Nvidia Shield TV et GeForce Now : nous avons joué à Fortnite, PUBG, Overwatch en cloud gaming

 
Le cloud gaming est-il l’avenir du jeu vidéo ? Impossible de le certifier aujourd’hui. Néanmoins, nous avons testé une des solutions les plus abouties : GeForce Now sur une Shield TV. Une solution 100 % Nvidia.

Si vous êtes propriétaire d’une Shield TV, vous avez sans doute pu appliquer la dernière mise à jour. Cette mise à jour a apporté Google Assistant, mais aussi le nouveau service GeForce Now. C’est ce dernier qui nous intéresse. Il s’agit du service qui est disponible depuis le mois de janvier 2018 en beta-test sur Windows et OS X.

Le streaming en ligne n’est pas nouveau : le service OnLive, désormais disparu, a été le premier à le faire en 2010. Gaikai est venu rapidement ensuite, et a rapidement été englouti par Sony qui utilise désormais cette technologie pour PlayStation Now. En France, nous avons également pu découvrir Shadow dès décembre 2016. Face à tous ces concurrents, nous avons eu la possibilité de tester GeForce Now sur une Shield TV (2017)

GeForce Now : attention à la confusion

Nvidia GeForce Now version 2015

Nvidia proposait déjà du cloud gaming sur sa Shield TV, et même sa tablette Android et sa drôle de console de jeu, dans un service de jeux vidéo à la demande : GeForce Now. À travers un abonnement mensuel d’environ 10 euros par mois, on pouvait accéder à un catalogue de jeux plutôt réduit. Le bémol de cette plate-forme : nous étions limités aux jeux proposés par Nvidia. Cette offre ressemble donc à ce que propose Netflix : le service manquait cruellement de jeux récents.

Nvidia GeForce Now version 2018

C’est là où peut naître la confusion, car le service GeForce Now que nous venons de tester est très différent du précédent. À l’image de Shadow, Nvidia GeForce Now propose d’accéder à une puissance graphique distante pour faire tourner des jeux très gourmands. Le service vous permet d’accéder à Steam ou encore la plate-forme Epic pour lancer les jeux que vous avez déjà dans votre catalogue. C’est là où se trouve la différence : il faut posséder le jeu pour pouvoir le lancer. Nvidia se charge d’effectuer tous les calculs nécessaires dans leurs centres de données, en Allemagne pendant nos tests, et d’envoyer le flux vidéo encodé comme il faut sur le client (Windows, OS X ou la Shield TV).

5 choses à savoir sur GeForce Now avant de débuter notre prise en main

C’est loin d’être simple à expliquer, voici donc 5 choses à savoir sur le service GeForce Now :

  • C’est du cloud-gaming, dans le sens où les calculs graphiques sont effectués dans un centre de données. La puissance de calcul est déportée, cela permet de réaliser des économies d’échelle en énergie et en matériels. C’est également un moyen de bénéficier des dernières technologies sans avoir à investir de somme importante.
  • Les jeux proposés restent tout de même limités aux plate-formes les plus populaires, comme Steam, Epic, Uplay et Battle.net… au total plus de 250 jeux sont proposés parmi les plus demandés sur PC. On notera tout de même l’absence d’acteurs comme GoG, par exemple.
  • Les jeux ne sont pas inclus dans le service : il faut posséder les jeux pour pouvoir les lancer.
  • Évidemment, la qualité de la connexion est très importante pour garantir une bonne expérience de jeu. Latence réduite et bons débits sont nécessaires, en plus d’un bon réseau Ethernet ou d’un routeur WiFi performant.
  • Enfin, le service est actuellement en beta-test ! Nvidia proposera un abonnement mensuel pour accéder à cette puissance déportée, mais nous ne connaissons pas encore les tarifs ni la date de disponibilité de la version commerciale. Pour le moment, le service est disponible gratuitement en beta-test (pour quelques chanceux).

Découverte de GeForce Now sur la Shield TV

Après avoir effectué la dernière mise à jour de la Shield TV, il faut se rendre dans l’application NVIDIA Games pour retrouver GeForce Now. Encore une fois, celle-ci n’est pas si simple à appréhender car elle propose des jeux Android gratuits et payants du Play Store, les jeux GameStream ainsi que les jeux du service GeForce Now. C’est une application pratique car on retrouve ses jeux sur une seule et même interface, mais les jeux proviennent de trois sources très différentes ce qui peut prêter à confusion.

