En tant que photographe, j’utilise généralement un reflex ainsi qu’une optique dédiée (800 euros à elle seule tout de même) pour les portraits. Écrire un article sur les portraits photo capturés avec un smartphone est donc un sacré challenge pour moi. En effet, je ne me voyais pas réussir à tirer de beaux portraits avec le Samsung Galaxy S20 Ultra. Il s’avère que je me suis trompé.
Dans cet article je vous explique comment tirer parti de votre smartphone en respectant (ou pas) certaines techniques photographiques « indispensables » pour transformer un simple portrait type « selfie » en un véritable portrait artistique en noir et blanc.
Le choix du lieu et du modèle
La première question à se poser avant de capturer des portraits est la suivante : « Où et avec qui ? ». C’est une question très subjective, car elle fait référence à votre propre sensibilité en tant que photographe. Pour ce qui est de ce shooting, n’étant pas très à l’aise avec le matériel, j’avais besoin de travailler avec des personnes de confiance. C’est donc ma femme et mon beau-frère qui ont joué le rôle de modèle. Quant au lieu, pour moi, il n’a pas d’importance. L’important est de faire en sorte qu’il s’agit d’un environnement qui met votre modèle et vous en confiance. Pour cette série de clichés, j’ai travaillé dans deux endroits différents : un jardin et sur le parvis de la Bibliothèque François-Mitterrand à Paris.
Pourquoi ce dernier endroit me direz-vous ? Parce que j’avais dans l’idée d’utiliser les surfaces vitrées des bâtiments comme miroir. En plus de cela, c’est un espace ouvert et dégagé permettant de récupérer beaucoup de lumière, ce qui est très important quand on shoote en hiver.
Une fois que vous avez trouvé le duo « modèle et lieu » parfait, vous êtes en droit de vous demander : « Dois-je utiliser le mode pro ou alors le mode portrait ? »
Mode pro ou mode portrait ?
La question mérite d’être posée. En effet, depuis deux articles je prône largement l’utilisation du mode pro pour faire de la photo au smartphone. Le mode pro est un outil particulièrement efficace pour certains styles de photo ou des situations complexes. En revanche pour le portrait au smartphone il devient compliqué à utiliser. Le mode portrait est alors à considérer.
Une notion majeure à connaître lorsque l’on fait du portrait est la notion de profondeur de champ. En photographie, elle joue un rôle prépondérant sur la composition et l’esthétique d’une photo. C’est grâce à la profondeur de champ que le photographe peut mettre en valeur un sujet en le détachant ou non de l’environnement.
Sur smartphone, la profondeur de champ est un problème. Les modules photos de presque tous les smartphones ont une ouverture fixe. Cela ne permet donc pas au photographe d’en modifier la valeur afin de faire varier la profondeur de champ.
Heureusement les smartphones ont souvent une alternative : un mode portrait dédié. Celui-ci simule artificiellement et plus ou moins efficacement la variation de profondeur de champ grâce à un traitement logiciel. Et dans le cas du Samsung Galaxy S20 Ultra, le mode portrait est excellent.
Sur le Samsung Galaxy S20 Ultra, une fois la photo prise, l’application vous propose de modifier artificiellement la valeur de l’ouverture, ce qui a pour effet de modifier la profondeur de champ de votre photo. Plus l’ouverture sera grande (comme f/1,8) plus la profondeur sera faible et plus l’arrière-plan de la photo sera flou.
L’application Galerie de Samsung permet de modifier le flou d’arrière-plan après avoir pris la photo
L’importance de la lumière pour donner des effets à son portrait
Selon moi, le portrait est le style photographique qui permet au mieux de capturer une ambiance et des émotions. Le meilleur moyen de créer des images dramatiques et évocatrices est de travailler en noir et blanc.
Quand on utilise le noir et blanc, l’un des aspects primordiaux à prendre en compte est la lumière. En effet, la lumière naturelle est parfaite pour shooter du portrait, mais vous devez garder à l’esprit que l’intensité et la direction de la lumière auront un grand impact sur l’image finale.
Par exemple, les jours nuageux permettent d’obtenir un éclairage doux et équilibré sur votre sujet. En contrepartie, ils atténuent sensiblement l’effet dramatique. Pour des portraits avec un contraste élevé — et donc un rendu plus spectaculaire — la lumière du soleil est parfaite.
La prise de vue sous une lumière intense permet de capturer le drame du jeu d’ombres sur votre sujet. Les ombres sont parfaites pour créer un sentiment de mystère et vous donneront un contraste net pour jouer avec les expressions du modèle.
Cependant si le jour du shooting la lumière du soleil n’est pas assez présente (comme cela a été le cas pour les photos dans l’article) il faudra faire jouer votre imagination pour créer le mystère au travers d’un accessoire, de l’environnement ou du cadrage de votre photo (nous y reviendrons).
Pourquoi choisir le noir et blanc ?
