Fortnite sur mobile mériterait que l’esport le prenne au sérieux

 
De retour du ESWC et de l’événement Samsung dédié à Fortnite et sa sortie sur Galaxy Note 9, un goût amer me reste à la bouche : le titre ne mériterait-il pas qu’on le prenne au sérieux ?

Samsung m’a invité à participer, en tant que joueur, à l’ESWC de Metz qui se tenait le weekend du 8 septembre à Metz. Il s’agissait-là d’un événement spécial dédié à la sortie de Fortnite sur mobile, mais aussi à la sortie du Galaxy Note 9.

L’événement en lui-même fut notable, avec la participation de nombreuses têtes connues du milieu et plusieurs diffusions en direct. Dans les faits cependant, me voilà ressorti avec un simple constat : Fortnite ne mériterait-il pas plus ?

Gagnez un Galaxy Note 9 en jouant à Fortnite

Laissez-moi vous narrer succinctement cette expérience avant toute chose. Je me suis mis en route vers Metz le samedi matin même, pour participer à un événement créé par Samsung dans le cadre du ESWC (l’Electronic Sports World Cup). L’idée ? Jouer à Fortnite exclusivement sur le Galaxy Note 9.

Le twist ? 90 invités, parmi divers concours lancés sur le net par Samsung, et certains membres de la presse, se retrouvent dans un grand auditorium pour composer des escouades avec une personnalité du milieu de net. Gotaga, Mickalow, Carbon, Akitio, Genius, Kameto, Mamytwink, Bruce, Brak et Zack Nani deviennent ainsi les capitaines d’une équipe de 4 personnes visant le sacro-saint top 1.

Pas de compétition sur une seule et même map, non : une fois l’équipe formée, il ne s’agissait plus que de s’élancer sur le net comme n’importe quelle autre équipe à travers le monde dans son canapé, qui ne se doutait pas nécessairement de qui se cachait derrière les pseudonymes « SamsungBattle » donnés par défaut par l’organisation.

Une fois le match fini, les joueurs ayant réalisé le meilleur score (le plus proche du top 1 avec le plus grand taux de joueurs vaincus) gagnaient un Galaxy Note 9. Pour information, j’aurais bien aimé, au nom de FrAndroid, vous faire gagner un Galaxy Note 9 récupéré à la dure, mais j’ai fait top 2 en égalité avec une autre équipe et ait perdu cette chance à la comparaison du nombre de kills.

Une publicité plus qu’une compétition

L’événement aura permis, particulièrement de la part de l’équipe Gotaga, de voir quelques actions tout de même bien senties sur le titre. Plus encore, on voit bien ici qu’il s’agit du jeu complet avec toutes les possibilités de gameplay attendues par les joueurs, à ceci près que l’écran tactile n’est définitivement pas le meilleur moyen d’interagir avec le jeu. On pouvait d’ailleurs l’entendre de la bouche des influenceurs qui, espiègles, ne cessaient de remercier le produit de leur employeur sur l’événement pour leurs bonnes actions.

Malgré tout me reste un goût d’inachevé sur cette première présence au ESWC de la version mobile de Fortnite. Sans critiquer la démarche — l’événement était moins un tournoi qu’une grande publicité pour les capacités du Galaxy Note 9 — qui fait effectivement excellemment bien tourner le titre d’Epic Games.

Journaliste Tech avant tout, j’ai naturellement prêté attention aux performances du titre. Dans un contexte où le même smartphone était passé librement entre les mains de 3 joueurs successifs, je dois avouer que j’ai été satisfait.

Deuxième joueur à passer, relié à l’équipe de Mamytwink, j’ai pu récupérer le smartphone après une longue session de jeu sans que celui-ci ne montre de premiers signes de chauffe malgré l’espace confiné de l’auditorium, la batterie a tenu sans le moindre problème et Fortnite était parfaitement fluide tout le long de ma session de jeu. En ça, c’est donc un nouveau point positif à souligner pour le dernier-né de Samsung.

Mais pourquoi pas une compétition ?

Non, ce qui m’a laissé sur ma faim était tout simplement l’absence totale de compétition. Ici, le jeu n’était qu’un prétexte à faire gagner des Galaxy Note 9 à la communauté, qui par ailleurs ne cessait de réclamer un pass pour récupérer le costume Galaxy exclusif au téléphone… avec la même politesse que les joueurs de Call of Duty Ghost au Paris Games Week 2013.

Pourquoi ne pas avoir organisé une véritable compétition ? Le contexte était pourtant parfait : l’ESWC est historiquement reconnu pour ses compétitions de jeu, particulièrement dans l’univers PC. Les joueurs professionnels ou semi-professionnels de Fortnite étaient déjà sur place, puisque l’Omen Trophy se jouait la même journée. Et enfin, le matériel réuni par Samsung a prouvé son efficacité même dans des conditions aussi extrêmes.

La peur du sérieux

Le fait est que cet événement était finalement très… facile. Non pas que les organisateurs aient eu le travail prémâché, ou même que configurer une telle scène est à la portée de tous (c’est loin d’être le cas), mais plutôt que l’idée en elle-même ne vole pas haut.

Prenez des influenceurs très connus, dont plus de la moitié ne le sont d’ailleurs pas grâce à leur activité sur Fortnite, ajoutez des fans jeunes et surexcités, et mélangez le tout avec la promesse d’un gain colossal (un téléphone à plus de 1000 euros) et vous avez l’événement Fortnite Mobile de cet ESWC. Avouez que n’importe quelle personne peut pondre cette idée en bâillant.

Ce qui me semble avoir retenu Samsung et cet événement, c’est… la peur. La peur de prendre au sérieux cette version mobile. Ce qui en soi est un non-sens, puisque son développeur lui-même la prend fortement au sérieux ; pour preuve, c’est bien Fortnite Battle Royale en version complète qui est disponible.

Plus encore, et malgré sa non-disponibilité sur le Play Store, cette version a fêté 15 millions de téléchargements… et ce quand bien même elle est en bêta fermée limitée à un nombre très restreint d’appareils. Autant de personnes qui sont déjà baignées dans la culture Fortnite et son penchant pour le streaming, et qui mériteraient d’être représentées sur l’aspect compétitif du titre.

Tout reste à faire

En pointant du doigt ce fait, je n’ignore pas pour autant que la scène esport de Fortnite est encore en développement. Le titre d’Epic Games, passées ses Skirmish régulières, n’a pas encore de format ni de ligue proprement défini permettant l’avènement d’une scène compétitive structurée.

La compétition existe, bien sûr, et l’éditeur a promis 100 millions de dollars d’investissement sur la période 2018-2019 pour la soutenir. Ses formes et codes se créent à mesure que les joueurs se démarquent et que la demande des spectateurs se fait toujours plus croissante.

J’espère simplement que la version mobile ne sera pas oubliée du même temps, puisqu’elle m’aura tout de même montré de belles choses à l’ESWC Metz. Il serait dommage de passer à côté d’elle et de ses joueurs, et de continuer de traiter le mobile comme la version pauvre d’un même jeu. Epic Games n’a pas commis cette erreur, et c’est ce qui fait la force de Fortnite sur Android : il serait de bon ton de se l’approprier.


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