Une fois le compte GeForce créé, la machine va lancer une analyse du réseau. En 30 secondes, vous avez une idée précise de l’expérience attendue. Dans notre exemple, la qualité du réseau WiFi était insuffisante pour garantir une bonne expérience avec une latence mesurée de 52 ms, pourtant, les débits étaient suffisants (supérieurs à 50 Mbits). Ce test va également permettre d’appréhender la stabilité du réseau en envoyant des paquets de données par intermittance et en comparant le ping (le temps mis pour recevoir une réponse, appelé le temps aller-retour).

Nous avons donc décidé de brancher la Shield TV en Ethernet, l’analyse du réseau était cette fois-ci OK. Nous conseillons une connexion fibre optique en privilégiant une connexion filaire avec votre routeur, même si d’autres technologies peuvent certainement permettre au service de fonctionner correctement.

Une fois connecté, nous avons lancé PUBG (Steam) pour commencer. C’est un jeu qui nécessite pas mal de puissance graphique mais surtout peu de latence car c’est un jeu multijoueur. Évidemment, comme tous les FPS, il faut également une faible latence pour ne pas perdre l’avantage face à l’adversaire.

Contrairement à la technologie de Shadow, qui vous donne accès à un PC complet et à son stockage dédié, Nvidia propose d’accéder à des partitions où sont déjà stockés les jeux. Lorsque vous lancez un jeu sur GeForce Now, la plate-forme vous redirige donc vers la partition où est stockée le jeu en question. Le lancement prend donc une vingtaine de secondes, le temps d’amorcer la machine virtuelle, et le jeu se lance normalement ensuite (si vous possédez le jeu, sinon vous avez la possibilité de l’acheter).

Au préalable, il faudra vous connecter à la plateforme cible (Steam, Battle.net, Uplay, etc.). Notez que cela n’est demandé qu’une seule fois si vous avez décidé de sauvegarder vos accès, il est d’ailleurs possible d’enregistrer plusieurs comptes.

Beta-test oblige, certains bugs donnent accès des fonctions intéressantes. En effet, si vous lancez un jeu que vous ne possédez pas, vous êtes bloqués sur l’interface de Steam et vous pouvez installer de nouveaux jeux : cette fois-ci, c’est votre catalogue entier qui est disponible. La partition fait environ 150 Go et nous avons ainsi pu nous amuser à visualiser le matériel présent sur la machine déportée. Ce sont des cartes Nvidia Tesla P40 avec 3 Go de mémoire vive partagée.

Les Tesla P40 sont des cartes graphiques de la génération Pascal utilisées exclusivement pour les centres de données et qui affichent des scores impressionnants : 3840 coeurs CUDA et 24 Go de mémoire vive, pour atteindre une puissance d’environ 12 TFLOPS. Évidemment, dans le cadre de GeForce Now, cette puissance graphique est partagée entre les utilisateurs. D’ailleurs, on peut estimer qu’une Tesla P40 est partagée entre 4 et 8 utilisateurs, attendez-vous donc à des performances équivalentes à une GeForce 1070 à 1080. Pour information, une P40 se négocie autour de 7000 euros.

Pour le CPU, il s’agit certainement d’un CPU Intel dédié aux serveurs, encore une fois partagé entre les utilisateurs. Nous avons mesuré 8 cœurs et 8 threads pour une fréquence d’horloge de 2,30 GHz. Enfin, 15 Go de mémoire vive sont alloués à chaque utilisateur. On peut estimer cette puissance de calcul équivalente à un PC à 1 500 euros environ.

Comme je l’expliquais plus haut, GeForce Now ne donne pas accès à un PC complet sous Windows 10. Il met à disposition des ressources à travers des machines virtuelles dédiées exclusivement aux jeux.

Revenons à notre Shield TV. Nous venons de lancer notre premier jeu, PUBG. C’est un jeu qui nécessite des ressources assez importantes, et nous n’avons pas hésité un seul moment à lancer notre première partie en solo. Dans les paramètres, il est possible de monter la définition du jeu jusqu’à de la 4K. Inutile sur mon moniteur QHD, j’ai donc opté pour du 1440p.

Par défaut, les niveaux de qualité et de détails étaient configurés en moyen, j’ai opté pour une configuration haute manuellement. Si vous voulez réaliser un TOP1, nous vous conseillons tout de même de ne pas monter ces paramètres trop hauts. D’ailleurs, les joueurs professionnels les laissent plutôt bas pour garantir l’expérience la plus fluide possible. Dans tous les cas, pour notre test, l’idée était de pousser la machine à fond.

