S’il est toujours plus facile de prendre une photo de jour que de nuit, il y a tout de même quelques paramètres à prendre en compte pour bien réussir son cliché. Et notamment l’orientation de la source lumineuse. L’une des techniques les plus répandues pour jouer avec cette source consiste à photographier un sujet en contre-jour. Pas besoin de s’appuyer sur un appareil photo classique pour obtenir un beau résultat : désormais, un smartphone peut produire un excellent rendu tant les modules photo ont évolué.
Nous allons donc voir ensemble une multitude de techniques et d’astuces pour comprendre tout l’intérêt du contre-jour. Pour réaliser ce tutoriel, nous avons utilisé un Samsung Galaxy S21 qui, en plus d’offrir une excellente qualité d’image, s’appuie sur une grande palette de fonctionnalités très intéressantes.
Qu’est-ce qu’un contre-jour en photographie ?
En photographie, on dit qu’il y a contre-jour lorsque le sujet photographié se situe entre la source principale de lumière et le photographe. Du point de vue de ce dernier, la source principale de lumière est donc positionnée face à lui et éclaire le sujet par l’arrière.
Cette technique permet de développer plein de nouvelles façons de gérer la lumière et donc de développer votre créativité. En éclairant un sujet par l’arrière, cela permet de mettre en valeur sa forme, de le détacher de l’arrière-plan ou encore, contrairement à ce que l’on pourrait penser, de le rendre plus « lumineux ». Le contre-jour va faire ressortir votre sujet de façon élégante en créant un contour lumineux autour de celui-ci.
La principale problématique que l’on rencontre lorsque l’on photographie en contre-jour est l’important écart de luminosité entre le premier plan (souvent sombre) et l’arrière-plan (souvent très lumineux).
Ainsi lorsqu’on parle de contre-jour en photographie, on pense régulièrement à un rendu en silhouette de notre sujet (nous avons développé cette technique dans notre tutoriel sur la photographie en coucher de soleil). Mais il va être intéressant aujourd’hui de découvrir comment il vous est possible de préserver une bonne exposition sur l’ensemble de votre scène, même avec un énorme écart de luminosité entre le premier plan et l’arrière-plan.
Quelles sont les possibilités en termes de photo en contre-jour ?
La beauté d’une photographie étant une notion très subjective, nous ne nous risquerons pas ici affirmer que telle ou telle photo en contre-jour est réussie ou ne l’est pas. Voici donc simplement une idée des principaux rendus visuels possibles :
Fort contraste
Visuellement peu attrayante, une photographie de ce type produit un rendu très amateur. Le manque de maîtrise de l’exposition globale de l’image saute immédiatement aux yeux. Les zones claires ainsi que les zones sombres ne laissent entrevoir que très peu de détails.
Grande dynamique (HDR)
Contrairement au cas précédent, il est possible de voir sur cette photo des détails dans les zones claires ainsi que dans les zones sombres. On appelle généralement ce type de photo une photo “HDR” pour High Dynamic Range (à “grande dynamique d’exposition”).
Deux possibilités pour réaliser ce type de photo : avoir un capteur très performant ou utiliser plusieurs photos prises quasi simultanément, mais avec des expositions différentes pour ensuite les combiner. Cette deuxième méthode s’appelle le “bracketing” et c’est celle utilisée par les smartphones lorsque leur mode HDR est activé.
Sous-exposition (silhouette)
Il s’agit d’un rendu qui peut être très artistique. Nous en avons déjà parlé dans notre tutoriel sur la photographie au coucher de soleil. Pour réaliser ce type de photo, il suffit de sous-exposer la prise de vue afin de privilégier les détails dans les hautes lumières à l’arrière-plan et donc d’assombrir de façon considérable les zones sombres. Un effet de silhouette est ainsi naturellement créé.
Surexposition
À l’inverse de la sous-exposition, il faut cette fois-ci sur-exposer l’image afin de “déboucher” les ombres, faire ressortir les détails dans celles-ci, tout en sacrifiant par la même occasion les hautes lumières. Ce rendu visuel, lorsqu’il est maîtrisé, donne également des résultats très réussis.
Y a-t-il un moment opportun pour photographier en contre-jour ?
Comme évoqué un peu plus haut, on considère qu’une photo est prise à contre-jour dès que la source principale de lumière est située derrière le sujet photographié. Ainsi, si votre source principale de lumière est le soleil, un contre-jour peut être réalisé à tout moment de la journée, mais il sera forcément plus intéressant lorsque le soleil est bas dans le ciel : le matin ou le soir.
De la même manière, un soleil au zénith en hiver sera plus adapté (car plus bas dans le ciel) qu’un soleil au zénith en été (quasiment à la verticale).