Une fois que vous avez compris l’importance de la lumière, deux choix s’offrent à vous : capturer la photo en noir et blanc ou en couleur. L’avantage de ce dernier, c’est que vous pourrez toujours la convertir en noir et blanc en post-production. D’autant que le noir et blanc ajoute instantanément une sensation dramatique et intemporelle à vos images, et elle est également idéale pour éliminer les distractions colorées.
Regardez la photo couleur ci-dessous. L’œil est automatiquement attiré vers le rouge intense de la bouche du modèle. En passant la photo en noir et blanc, nous sommes directement emportés par l’intensité de son regard. C’est ici que réside tout l’intérêt du noir et blanc.
Je vous conseille donc de prendre toutes vos photos en couleur puis de les retravailler en post-production (on en parle un peu plus loin).
Bien composer son portrait
La composition d’une photo est un élément primordial à prendre en compte pour obtenir un cliché réussi. Il existe certaines règles qui permettent de perfectionner la composition, comme celle des tiers. Toutefois il faut parfois savoir sortir des sentiers battus et faire preuve d’imagination, sans quoi il est fort probable que vos portraits ressemblent à beaucoup d’autres.
Deux règles restent néanmoins importantes pour bien composer sa photo en mode portrait. Tout d’abord, il y a celle des tiers, qui n’est pas nécessaire de rappeler, car elle est évoquée dans de nombreux articles #withGalaxy. Ensuite, il y a la règle que j’appelle « l’ouverture du regard » qui consiste à placer le sujet du côté opposé à la direction qu’il regarde afin d’ouvrir la perspective dans le cadre. Concrètement, si le regard du modèle part vers la droite il convient de placer le modèle sur la gauche du cadre afin de ne pas « boucher le regard ».
Cependant, vous remarquerez que certaines de mes photos ne respectent pas ces règles. En effet j’attache une grande importance au regard et j’apprécie particulièrement de mettre les yeux de mes modèles en plein milieu de mes photos afin de les mettre au centre de l’attention.
Il en est de même pour la règle de l’ouverture du regard. Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous, le visage du modèle est délibérément coupé dans le sens du regard afin de questionner celui ou celle qui la regarde : « mais qu’est ce qu’elle peut bien regarder ? ».
Même si ces deux photos ne respectent pas les règles conventionnelles, elles sont tout de même réussies
Ce n’est pas conventionnel, mais la photographie permet de prendre des libertés. Chacun est libre d’expérimenter et de construire son propre style.
Ne pas oublier la post-production
Une fois les photos prises vient le temps de la post-production. Selon moi, elle se déroule en deux étapes. Dans un premier temps, on corrige les potentiels défauts de la peau du modèle. Pour cela j’utilise une application telle que Pixelmator Pro. D’autres applications permettant ce genre de modification existent sur toutes les boutiques d’applications.
L’idée est de supprimer les éléments disgracieux qui pourraient apparaître sur le visage de votre modèle (cheveux qui dépassent, boutons, cicatrices…). Vous pouvez aborder ce sujet avec les modèles avant de shooter. En effet, certaines personnes souhaitent que l’on efface certains défauts tandis que d’autres préfèrent les garder visibles.
Il y a ensuite deux façons de faire :
- éditer et corriger la photo puis appliquer le noir et blanc ;
- appliquer le noir et blanc puis éditer la photo.
Je suis partisan de la deuxième solution. Je passe donc chaque photo en noir et blanc en désaturant les couleurs puis j’effectue les réglages directement sur la photo en noir et blanc : luminosité, contraste, exposition, ombres, etc.
Pour des raisons pratiques (un écran plus grand), j’ai effectué ma post-production sur une tablette tactile. Toutefois, ce type de travail peut parfaitement être effectué directement sur le smartphone, soit au travers de l’application photo ou avec une application comme Snapseed (il y a un article dédié à ce sujet).
Si le travail de post-production ne vous intéresse pas, il tout à fait possible d’appliquer seulement un filtre noir et blanc à vos photos. Mais c’est se couper d’un pan important de la photographie.
Toutes les photos finales
Un smartphone suffit pour prendre de beaux portraits
Alors qu’il m’est difficile de shooter des portraits sans isoler mon œil dans le viseur d’un reflex pour mieux faire abstraction de l’environnement, force est de constater que le résultat sur le Samsung Galaxy S20 Ultra est bluffant. Les images sont nettes et parfaitement exploitables pour s’amuser à apprendre à retoucher un portrait. Les clichés peuvent même être imprimés au format A4 et encadrés.
Je ne revendrais probablement pas mon matériel de photographe pour investir dans un smartphone haut de gamme. Mais après cette expérience, il est très probable que je puisse proposer ce type de shooting de temps à autre pour remettre en perspective mes habitudes de photographe. Quelque chose que je n’aurai pas cru possible il y a encore quelques mois.