Dans le cadre du Digital Services Act mis en place par l’Union européenne, le calendrier de la Commission demandait aux services numériques ayant des utilisateurs en Europe de « rendre publiques leurs audiences mensuelles au sein de l’Union » au 17 février au plus tard, peut-on lire sur Le Figaro. Les services qui dépassent les 45 millions de visiteurs uniques (représentant 10 % des citoyens de l’Union) vont avoir quatre mois à partir de cette date pour « se mettre en conformité avec l’ensemble des exigences de cette ambitieuse régulation des contenus illégaux dans l’espace numérique ».
Le Digital Services Act (DSA), qu’est-ce que c’est ?
En octobre dernier, le Conseil de l’Union européenne approuvait le règlement du Digital Services Act aux côtés du Digital Markets Act (DMA), après un vote du Parlement européen en juillet dernier. Un texte qui sera applicable en février 2024, « sauf pour les très grandes plateformes en ligne et les très grands moteurs de recherche qui seront concernés dès 2023 », peut-on lire sur le site Vie-publique.fr. Le but premier de cette législation est de supprimer les contenus illégaux en responsabilisant les plateformes. Le texte vise surtout les plus grosses plateformes qui donnent une visibilité accrue à des contenus.
On pense évidemment aux réseaux sociaux, mais aussi aux moteurs de recherche, aux boutiques en ligne et aux services de cloud. Cela vise les images, vidéos, messages racistes, antisémites, pédopornographiques, qui font de la désinformation, etc. Concrètement, les services concernés devront réagir plus rapidement sur la suppression de ces contenus, certains types de publicités ciblées ou encore des interfaces truquées (on pense notamment à l’ancien processus de résiliation d’Amazon Prime).
Celles qui dépassent les 45 millions d’utilisateurs par mois vont d’ailleurs avoir des obligations plus importantes, mais aussi des sanctions plus grandes. En effet, la législation prévoit que la Commission européenne pourra prononcer des amendes pouvant aller jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial. Pour les plus « gros poissons » comme les Gamam (Google, Amazon, Meta, Apple, Microsoft), cela pourrait représenter des milliards d’euros. Pour aller encore plus loin, l’institution se réserve le droit d’interdire les activités des entreprises concernées au sein de l’Union européenne.
Le classement des plateformes les plus utilisées dans l’Union européenne
Ces classements comprennent le nombre d’utilisateurs uniques chaque mois par plateforme. Ces chiffres ont été republiés par la journaliste de Politico Clothilde Goujard dans un thread sur Twitter, mais aussi du tableur de Martin Husovec, enseignant-chercheur en droit à la London School of Economics. En dessous de 45 millions d’utilisateurs actifs par mois, les plateformes ne sont pas considérées comme des « Vlop », des Very large online platforms, littéralement des plateformes en ligne très larges.
On compte aussi les « Vlose », les Very large online search engines, à savoir les moteurs de recherche très larges. La journaliste du Figaro Chloé Woitier complète le classement avec notamment des plateformes d’e-commerce françaises, mais aussi Benoît Tabaka, directeur des relations institutionnelles et des politiques publiques (qui peut entre autres s’occuper de faire du lobbying) de Google.
- YouTube : 401,7 millions d’utilisateurs ;
- Google (moteur de recherche) : 332 millions d’utilisateurs ;
- Google Maps : 278,6 millions d’utilisateurs ;
- Google Play : 274,6 millions d’utilisateurs ;
- Facebook : 255 millions d’utilisateurs ;
- Instagram : 250 millions d’utilisateurs ;
- Wikipédia : 151,5 millions d’utilisateurs ;
- TikTok : 125 millions d’utilisateurs ;
- LinkedIn : 122 millions d’utilisateurs ; (non-inscrits, mais 42 millions d’utilisateurs ; inscrits)
- Bing : 107 millions d’utilisateurs ;
- Twitter : 100,9 millions d’utilisateurs ;
- Snapchat : 96,8 millions d’utilisateurs ;
- Google Shopping : 74,9 millions d’utilisateurs ;
- Waze : 40,2 millions d’utilisateurs ;
- Vinted : 37,4 millions d’utilisateurs ;
- Telegram : 38,5 millions d’utilisateurs ;
- Otto : 37,6 millions d’utilisateurs ;
- Quora : 36,4 millions d’utilisateurs ;
- Skyscanner : 34 millions d’utilisateurs ;
- Pornhub : 33 millions d’utilisateurs ;
- Google Chrome WebStore : 32,3 millions d’utilisateurs ;
- Zalando : 30,8 millions d’utilisateurs ;
- Airbnb : 30,6 millions d’utilisateurs ;
- Google Hotels : 30,6 millions d’utilisateurs ;
- Leboncoin : 26,6 millions d’utilisateurs ;
- Roblox : 25,2 millions d’utilisateurs ;
- Fnac : 24 millions d’utilisateurs ;
- Epic Games Store : 21,3 millions d’utilisateurs ;
- BeReal : 18 millions d’utilisateurs ;
- Fortnite : 16,3 millions de joueurs
- Wallapop : 12,9 millions d’utilisateurs ;
- DuckDuckGo : 11 millions d’utilisateurs ;
- GitHub : entre 10 et 11 millions d’utilisateurs ;
- Cdiscount : 10,9 millions d’utilisateurs ;
- Reddit : 10,2 millions d’utilisateurs ;
- Wolt : 10 millions d’utilisateurs ;
- Adobe Lightroom : 9,7 millions d’utilisateurs ;
- Darty : 8,9 millions d’utilisateurs ;
- YouPorn : 7,3 millions d’utilisateurs ;
- Glassdoor : 6 millions d’utilisateurs ;
- Google Things : 3,6 millions d’utilisateurs ;
- Adobe Behance : 1,5 million d’utilisateurs ;
- Autovit.ro : 1,5 million d’utilisateurs ;
- Wix : 1,3 million d’utilisateurs ;
- Adobe Stock : 1 067 771 utilisateurs ;
- Lego Ideas : 800 000 utilisateurs ;
- Adobe Creative Cloud Express : 393 352 utilisateurs ;
- chess24.com : moins de 250 000 utilisateurs ;
- Adobe Photoshop Express : 150 864 utilisateurs.
