Test d’Ubiquiti AmpliFi Instant : un vrai challenger pour Google Wifi

 
Le challenger américain Ubiquiti répond notamment au Google Wifi avec AmpliFi Instant, une nouvelle solution de Wi-Fi maillé misant sur la simplicité. Voyons ce qu’elle vaut dans notre test complet !

5 ans après sa dernière mise à jour, Apple officialisait il y a un an, en avril 2018, l’abandon de la gamme AirPort. La marque laissait ainsi sa clientèle orpheline d’une panoplie de routeurs Wi-Fi à son image : extrêmement simples et élégants.

Apple l’a depuis remplacée par la gamme Velop, la solution de Wi-Fi maillé d’un des principaux fabricants d’équipements réseau grand public, Linksys (autrefois filiale du ténor des réseaux Cisco, désormais filiale du fabricant d’accessoires Belkin, partenaire historique d’Apple). Mais sur le large spectre des solutions Wi-Fi grand public, en termes de complexité, les Velop penchent plutôt du côté des routeurs Synology ou Netgear Orbi que des Google Wifi ou des feus Apple AirPort.

Sur ce marché florissant, un acteur méconnu a récemment émergé et lancé le successeur spirituel de l’AirPort Express. Cet acteur est l’américain Ubiquiti, un fabricant d’équipements réseau qui bouscule le marché professionnel depuis quelques années, notamment avec sa gamme de points d’accès Wi-Fi UniFi au rapport prix prestation défiant toute concurrence.

À l’instar de Synology, Ubiquiti a profité de l’impulsion que Google Wifi a donnée au marché du Wi-Fi grand public pour s’y lancer, d’abord avec une solution haut de gamme AmpliFi HD, puis cette année avec la solution AmpliFi Instant, que nous testons ici.

Découverte du produit

La solution AmpliFi Instant promet « du Wi-Fi dans toute la maison en moins de 2 minutes ». Elle promet donc une très grande simplicité d’utilisation, qui transparaît dans le dessin minimaliste des bornes, rappelant l’AirPort Express de 2012. Mais alors que cette dernière proposait du Wi-Fi 4 802.11n jusqu’à 300 Mb/s, les bornes AmpliFi Instant embarquent du Wi-Fi 5 802.11ac MIMO 2×2 avec lequel elles délivrent des débits théoriques de 300 Mb/s sur la bande des 2,4 GHz et de 867 Mb/s sur celle des 5 GHz.

La gamme se compose d’un routeur AmpliFi Instant, vendu 99 dollars, et d’un satellite AmpliFi Instant MeshPoint, dont un exemplaire complète le routeur dans un kit au tarif ultracompétitif de 179 dollars. Un avantage de la solution est que le routeur et le satellite d’un kit sont pré-appairés, ce qui facilite la mise en route d’un réseau Wi-Fi maillé, sur lequel les appareils basculent d’une borne à une autre sans coupure (on parle en réalité de roaming ou d’itinérance).

Les deux appareils se présentent sous la forme de carrés en plastique blanc mat, aux finitions irréprochables, de 10 x 10 x 3 cm. Particulièrement compactes et discrètes, contrairement à beaucoup d’autres bornes qu’on cacherait dans un placard, ces bornes AmpliFi Instant peuvent s’installer en vue, sur une commode ou un bureau par exemple, ce qui optimise leur couverture.

Le routeur dispose d’ailleurs d’un petit écran OLED monochrome de 160 x 64 pixels et de 1,2 pouce de diagonale, qui peut afficher en permanence une horloge. Tactile capacitif, il permet d’afficher successivement le trafic (volumes échangés depuis la dernière réinitialisation), les débits instantanés, le nombre d’appareils connectés et l’adresse IP des interfaces WAN et LAN.

Outre l’écran et le port Gigabit Ethernet « WAN », les deux appareils sont par ailleurs identiques. Ils sont alimentés par une prise USB-C. C’est assez rare pour être souligné, les adaptateurs fournis sont assez compacts pour s’intercaler entre deux autres prises occupées sur une multiprise, et les généreux cordons font un peu plus de 2 mètres (mais le câble Ethernet fourni ne fait qu’1,5 mètre, ce qui n’est pas cohérent). Ils disposent d’un port Gigabit Ethernet LAN, qui peut servir sur le satellite soit de pont Wi-Fi vers Ethernet, soit de backbone Ethernet. Rappelons à ce titre que relier un point d’accès Wi-Fi par câble permet de l’éloigner du routeur Wi-Fi, voire de l’installer hors de portée, donc de réduire le chevauchement des signaux, et donc de couvrir des surfaces plus importantes à moindres frais. Enfin, les deux appareils reposent sur un halo lumineux blanc froid, qui n’a d’autre fonction qu’esthétique. On peut ajuster leur intensité et paramétrer un mode nocturne, qui désactive le halo et le cas échéant l’écran d’une heure à une autre, tout ceci individuellement.

