Depuis quelques mois, un réseau social fait de plus en plus parler de lui : Bluesky. Beaucoup voient en lui une sérieuse alternative à un X, anciennement Twitter, toujours plus contestable, la faute aux décisions clivantes d’Elon Musk. Le fonctionnement de Bluesky est semblable à celui de Mastodon, une autre alternative qui n’a pas décollé suffisamment pour être un vrai rival au réseau social qui arborait autrefois un oiseau bleu.
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D’ailleurs, Frandroid vient de rejoindre Bluesky : nous vous invitons à nous suivre là-bas pour être informés des actualités tech !
Bluesky : quel est ce nouveau réseau social lancé par Jack Dorsey ?
Bluesky est un projet lancé fin 2019 par Jack Dorsey, à l’époque PDG de Twitter, qui est depuis devenu indépendant. Twitter avait financé Bluesky pour justement construire un protocole de réseau social ouvert pour la conversation publique afin d’en devenir un futur client. Depuis 2021, le réseau social est édité par la société Bluesky, qui est indépendante et, depuis 2022, Twitter ne travaille plus avec cette entreprise. Ce réseau social n’est donc pas une association, mais une société à responsabilité dite d’intérêt public appartenant à Jay Graber et à ses équipes. Jack Dorsey et Jeremie Miller siègent au conseil d’administration avec Jay Graber.
Comme Mastodon, il s’agit d’un réseau social que l’on peut qualifier de « décentralisé », dans la mesure où chacun peut créer son « serveur » et y choisir la façon de l’administrer. Comme l’écrit Le Figaro, le développement de l’application est « supervisé par l’ingénieur Jay Graber, qui a longtemps travaillé dans les équipes de Jack Dorsey. »
Sur Bluesky, on ne publie pas des tweets, mais des skeets, qu’on peut traduire par tir au pigeon : autant dire qu’on a l’impression que le réseau social vise X. Dans chaque skeet, on peut intégrer du texte (jusqu’à 300 caractères), des images (mais pas de GIF animés), des liens. Chaque membre peut repartager les publications, les aimer ou y répondre.
On a même droit à deux fils d’actualités ressemblant à s’y méprendre à ceux de X : l’un pour les abonnements, l’autre basé sur les tendances du moment (le fameux « Pour vous »). Certaines fonctionnalités manquent encore à l’appel : on ne peut pas discuter par messages privés ni ajouter des vidéos aux skeets, par exemple.
Un entre-deux entre X (Twitter) et Mastodon
Le fonctionnement technique ressemble relativement à ce que propose Mastodon depuis plusieurs années, a quelques différences près. À vrai dire, la société Bluesky développe le AT Protocol, une base open source utile pour la création de réseaux sociaux décentralisés. Sur la FAQ du projet, on apprend que ce dernier permet aux réseaux sociaux « de fonctionner davantage comme les emails, les blogs ou les numéros de téléphone ».
L’AT Protocol est décrit comme un système ouvert de microblogging qui alimente Bluesky. La philosophie du projet est de ressembler au web d’il y a quelques années, où des myriades de blogs existaient et qu’on s’y abonnait via des flux RSS. Une dimension de décentralisation qui n’intéresse pas que les réseaux sociaux alternatifs, puisque même Meta y travaille.
Bluesky se veut également collaboratif : « Les chercheurs et les communautés auront la possibilité d’intervenir pour aider à résoudre les problèmes auxquels les réseaux sociaux sont actuellement confrontés, et les développeurs pourront expérimenter de nouvelles formes d’interactions. »
Son AT Protocol propose un format standard « pour l’identité, le suivi et les données des utilisateurs sur les applications sociales, ce qui permet aux applications d’interopérer et aux utilisateurs de se déplacer librement d’une application à l’autre. Il s’agit d’un réseau fédéré avec portabilité des comptes. » Enfin, Bluesky annonce travailler sur les choix algorithmiques et la modération composable.
En parlant de la modération, l’approche de Bluesky repose sur trois méthodes : le filtrage automatisé, les actions manuelles de l’administrateur ainsi que la labellisation de la communauté. Dans les outils de modération développés pour AT Procotol, il y a notamment un système d’étiquetage à destination des modérateurs, pour étiqueter comptes et publications de manière publique.