Ces données sont la plupart du temps calculées sur les six derniers mois de l’année 2022, c’est-à-dire qu’elles s’arrêtent au 31 décembre 2022. Au total, treize services sont considérés comme étant des Vlop, on y retrouve les services des groupes Alphabet, Meta, ByteDance, Microsoft, Twitter, Amazon, Apple, Pinterest, Snapchat et Wikipédia.
Les autres Vlop
Ces services reconnaissent avoir plus de 45 millions d’utilisateurs par mois, mais ils n’ont pas communiqué le nombre exact :
- Amazon
- AliExpress
- L’App Store
- Booking.com
Certains se déclarent juste au-dessus sans précision, tandis que d’autres se prononcent très au-dessus de ce chiffre. Comme l’indique Le Figaro, cela va à l’encontre des directives de Bruxelles. On ignore à ce stade les suites que ces décisions pourraient avoir dans le futur.
Celles qui ne font pas partie des Vlop
Certains sites ont déclaré ne pas faire partie des Vlop, sans détailler de nombres exacts et certains disent être très en dessous des 45 millions d’utilisateurs chaque mois :
- eBay
- OnlyFans
- Spotify
- GoFundMe
- Chez Apple : iPadOS, macOS, tvOS, watchOS, Apple Books e-books et les abonnements à Apple Podcasts
- Dailymotion
- Expedia
- Console Store
- Magasin de sites web Apps.Microsoft.Com
- Magasin de sites web Xbox.com
- App Store PC Microsoft
- PC Games Store Microsoft
- Magasin de consoles Microsoft
- TripAdvisor
- Viber
- Depop
- Shopify
- Meetic
- Uber
- Deezer
- Doctolib
- Discogs
- BrickLink
- OkCupid
- Otodom
- Fixly
- Foodora
- Taskrabbit
- LaFourchette
- Discord
- Grindr
- Wattpad
- FreeNow
- PUBG
- GoDaddy
- VSCO
- StackOverflow
- Flipdish
- GameLoop
- LadenZeile
- Immoweb
- TicketSwap
- MeilleursAgents
- SeLoger
- Rakuten
- BackMarket
- Showroomprivé
- Prix.net
- Tinder
- Nintendo
Les surprises que nous révèlent ce classement : Bing pas si loin de Google et Facebook juste devant Instagram
On a souvent tendance à enfoncer Bing par rapport à Google : dans l’imaginaire collectif, ce dernier est de loin le moteur de recherche le plus utilisé. Mais dans la réalité, Google n’est utilisé « que » par trois fois plus d’utilisateurs ; environ que Bing. Cependant, il y a tout de même certaines explications à cela : Edge est le navigateur web par défaut sur les ordinateurs Windows, et intègre Bing en moteur de recherche par défaut. Ce qui fait que lorsqu’on configure une nouvelle machine, on passe quasiment forcément par le moteur de recherche de Microsoft. Pareil dans la recherche du menu Démarrer : c’est Bing.
Autre surprise : Facebook reste devant Instagram, en tout cas sur le sol des pays membres de l’Union européenne. Il le devance de 5 millions d’utilisateurs – ce qui n’est pas grand-chose sur 250 millions. Si l’on peut penser que ce nombre important d’usagers de Facebook s’explique par l’utilisation de Messenger, ce n’est pas ce que précise la déclaration de Meta, qui définit « un utilisateur actif mensuel comme un utilisateur de Facebook enregistré et connecté qui a visité Facebook par le biais de notre site web ou d’un appareil mobile au cours des 30 derniers jours ». A priori donc, cela ne concerne pas l’application de messagerie instantanée du groupe de Mark Zuckerberg.
En parlant d’Instagram, on se rend compte qu’il est deux fois plus consulté que TikTok, alors que cette dernière app est de plus en plus populaire, surtout chez les jeunes internautes. D’ailleurs, l’application de ByteDance est dans le viseur de la Commission européenne : selon elle, TikTok est loin d’être tout blanc en matière de contenus violents. Dernier étonnement, celui des services de streaming de musique : Deezer et Spotify réunissent moins de 45 millions d’utilisateurs ; sur le sol européen, sans qu’on n’en connaisse le nombre exact. Si YouTube réunit aussi YouTube Music, c’est assez surprenant de constater réellement l’éclatement des différents services.
Cependant, ce qui reste le plus impressionnant se situe au niveau de YouTube : 401,7 millions d’utilisateurs ; par mois, cela représente environ 89 % des habitants de l’Union européenne. Autrement dit, 9 habitants sur 10 utilisent YouTube au moins une fois par mois. De quoi se rendre compte de la démocratisation du service sur tout le continent, tant et si bien qu’il est même devant Google. Cela s’explique surtout par le fait que YouTube n’a aucun réel concurrent. Le plus important qu’il ait connu est Dailymotion, mais ce dernier en est loin aujourd’hui.
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