEO de Telegram, qui rejoint un nombre croissant d’acteurs du marché indignés par la politique d’Apple concernant l’App Store.
Apple et Telegram ont déjà un passif
« Si Telegram, l’une des dix applications les plus populaires au monde, reçoit ce traitement, on ne peut qu’imaginer les difficultés rencontrées par les petits développeurs d’applications », a notamment commenté ce 10 août Pavel Durov sur Telegram. « Ce n’est pas seulement démoralisant : cela entraîne des pertes financières directes pour des centaines de milliers d’applications mobiles dans le monde ».
L’intéressé s’attaque par ailleurs, comme tant d’autres, à la commission de 30 % prélevée par Apple sur les achats réalisés sur l’App Store et à l’intérieur des applications distribuées depuis son marché. Une « taxe » selon Pavel Durov, qui s’ajoute d’après lui « aux dégâts déjà infligés par Apple à l’industrie ». « Les régulateurs de l’UE et d’ailleurs commencent lentement à s’intéresser à ces pratiques abusives », se félicite toutefois l’intéressé, tout en s’indignant que les dommages causés aux éditeurs et développeurs d’applications soient, d’après lui, irrémédiables dans bien des cas.
Comme le souligne Apple Insider, ce n’est pas la première fois que Telegram reproche à Apple d’entraver son activité par le biais de l’App Store et de son processus d’évaluation. En 2018, Apple avait en effet déjà retardé les mises à jour du service, mais à l’époque cette décision revêtait une dimension politique : la Russie avait en effet demandé à Apple de retirer Telegram de son marché d’application. Il s’agissait alors de représailles des régulateurs russes, après que Telegram ait refusé d’ajouter à sa plateforme des backdoors qui auraient permis aux autorités d’accéder aux messages d’utilisateurs.
Décrit comme « kafkaïen » par d’autres éditeurs d’applications, le système d’évaluation en vigueur sur l’App Store est régulièrement pointé du doigt dans l’industrie, au même titre que les 30 % de commission imposés par Apple. Un double point de tension qui avait pourtant conduit la firme à revoir ses règles (autorisant notamment les développeurs à contester certaines de ses directives) et à abaisser de 15 % le pourcentage de sa commission pour les applications se dégageant moins de 1 million de dollars de revenus à l’année.
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