Daesh sait comment développer une application de messagerie chiffrée sur Android

 
Des spécialistes du groupe autoproclamé antiterroriste indiquent avoir découvert l’existence d’une application Android utilisée par Daesh. Et celle-ci possède visiblement des fonctionnalités dédiées au chiffrement de communications.
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Après les attaques survenues à Paris en novembre dernier, les moyens de communication de Daesh ont été passés à la loupe, et on avait découvert – sans surprise – que les membres du groupe communiquent via des applications de messagerie sécurisées, et notamment via Telegram. Si cette dernière a fait l’objet d’une grosse couverture médiatique, c’est parce qu’elle est réputée pour être la plus sécurisée, qu’elle permet la création de discussions de groupes (jusqu’à 200 personnes) et qu’elle est entre les mains d’un drôle de personnage : Pavel Durov. Autant d’ingrédients qui ont fourni de l’eau aux moulins à discours anti-chiffrement des gouvernements, et prouvé s’il le fallait que la communication et la propagande de Daesh est à la pointe de la technologie.

Justement, il y a peu de temps, le réseau anti-terroriste Ghost Security a découvert que Daesh se servait de Telegram et d’autres applications de messagerie pour orienter les fidèles et curieux vers un site web (effacé depuis) permettant de télécharger une application nommée Amaq Agency. Jusque-là, rien de surprenant, puisque l’Amaq Agency (ou Agence Aemaq) est un « organe de presse » de l’État Islamique (*), dédié à la production de contenu de propagande, que ce soit de la vidéo, des émissions de radio, ou des magasines papier. L’application sert donc, a priori, simplement à relayer ce contenu sur mobiles.

Ghost Security a identifié une seconde application pour Android, nommée Alrawi, que le groupe pensait être une simple variante d’Amaq Agency, elle aussi dédié à la propagande. Mais le 11 janvier, ces experts ont découvert l’existence de « communications chiffrées » visiblement plus « rudimentaires » que celles sur Telegram ou WhatsApp. Une fonctionnalité qui prouve que Daesh a déjà les moyens de développer sa propre application de messagerie chiffrée. Et sûrement que la volonté des gouvernements d’avoir des « backdoors » sur ces applications et sur les mobiles de monsieur tout le monde n’est finalement qu’une bataille inutile contre les agissements du groupe terroriste.

(*) Hors-série du Courrier International, de la période octobre-novembre-décembre 2015.


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