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Découverte
Bien positionner son sujet
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Découverte
Bien positionner son sujet
Les smartphones récents disposent généralement d’un mode « HDR ». Le Samsung Galaxy S21 en fait partie. Ce mode permet d’obtenir une photo bien exposée, aussi bien pour les zones sombres que les zones claires de l’image.
La technique utilisée est simple : le smartphone prend plusieurs photos successivement (généralement 3) avec des expositions différentes pour chacune d’entre elles. Puis un algorithme photo les combine pour former une seule photo, théoriquement correctement exposée partout.
Ce mode est parfaitement adapté à la réalisation de photos en contre-jour. D’ailleurs, l’application photo du Galaxy S21 vous propose de passer automatiquement en mode HDR lorsqu’il détecte que la scène comprend de grands écarts d’exposition.
Attention toutefois : étant donné que le smartphone doit réaliser plusieurs photos à la suite, si vous bougez ou si votre sujet est en mouvement, il risque fort d’y avoir des défauts visibles sur la photo finale. Ces défauts proviennent de la combinaison des différentes photos et plus précisément de leur alignement. Si votre sujet bouge, cela peut donc poser problème.
Passons maintenant à la pratique avec un premier exercice qui va vous permettre de bien comprendre l’intérêt de considérer la photographie à contre-jour. Pour cela, nous allons réaliser deux photos d’un seul et même sujet : l’une avec le soleil de face et l’autre avec le soleil de dos, c’est-à-dire, à contre-jour.
Étape 1 : Choisir le bon moment de la journée
Au mois d’août, nous avons choisi de réaliser cette première photo aux alentours de 18h30, soit 2h avant le coucher du soleil. Le soleil est encore un peu haut dans le ciel et cela va nous permettre de l’exclure du cadre tout en le positionnant à l’arrière de notre sujet. Bien évidemment, inutile de préciser que le soleil ne doit pas être caché derrière les nuages. Le contre-jour fonctionnerait également, mais l’effet serait moins probant.
Étape 2 : Choisir l’endroit idéal
Un beau paysage proche de chez vous fera largement l’affaire pour ce premier exercice. Le but étant surtout dans un premier temps de bien comprendre l’intérêt du contre-jour. De notre côté, nous avons choisi un point de vue en hauteur afin de profiter des magnifiques paysages qu’offre l’Alsace.
Étape 3 : Cadrer sa photo
Ici, nous allons faire simple en centrant notre sujet. Ce qui nous importe surtout c’est la position du soleil dans le cadre. Vous remarquerez sur la photo en contre-jour ci-dessous que le soleil est dans un coin de l’image. En effet, celui-ci sera toujours trop lumineux pour votre appareil photo (aussi bon et performant soit-il). Il est donc important d’en avoir conscience et de minimiser l’effet « boule toute blanche » (zone que l’on appelle « cramée ») que cela produit.
Trois principales options s’offrent à vous :
- Positionner le soleil hors cadre ;
- Positionner le soleil dans un bord de l’image ;
- Cacher le soleil avec votre sujet.
Voici donc le rendu de nos deux photos :
La photo de gauche n’a pas que des inconvénients : ses couleurs sont plus vives, plus présentes et elle semble également bien plus contrastée. Cela est dû à la simplicité de la scène en termes de lumière. À l’inverse, la photo de droite, à contre-jour, paraît plus fade et décontractée. Pourtant, si on la regarde seule, sans la comparer à celle de gauche, on se rend rapidement compte qu’elle présente plusieurs atouts :
- Le sujet n’est pas ébloui par le soleil et ne grimace pas ;
- Les couleurs sont plus lumineuses (teintes irradiantes) ;
- Le rendu est plus doux et plaisant ;
- Il en ressort un effet de profondeur grâce au modelage de la lumière.
Ce dernier point est l’un des plus importants à visualiser pour cerner tout l’intérêt du contre-jour. Sur l’exemple ci-dessous, nous avons souhaité mettre en avant l’effet “détourage” et mise en avant du sujet que produit une lumière dans le dos du sujet.
Sur l’exemple qui suit, nous nous rendons bien compte à quel point une lumière face au sujet donne un rendu très plat, sans relief et peu intéressant artistiquement parlant.
À vous maintenant de chercher des cadrages originaux pour sublimer la nature qui vous entoure !
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Perfectionnement
Ne pas hésiter à mettre les mains dans le cambouis
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Perfectionnement
Ne pas hésiter à mettre les mains dans le cambouis
Maintenant que vous avez une bonne compréhension des points forts d’un contre-jour, il est temps de s’intéresser au mode manuel.
Étape 1 : Passer en mode manuel
La première chose à faire est d’activer le format de fichier RAW qui va nous permettre de tirer pleinement parti des performances du capteur. Nous pourrons développer ensuite notre photo sur une application tierce, telles que Lightroom Mobile ou encore Snapseed.