Installation simplissime

L’installation prend-elle « moins de 2 minutes », comme annoncé ? Pas quand on découvre la procédure, mais je pourrais certainement atteindre ce score sans forcer si je recommençais. En tout cas, Ubiquiti a ingénieusement réduit le nombre d’étapes. Il suffit effectivement de lancer l’application mobile AmpliFi sur son smartphone Android ou son iPhone et de suivre les instructions présentées sous forme d’animations. L’application détecte le routeur, on saisit le nom et le mot de passe de son réseau Wi-Fi, on valide et… c’est tout ! Pré-appairée, la seconde borne se connecte automatiquement à la première, sans manipulation. On peut si on le souhaite activer l’accès à distance par le biais des services d’authentification unique de Facebook ou de Google. C’est très rapide si on dispose d’un compte, mais on aurait aimé pouvoir créer un compte indépendant. On aboutit ensuite sur l’onglet Vue d’ensemble de l’application, qui nous propose d’installer une mise à jour de firmware, ce qui prend quelques minutes supplémentaires.

Précisons qu’on peut configurer l’interface WAN en PPPoE, en IP statique ou plus communément en DHCP, avec en l’occurrence la possibilité de choisir un VLAN ou de cloner une adresse MAC. C’est suffisant pour se brancher directement à l’ONT et remplacer la box chez Bouygues Telecom (VLAN 200, au détriment de la télévision et du téléphone), mais c’est insuffisant pour les trois autres opérateurs nationaux (qui exigent d’autres paramétrages), chez lesquels on branchera donc le routeur AmpliFi Instant à sa box.

Comme souvent, le routeur crée un sous-réseau différent, ce qui sépare les appareils qui lui sont connectés de ceux qui sont connectés à la box du FAI (que ce soit avec ou sans fil). Par exemple, un smartphone connecté au réseau AmpliFi ne peut plus détecter le décodeur TV du FAI. Mais Ubiquiti permet de configurer le routeur en « mode bridge », ce qui en fait un simple point d’accès, sans pour autant désactiver de fonction, sauf celle de priorisation des appareils, et sauf pour les appareils connectés par câble. C’est l’un des principaux avantages d’AmpliFi face à Google Wifi, qui perdait quasi toutes ses fonctions lorsqu’on enclenchait le mode pont, y compris sa fonction principale de Wi-Fi maillé, lorsque nous l’essayions il y a deux ans.

Fonctions : l’essentiel

Contrairement à un routeur Synology ultra polyvalent qu’on peut bricoler à l’infini, l’AmpliFi Instant s’en tient par ailleurs à quelques fonctions essentielles.

Soulignons pour commencer qu’il n’offre pas vraiment d’interface de gestion web (voir la capture d’écran ci-contre), à laquelle on pourrait accéder depuis un ordinateur. Ubiquiti prépare un service cloud AmpliFi Controller, mais la bêta publique n’offre à ce stade qu’une fonction de simulation de couverture Wi-Fi. On le configure intégralement depuis l’application mobile, disponible sur Android et iOS.

L’application permet d’abord, comme avec la plupart des solutions concurrentes, de consulter l’état de son réseau : force du signal entre les deux bornes, bande passante cumulée et débits instantanés des appareils Wi-Fi (mais pas des appareils câblés), avec une précision (au kilooctet par seconde) et un taux de rafraichissement (plusieurs fois par seconde) rarement vus, mais avec un délai de quelques secondes.

On retrouve ensuite la gestion des appareils, individuellement ou par profil. On peut par exemple « optimiser » son PC « pour le gaming », « optimiser » sa tablette « pour le streaming », ou mettre en pause (bloquer la connexion à internet) de tous les appareils associés à un profil, manuellement ou selon un calendrier de « temps de repos ». Ils n’auront le cas échéant qu’à basculer en 3G/4G pour contourner le blocage. Il n’y a pas en revanche de fonction de filtrage par catégories (protocole BitTorrent, sites pornographiques…).

L’onglet « Performance » offre, en plus des fonctions précitées de consultation du trafic et des débits cumulés, d’effectuer un test de débits. Mais le routeur n’est pas assez performant pour mesurer les très hauts débits dont on peut bénéficier en fibre optique, et il parle en octets au lieu de parler en bits par seconde (ce partout dans l’application).

Enfin, l’onglet « Invité » permet comme son nom l’indique de contrôler le réseau Wi-Fi invité. Pratique, une limite du nombre d’invités et une minuterie permettent d’activer plus sereinement un réseau ouvert : les invités peuvent s’y connecter le plus facilement du monde, le temps de leur visite, en réduisant les risques qu’un inconnu s’incruste. On peut aussi configurer un chiffrement WPA2 et « toujours activer » le réseau invité. La différence est alors que les appareils connectés au réseau invité sont isolés des appareils connectés au réseau privé, ils ne peuvent accéder qu’à internet. Malheureusement le produit ne permet pas de donner aux invités accès à certains appareils du réseau local, tels qu’un Chromecast, comme le permet Google Wifi.