Ainsi, les membres du réseau social pourront s’abonner ou non à certains comptes. Ces étiquettes peuvent être générées automatiquement. Quant à l’application, elle « comporte des contrôles personnalisés qui permettent aux utilisateurs de masquer, d’avertir ou d’afficher du contenu et d’autres contrôles seront ajoutés au fil du temps ».
Là aussi, il s’agit d’une manière pour Bluesky de se démarquer par rapport à X, dont la modération est régulièrement décriée.
Jack Dorsey très critique envers X (Twitter) : avis personnel ou décrédibilisation d’Elon Musk ?
Le journal Le Figaro rapporte les propos de Jack Dorsey sur son nouveau réseau social Bluesky. Dans une série de publications datant du week-end dernier, il se montre très critique envers les décisions d’Elon Musk, indiquant qu’il « n’aurait jamais dû acheter Twitter, tout est allé de travers depuis », et déclare regretter la vente du succès qu’il a construit.
D’un autre côté, il faut aussi rappeler que critiquer X permet aussi à Jack Dorsey de revenir sur le devant de la scène et de faire la promotion de Bluesky, bien que ses intentions puissent être louables. Si le réseau social rencontre un succès retentissant pour le moment, c’est principalement parce que la réputation de X est mise à mal.
Bluesky peut-il réussir là où Mastodon a échoué ?
Soyons clairs, Mastodon n’a pas réussi à atteindre la même popularité que Twitter et de loin. S’il y a quelques mois, il faisait beaucoup parler de lui, c’est bien moins le cas aujourd’hui. Pour preuve « objective », il suffit de regarder l’intérêt pour la recherche « Mastodon » sur Google Trends, un outil qui permet d’évaluer les tendances du moteur de recherche.
Si l’on observe un net pic début novembre 2022, l’intérêt pour le réseau social a été divisé par près de 10 en six mois, et ce, dans le monde entier. Le réseau social au ciel bleu est d’ailleurs « bloqué » sur X : c’était arrivé pour Mastodon durant quelques heures, mais aussi pour Substack. En fait, les publications sur X avec un lien vers Bluesky ou qui mentionnent le réseau social seraient sanctionnées par une visibilité bien moindre. De quoi cacher le fait qu’un certain nombre d’utilisateurs de X invitent leurs abonnés à rejoindre Bluesky. Alors, ces derniers usent de stratagèmes, en partageant des captures d’écran de leur compte Bluesky, ou en parlant du « ciel bleu ».
Pour aller plus loin
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Pour le moment, Bluesky gagne en popularité par son relais dans les médias (nous y participons notamment en publiant cet article), mais aussi par ses nouveaux utilisateurs, dont certains sont des personnalités. L’Obs note que plusieurs célébrités progressistes ont débarqué, comme « l’élue de New York Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), le mannequin Chrissy Teigen, le réalisateur James Gunn, des journalistes influents du New York Times, du Washington Post, de la chaîne CNN ou de la radio publique NPR ». Plus récemment, on compte des médias français et des agences de presse : l’AFP, Le Monde, L’Informé, Libération, etc.
Le challenge sera d’atteindre une masse critique d’utilisateurs, comme l’avait fait remarquer le chercheur en cybersécurité Baptiste Robert sur Bluesky.
L’ascension de Bluesky est en marche : lentement, mais sûrement
Sur Google Trends encore, la popularité de Bluesky semble croissante : si elle a connu un pic début juillet, puis une forte baisse ensuite, cela semble progresser. Ça l’est d’autant plus depuis avril dernier avec un intérêt près de dix fois plus grand.
En fait, il se pourrait que Bluesky devienne un espace où les personnalités des médias et de la politique se retrouvent, pour débattre ou y réaliser leur veille médiatique. C’est un peu l’impression qu’on a en lisant des témoignages récoltés par Le Figaro. Presque tous les interrogés sont des journalistes, des créateurs de contenu, des communicants ou des personnalités politiques. D’ailleurs, le pouvoir politique français et européen semble même convaincu de l’avenir de Blueksy, dans un contexte de bataille contre X (et plus généralement contre Elon Musk). C’est par exemple le cas de Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, qui a annoncé son arrivée sur le réseau social en ironisant : « Même si l’herbe n’est pas (toujours) plus verte de l’autre côté, le ciel est parfois… plus bleu ».