Le contre-jour ne nécessite pas un paramétrage particulier en termes d’ouverture, de vitesse d’obturation ou d’ISO, mais simplement une bonne gestion de l’exposition de votre image à la prise de vue. Un exercice facile à réaliser et qui ne nécessite pas de grandes connaissances techniques.
Sur un smartphone, le seul paramètre qui va vous permettre de gérer l’exposition dans cet exemple est la vitesse d’obturation. Afin de préserver la meilleure des qualités possible, nous allons garder nos ISO à la valeur la plus basse possible (ISO 50 sur le Samsung Galaxy S21).
Étape 2 : Se positionner et positionner son sujet
D’une manière générale, il faut limiter le nombre de zones surexposées. Ainsi, placez le soleil dans un coin de votre cadre, voire à l’extérieur de celui-ci. Vous obtiendrez alors un bel effet de contre-jour, tout en limitant les blancs cramés.
Si vous avez la possibilité de travailler votre cadrage de sorte à obtenir un point de fuite, des lignes de fuite ou encore un premier plan, le rendu final n’en sera que plus intéressant.
Étape 3 : Faire les réglages et prendre la photo
Le seul paramètre important concernant l’exposition ici est la vitesse d’obturation. Les ISO restent au plus bas et l’ouverture est fixe (ISO 50 et F1.8 sur le Samsung Galaxy S21).
Pensez à bien sous-exposer, afin de préserver les hautes lumières. Vous pourrez facilement récupérer des informations dans les zones sombres grâce au format RAW, puis à Lightroom Mobile par exemple.
Étape 4 : Développer le fichier RAW
Trois éléments sont importants lors du développement de votre photo RAW :
- Récupérer des informations dans les zones trop sombres et trop claires (curseur d’exposition, de hautes lumières et de basses lumières) ;
- Ajouter du contraste à l’image (curseur de contraste et/ou utiliser la courbe) ;
- Gérer les teintes en les modifiant et/ou en ajoutant/enlevant de la saturation et/ou de la vibrance.
Enfin, pour donner un cachet unique à votre photo, vous pouvez, via Lightroom mobile, positionner des zones de corrections locales. Elles vous permettent notamment de faire ressortir votre sujet et accentuer l’effet du soleil.
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Expert
Valoriser ses photos en contre-jour
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Expert
Valoriser ses photos en contre-jour
Place maintenant aux astuces de pro ! En photo, l’expérience joue un rôle primordial. Voici quelques astuces supplémentaires pour parvenir à mettre en valeur les contre-jours.
Astuce 1 : Se servir d’un réflecteur
Il est possible d’apporter davantage de lumière sur votre sujet. Pour cela, nous allons nous servir d’un « réflecteur ». La lumière émise par la source lumineuse principale va se réfléchir sur ce réflecteur pour illuminer le sujet et diminuer l’écart d’exposition entre celui-ci et l’arrière-plan.
L’avantage de cet exercice est qu’il n’est pas nécessaire de s’appuyer sur un réflecteur de professionnel. Vous pouvez vous munir d’une surface blanche idéalement rigide ou tout simplement d’un carton recouvert de feuilles blanches. Vous pouvez également recouvrir ce carton de papier aluminium, pour obtenir un réflecteur encore plus puissant !
Si vous n’avez pas de carton ou n’avez pas envie de le trimbaler avec vous, pensez alors à vous vêtir d’un haut clair. Vous serez alors votre propre réflecteur ambulant !
Enfin, un mur blanc fonctionne également très bien. Positionnez votre sujet face au mur et mettez-vous entre. La surface de réflexion sera ainsi relativement grande et donc intéressante.
Astuce 2 : Pare-soleil (main pour cacher soleil)
En contre-jour, il n’est vraiment pas rare de voir apparaître sur sa photo ce que l’on nomme un « flare ». Vous pouvez en voir un sur la photo finale du niveau 2. Malheureusement, ce défaut optique est normal et pas toujours très esthétique. Pourtant une méthode simple existe pour l’éliminer : utiliser un pare-soleil ! Cet objet est très commun sur un objectif d’appareil photo, mais n’existe pas sur un smartphone. Ainsi, une petite astuce très simple consiste à utiliser sa main lors de la prise de vue pour créer une ombre sur l’objectif du smartphone. Plus aucun flare ne sera visible sur votre photo. Magique !
Olivier Schmitt est un photographe professionnel et directeur artistique français. C’est aussi l’un des meilleurs professeurs de photographie et de montage que vous pouvez trouver sur le web. Vous pouvez consulter ses nombreux tutoriels sur la photo, la vidéo et la retouche sur son site web ou sur sa chaîne YouTube. Son assistante Milène est également sur Instagram !