Nous avons décidé de brancher un clavier et une souris USB à la Nvidia Shield pour retrouver une expérience de jeu similaire à celle d’un vrai PC. Les accessoires sont reconnus directement, néanmoins le clavier était reconnu comme un clavier QWERTY alors que c’est un clavier AZERTY. Il faut passer au préalable par les configurations de touches pour corriger ce souci.

Autant le dire tout de suite, la compression de l’image renvoyée depuis les serveurs de Nvidia est visible et peut varier en fonction de la charge des serveurs. Néanmoins, elle ne l’est uniquement pour certains d’entre nous. Au bureau, nous étions peu à voir la différence. L’aspect visuel du jeu n’est pas dégradé. Sur cette première partie, nous avons tout de même observé de micro-lags, le mouvement n’était pas si fluide. De temps en temps, une icône apparaissait en haut à droite pour nous expliquer qu’il y avait de fortes pertes de paquets.

Bizarrement, c’est uniquement lors de cette première session de jeu que nous avons vu apparaître ce message. Nous avons ensuite lancé Dragon Ball FighterZ. C’est un jeu qui nécessite une extrême réactivité, et c’est Maxime Lancelin-Golbery (le spécialiste du jeu) qui s’est attelé à cette tâche. Il a utilisé le gamepad de la Shield TV.

Je vous partage directement son avis après quelques minutes passées à la manette :

En prenant en main Dragon Ball FighterZ sur GeForce Now, je dois bien avouer qu’il m’a été plus qu’impossible de ressentir la moindre différence avec ma version habituelle tournant en local sur ma PS4. Les seules difficultés que j’ai pu rencontrer ont bien plus à voir avec la manette qu’avec le jeu, qui tournait de manière fluide et sans artefacts vidéo notables : comme à la maison, en somme. Reste toujours pour moi à tester tout ça dans mes conditions habituelles, en ligne et avec mon fidèle stick arcade, mais ce premier aperçu a plus que piqué ma curiosité.

Ensuite, c’était au tour de Maxime Faragalla de tester Project CARS. Un jeu de course qui a permis de pousser les performances graphiques à fond. Encore une fois, voici son avis après quelques minutes de jeu :

J’ai été plutôt surpris que GeForce Now puisse gérer Project Cars en Ultra sans que je ne puisse discerner la moindre chute de framerate ou latence. Autre petit point que j’ai pu apprécier : les vibrations de la manette qui sont bien prises en charge et retranscrivent bien les contacts avec l’Apex. Le tout avec une qualité d’image qui donne une illusion parfaite de jeu hors-ligne.

J’ai continué à tester le service, et j’ai été agréablement surpris par sa fiabilité et sa qualité. Il reste encore quelques glitchs par-ci, par-là, un ou deux moments où le lag se ressent, mais l’expérience globale est très réussie. Je dois avouer que c’est encourageant pour la suite, Blade Shadow a un concurrent de taille. Contrairement à ce que propose l’entreprise française, GeForce Now n’est pas limité en quantité de stockage mais il est limité par le nombre de jeux compatibles avec la plateforme. Autre différence de taille : GeForce Now est exclusivement dédié aux jeux vidéo, alors que vous pouvez faire ce que vous voulez sur votre PC Shadow. Deux philosophies différentes.

Même si la marge de progression est encore là, GeForce Now fait partie de ces services qui permettent d’entrevoir un avenir glorieux pour le cloud-gaming. L’idée d’être complètement libéré d’un PC local puissant est quelque chose qui m’a déjà séduit, je suis depuis longtemps un fervent fan de cette technologie. J’attends donc de voir en détails l’offre commerciale de GeForce Now : nous ne connaissons, pour le moment, ni le prix du service, la forme de l’abonnement, ni sa date de disponibilité.

Pour rappel, Shadow propose un abonnement entre 30 et 45 euros (en fonction de l’engagement) pour un accès illimité à sa machine. Nvidia devra donc se positionner sur ces tarifs pour espérer convaincre les joueurs d’adopter GeForce Now.

Contrairement à ce que l’on peut penser, la bataille du cloud-gaming ne fait que commencer : tous les acteurs de l’industrie sont sur le pont : Microsoft, Amazon, Sony, Google et pourquoi pas Apple. Les prochains mois vont être excitants pour les gamers prêts à passer à la dématérialisation.

Par souci de transparence, et quand bien même cela n’a pas influencé l’article, nous tenons à rappeler qu’Ulrich Rozier est actionnaire du groupe Blade (Shadow).


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