Pourtant, ce rôle, c’est Twitter qui le jouait depuis le début des années 2010 : le réseau social a toujours été celui sur lequel les déclarations officielles se faisaient, celui sur lequel les polémiques et scandales naissaient. Les hashtags de dénonciation y ont lancé des mouvements sociétaux importants : Bluesky pourrait reprendre le flambeau. D’autant plus que le gouvernement français menace de bloquer X : il accuse le réseau social de laisser de fausses informations et des messages haineux se propager.
1,5 million d’inscrits : Bluesky est encore loin de X
Si l’on en croit différents sites de visualisation de données de Bluesky (collectées à partir de l’API du réseau social) comme Stats for Bluesky by Jaz ou Bluesky Statistics, celui-ci est en train de progresser. Il a dépassé tout récemment la barre de 1,5 million d’utilisateurs inscrits depuis le mois de mai et gagne environ 1 % de nouvelles inscriptions chaque jour. La progression ne semble pas exponentielle, mais plutôt linéaire pour le moment.
Le réseau social est accessible sur les appareils Android et iOS. Sur le Google Play Store, on compte plus de 500 000 téléchargements, tandis que sur l’App Store, l’application se classe à la dixième position des réseaux sociaux les plus téléchargés en ce moment.
Le vrai concurrent de X (Twitter) et de Bluesky ne serait-il pas Threads ?
Malgré tous les signes « d’espoir » qu’offre Bluesky à ceux qui voudraient quitter X, ce pourrait ne pas être lui, le réel remplaçant de Twitter. Il faut rappeler un événement survenu en juillet dernier : le lancement de Threads par Meta, un réseau social qui s’appuie sur Instagram. Résolument axé sur le texte et sur les fils de discussion, lui aussi entend concurrencer X.
Pour aller plus loin
Tout savoir sur Threads, le nouveau Twitter lancé par Facebook
Quelques mois plus tard, on n’en entend plus du tout parler en France. Et pour cause : le réseau social n’a jamais été lancé officiellement dans l’Union européenne, et n’y est resté accessible que quelques jours seulement. Meta a des soucis à régler avec le Digital Services Act, une nouvelle législation européenne à destination des grandes plateformes, y compris les réseaux sociaux de l’entreprise.
C’est pourquoi pour l’instant, le lancement chez nous est bloqué : si Meta assure travailler à son déploiement, aucune date n’a pour l’instant été donnée. Malgré les 100 millions d’utilisateurs atteints en cinq jours, Threads semble en arrêt cardiaque. Un mois après son lancement, on ne comptait que 10 millions d’utilisateurs quotidiens, écrivait Le Monde mi-août.
Comment rejoindre Bluesky ?
Comme évoqué précédemment, les inscriptions sur Bluesky ne sont pas ouvertes, il faut rejoindre une liste d’attente. Pour ce faire, c’est assez simple : il suffit de se rendre sur le site ou sur l’application et d’entrer son adresse mail pour rejoindre la bêta sur liste d’attente.
Pour le moment, le réseau social dit vouloir « développer le système d’invitation à notre guise, de manière à préserver l’accent mis sur le développement du protocole et à créer un réseau où des conversations saines peuvent avoir lieu ». Mais la liste d’attente n’est pas le seul moyen de rejoindre le ciel bleu.
Toutes les deux semaines, des utilisateurs de Bluesky reçoivent des codes d’invitation à partager pour en augmenter leur nombre. Selon l’entreprise, cela permet d’éviter les spams et les personnes malveillantes. Cela n’empêche toutefois pas les dérives : certaines invitations se monnaient, par exemple sur Reddit. Tout porte à croire que Bluesky va tenter de s’ouvrir le plus rapidement possible, sans nécessiter de code. Si le réseau social a le vent en poupe, il doit éviter d’épuiser cette popularité en étant disponible trop tard. De plus, si les utilisateurs jouent le jeu et partagent leurs codes, les inscriptions pourraient monter en flèche.
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