WhatsApp tente mollement le coup de la transparence pour calmer la gronde

 
Les équipes de WhatsApp tentent d’expliquer plus clairement ce que va changer la mise à jour de la politique de confidentialité de l’application. Hélas, la question principale reste évitée : la manière dont Facebook va exploiter les données collectées.
WhatsApp sur iPhone
L’icône de l’application WhatsApp sur un iPhone. // Source : Frandroid

La polémique s’était faite un peu plus discrète, mais restait bien installée comme une toile de fond. En mettant à jour sa politique de confidentialité, l’application WhatsApp s’est en effet attirée l’ire d’un grand nombre de personnes inquiètes de la manière dont Facebook, la maison-mère, allait gérer les données privées des utilisateurs.

Précisons que vous serez obligés d’accepter la mise à jour si vous voulez continuer à utiliser WhatsApp.

Ce que WhatsApp partage avec Facebook

Les conséquences ne se sont pas faites attendre : le concurrent Signal a enregistré un nombre record de nouveaux inscrits préférant changer de service de messagerie. Telegram aussi a profité de cet exode.

Pour calmer les ardeurs, Facebook a repoussé la date de cette mise à jour au 15 mai prochain afin de prendre le temps de mieux expliquer en quoi consistait le changement de sa politique de confidentialité. Et pour cause, la communication de l’entreprise a été assez confuse, même si on sait déjà que WhatsApp va bel et bien partager certaines informations avec Facebook. Il s’agit des données « liées au numéro de téléphone, à l’adresse IP et aux transactions (quand la fonction sera disponible en France) », rappelait Raphael Grably, le chef de service de BFM Tech.

Toutes ces données pouvaient déjà être partagées avec Facebook, mais sur la base du volontariat. Ce qui fâche avec cette mise à jour, c’est qu’elle rend ce partage obligatoire.

La promesse d’une communication plus claire

Du côté de Facebook, on affine donc le discours pour rassurer les utilisateurs. À cet égard, les équipes de WhatsApp ont créé une page dédiée pour expliquer un peu plus clairement ce qui changeait dans les conditions d’utilisation et dans la politique de confidentialité.

Officiellement, cette mise à jour vise à améliorer les échanges entre les particuliers et les commerçants présents sur la plateforme. Une fonctionnalité que WhatsApp présente comme étant « plus efficace qu’un appel téléphonique ou l’échange d’emails ». Et de rappeler que l’utilisation de cette option reste facultative. Facebook promet aussi plus de clarté sur ses « pratiques en matière de collecte, de partage et d’utilisation des données » avec, entre autres, une mise en page simplifiée. La note n’entre cependant pas plus dans les détails.

Les responsables de WhatsApp s’attardent aussi sur ce qui ne change pas. Les conversations sont ainsi toujours chiffrées de sorte que « ni WhatsApp ni Facebook ne peuvent voir le contenu que vous partagez avec votre famille et vos amis, ce qui inclut vos messages et appels personnels, le contenu partagé en pièce jointe ou les localisations que vous envoyez ».

En outre, la page créée pour l’occasion souligne que vous pouvez toujours décider ou non de partager votre numéro avec une entreprise.

La question principale toujours évitée

Voici donc, dans les grandes lignes, ce que raconte cette fameuse page. Sauf qu’en y regardant de plus près, les questions primordiales sont finalement toujours évitées. Ce qui provoque la gronde générale n’est pas la manière dont les utilisateurs pourront gérer la visibilité de leurs données auprès des entreprises tierces, mais bien la façon dont Facebook va pouvoir exploiter les données collectées par WhatsApp.

Certes, on peut lire que « l’acceptation des nouvelles conditions d’utilisation n’étend pas la capacité de WhatsApp à partager les données des utilisateurs avec sa société mère, Facebook ». En d’autres termes, le partage de données ne devient pas plus intensif. Très bien, mais, encore une fois, c’est le fait que ledit partage des données devienne obligatoire avec la mise à jour qui suscite la polémique.

Facebook et WhatsApp n’abordent malheureusement pas ce sujet de front. Ainsi, en promettant plus de clarté, les deux entités semblent surtout continuer de noyer le poisson. Il y a fort à parier que cette stratégie ne réussira pas à convaincre les utilisateurs de ne pas migrer vers un autre service de messagerie. Signal et Telegram en tête.

Pour aller plus loin
Signal : l’application est-elle à l’abri des dérives ? Des employés s’inquiètent


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