« Joueur en direct », « jeu vidéo à la demande » : quand la langue française reçoit officiellement des erreurs de traduction

 
La Commission d’enrichissement de la langue française a intégré de nouveaux mots à la langue française pour contrer les anglicismes. Problème, elle propose des traductions parfois erronées, signe qu’elle n’a pas compris le sens des mots qu’elle cherchait à traduire.

Chaque année, la Commission d’enrichissement de la langue française fait parler d’elle avec des traductions officielles de termes anglais utilisés couramment. Ce travail est généralement moqué sur internet puisque les internautes sont souvent déjà habitués à des termes anglais comme « smartphone » et ne souhaite pas forcément changer leurs habitudes pour des traductions comme « ordiphone ». Il s’agit en réalité d’un travail important de la Commission, dont l’objectif n’est pas tant l’adoption par le grand public, que de proposer des termes corrects pour nos textes officiels ou juridiques. La cible est donc avant tout nos institutions pour qu’elles puissent continuer d’utiliser totalement le français sans avoir recours à des anglicismes.

Malheureusement, dans la dernière fournée de nouveaux mots, la Commission a visiblement mal compris certains termes et propose en conséquence des traductions… erronées.

Les erreurs

Ainsi, le terme streamer a été traduit officiellement en « joueur, -euse-animateur, -trice en direct » ou « joueur, -euse en direct ». Si l’on peut saluer l’inclusivité, la traduction ne couvre pas vraiment la totalité de ce que peut être un streamer. En effet, il est de plus en plus courant pour un streamer sur Twitch ou d’autres plateformes de ne pas jouer aux jeux vidéo et de proposer des émissions sur des sujets très divers. On peut penser à l’exemple français de Backseat, une émission politique chaque jeudi animée par Jean Massiet, ou les émissions que l’on peut vous proposer sur la chaîne Twitch de Frandroid (suivez-nous !). Ici, la Commission n’a visiblement pas su détecter l’élargissement de la définition du terme, qui en anglais ne se limite pas au domaine du jeu vidéo.

Plus problématique, la Commission a traduit « game as a Service » ou GaaS en « jeu vidéo à la demande ». Ici, elle a confondu deux domaines différents et on peut facilement deviner ce qu’elle a mal compris. Le « jeu vidéo à la demande » fait probablement référence aux services de jeux vidéo par abonnement comme le Xbox Game Pass. Or, ces services ne sont pas des GaaS. Ce terme désigne en réalité les jeux services, conçus pour proposer une expérience aux joueurs sur le temps long et une rémunération sur la durée. Destiny, Fortnite ou encore World of Warcraft et Final Fantasy XIV sont des exemples de jeux service.

Tout n’est pas à jeter

Dans la liste des traductions proposées, la plupart correspondent tout de même à des traductions correctes. Ainsi, le cloud gaming devient « le jeu vidéo en nuage », les DLC sont des contenus téléchargeables additionnels (CTA), l’early access devient un accès anticipé et les free-to-play des jeux vidéo en accès gratuit. La Commission s’est intéressée à des termes très contemporains, l’e-sport devient un jeu vidéo de compétition, le hand tracking (pour la réalité virtuelle) devient le suivi des mains, et les social games sont des jeux sociaux (en ligne).

Les intéressés de termes un peu plus amusants y trouveront aussi leurs comptes. On aime ainsi le rigging qui se traduit très justement en « squelettage » et le matchmaking, traduit en « appariement de joueurs ».


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