Simplifier l’administration et la moderniser. C’est la volonté affichée par le gouvernement depuis plusieurs années. Cela est autant passé par une simplification des tâches administratives, de plus en plus dématérialisées, que par la facilité d’usage et le croisement des informations pour accéder plus simplement à de nombreux services.
Un nouveau décret a été publié ce mardi 26 avril autorisant la création d’un nouveau système nommé Service de garantie de l’identité numérique (SGIN), a indiqué la Gazette des communes, relayé par BFM TV. Le texte prévoit ainsi la création d’une application mobile qui pourra scanner les informations de la nouvelle carte d’identité biométrique et faciliter la connexion à des services publics ou privés.
Une application pour les nouvelles cartes d’identité uniquement
Rien n’obligera visiblement à avoir recours à cette application qui semble être là pour simplifier le cheminement et protéger les données. Elle ne sera de plus accessible qu’à toute personne disposant de la nouvelle version de la carte d’identité qui contient des données numériques sécurisées sur son détenteur. Cela ne fonctionnera évidemment pas avec les anciens modèles plastiques ou même les passeports biométriques.
Pour l’utiliser, il faudra disposer d’un smartphone avec puce NFC et la faire fonctionner comme pour les paiements mobiles, sans contact. L’application SGIN disposera des nom, prénom, date de naissance, photo, adresse postale et email du détenteur. En revanche, votre empreinte digitale ne sera pas stockée sur l’application.
Le texte explique que l’app permettra de « générer des attestations électroniques avec les seuls attributs d’identité, dont (…) la transmission (est) nécessaire aux tiers de son choix. » Cela permettra de protéger ses informations et de ne, par exemple, transmettre qu’un justificatif d’âge sans que son adresse ou son numéro de téléphone ne circule. Une façon aussi de limiter les longs formulaires à remplir et de garantir la sécurité de ses informations.
Cela pourrait aussi simplifier l’utilisation d’un site gouvernemental comme FranceConnect qui permet de se connecter à de nombreux services publics au moyen d’identifiants créés sur l’un d’eux (Assurance maladie, Impôts, La Poste…). L’app pourrait alors devenir un moyen de s’identifier numériquement sans avoir à rentrer ses coordonnées, tels Google Authenticator ou Microsoft Authenticator qui garantissent votre sécurité en ligne lors d’accès à certains sites.
Le modèle estonien en tête
Ce n’est pas la première fois que le ministère de l’Intérieur tente de créer une application d’identité numérique. Il a longtemps cherché à s’inspirer du modèle estonien qui a dématérialisé une très grande partie de ses services administratifs et même de ses papiers d’identité, qui regroupent dans une e-carte d’identité tous nos papiers d’identité français (permis de conduire, carte d’identité, carte vitale, passeport…).
Dans le petit état balte, qui abrite tout de même le centre de cyberdéfense de l’OTAN, signe d’une certaine fiabilité de sa sécurité en ligne, les citoyens sont connectés et même interconnectés dès la naissance, avec des milliers de services publics et privés accessibles depuis son smartphone ou son ordinateur. Un gain de temps pour la paperasserie administrative, expliquaient déjà les autorités il y a quelques années, expliquant que ce n’était pas une large base de données mise sur pied et qu’une agence publique supervisait le tout pour éviter les abus.
Des tentatives déjà en France
En 2019, le gouvernement français avait tenté de mettre en place les premières pierres d’une administration 100 % numérisée, avec notamment Alicem, une application officielle Android qui devait permettre la création d’une identité numérique en scannant son passeport ou son titre de séjour biométrique et en envoyant une courte vidéo avec des mouvements du corps. Mais l’obligation de passer par la reconnaissance faciale avait porté un coup à sa généralisation en soulevant de nombreuses questions quant à la vie privée.
Beaucoup y voyaient un danger dans le traçage et une obligation d’utilisation pour accéder plus facilement aux services. L’app SGIN, qui n’a pas encore été officiellement présentée par le gouvernement, abroge par ailleurs le décret de création d’Alicem. À noter également que ce projet d’identité numérique n’est pas nouveau en France. À La Réunion, une expérience est menée depuis près d’un an par l’association Nout’Futur pour doter chaque habitant une identité numérique, sur l’exemple estonien. Un petit groupe de Réunionnais expérimente ainsi l’utilisation de cette identité dans ses démarches administratives de tous ordres.
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