Jolies performances

Contrairement au Synology RT2600ac, l’AmpliFi Instant ne promet pas du Wi-Fi à 1 Gigabit par seconde, aussi rapide qu’une liaison câblée. Il se contente en effet d’un débit maximal théorique de 867 Mb/s sur la bande des 5 GHz. Les débits pratiqués sont toujours inférieurs, ce qui est normal.

Notre mètre étalon, un PC portable Razer Blade Stealth 2019 équipé du dernier chipset Intel Wireless-AC 9560, négocie bien une liaison à 867 Mb/s. Avec iPerf3 en local, nous obtenons une moyenne de 450 Mb/s avec des pointes à 480 Mb/s à proximité immédiate de la borne principale, et les débits se maintiennent à environ 400 Mb/s aux quatre coins d’un appartement de 50 mètres carrés, deux belles performances. Mêmes résultats ou presque avec un Huawei Mate 20 Pro et un iPad Pro 10,5« . Et des quatre coins du salon dans lequel se trouve le routeur, l’ordinateur télécharge des fichiers d’un NAS via SMBv3 à 55 Mo/s (soit 440 Mb/s).

Par ailleurs, on atteint 950 Mb/s lorsqu’on fait un test de débit internet via la prise RJ45 du routeur, soit le même débit qu’avec la box du FAI. Le routeur est donc à la hauteur des connexions fibre à 1 Gb/s.

En matière de couverture enfin, Ubiquiti a le mérite de ne pas annoncer de chiffres, sachant qu’elle varie beaucoup selon de nombreux critères. Mais dans un appartement biscornu de 75 mètres carrés, la borne principale fait mieux qu’une Freebox Révolution, en couvrant tout juste des recoins que cette dernière n’atteint pas. En installant un MeshPoint à mi-chemin, on couvre parfaitement toute la surface.

En revanche, même avec une « qualité de signal parfaite » entre la borne principale et la seconde borne, le « MeshPoint » obtient des débits nettement inférieurs à ceux d’un appareil placé au même endroit. Ainsi, en branchant un ordinateur à la prise RJ45 du MeshPoint installé dans la chambre et relié par Wi-Fi à la borne principale installée dans le salon, on n’obtient que 330 Mb/s. Dans la mesure du possible, nous conseillons donc de relier le MeshPoint par câble.

Prix et disponibilité

La solution AmpliFi Instant vient d’être lancée en France. Aux États-Unis, les kits d’une et deux bornes sont vendus respectivement 99 et 179 dollars HT, soit un rapport prix prestation imbattable. Malheureusement, ils sont vendus respectivement 149 euros et 269 euros TTC en France.

Ces tarifs les positionnent face à tous les concurrents installés : les Google Wifi sont vendus respectivement 139,99 et 249,99 euros, les Netgear Orbi aussi, le Synology MR2200ac seul est vendu 134,95 euros.

AmpliFi Instant reste la meilleure des solutions minimalistes, mais les plus téméraires seront tentés de les ramener des États-Unis ou d’attendre une baisse de prix, dommage.


Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.

Note finale du test
7 /10
AmpliFi Instant promet principalement "du Wi-Fi dans toute la maison en moins de 2 minutes", et il tient parfaitement cette promesse. Son installation est à la portée de tous, puis il délivre de meilleures performances que la box de la plupart des FAI.

Le premier prix de la division grand public d'Ubiquiti fait peu de choses, mais il les fait bien, et facilement. Et s'il ne fournit pas d'aussi bons débits qu'un Synology RT2600ac, et dans une moindre mesure qu'un Google Wifi (plus rapide de 50 Mb/s à proximité immédiate), vous ne verrez aucune différence en navigant sur internet ou en regardant Netflix en 4K (diffusion à 16 Mb/s), vous n'en verrez qu'en transférant des fichiers sur le réseau local.

Face à son plus grand rival, Google Wifi, AmpliFi Instant se distingue en proposant un mode bridge qui ne désactive aucune fonction essentielle, et qui convient parfaitement aux box et aux décodeurs multifonctions du marché français. Il est en outre plus petit, plus discret, et offre un petit écran en bonus.

La plus grande réserve, en somme, c'est qu'Ubiquiti n'ait pas maintenu en France la tarification imbattable en vigueur aux États-Unis.

Points positifs
Ubiquiti AmpliFi Instant

  • Petit et discret

  • Installation et utilisation super faciles

  • Performances de la borne principale

Points négatifs
Ubiquiti AmpliFi Instant

  • Débits sur la seconde borne

  • Wi-Fi invité limité

  • Fonctions bridées pour les appareils câblés

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