Et si Google, Android et Chrome n’étaient plus gérés par la même entreprise ? Dans un avis rendu le 8 octobre 2024, la justice américaine détaille toutes les mesures envisageables légalement pour mettre fin à la domination de Google sur le marché de la recherche en ligne. L’une d’elles attire particulièrement l’attention : le possible démantèlement de l’entreprise.
Comme le détaille le Wall Street Journal, le document ficelé par les avocats du département de la justice évoque la possibilité de changements « comportementales et structurelles » pour empêcher Google « d’utiliser des produits tels que Chrome, Play et Android pour mettre en avant le moteur de recherche ».
En langage juridique, cela ressemble fortement à des menaces de démantèlement qui verraient Android, Chrome et le moteur de recherche Google scindé en plusieurs entreprises indépendantes.
Google s’insurge
Une telle mesure viendrait casser 40 ans de laissez-faire relatif de l’antitrust américain qui n’a pas ordonné de démantèlement depuis celui de l’opérateur AT&T en 1982. Au tournant des années 2000, Microsoft avait déjà fait face à des mesures similaires, qui avaient cependant pris fin peu après l’accession au pouvoir de Georges W. Bush. L’affaire Google revêt donc une importance symbolique capitale pour les autorités de la concurrence américaine.
Google ne s’y est d’ailleurs pas trompé, puisque l’entreprise a publié un long communiqué en réponse aux mesures envisagées par la justice. Sobrement intitulé « les propositions radicales du ministère de la Justice risquent de nuire aux consommateurs, aux entreprises et aux développeurs », le billet de blog s’inquiète de voir la justice proposer des solutions « qui vont bien au-delà des questions juridiques spécifiques à cette affaire ».
Dans un jeu de culpabilisation juridique assez classique à ce genre d’affaires, Google indique un peu plus loin que séparer Chrome ou Android de leur maison-mère « mettrait en péril » leur survie.
« Peu d’entreprises auraient la capacité ou l’envie de s’investir dans ces projets open source de la manière dont nous le faisons », explique Google, qui en profite pour expliquer que cela ferait surtout plaisir à Apple qui pourrait régner sans pareils sur le monde mobile.
Des pistes moins radicales aussi envisagées
D’autres solutions juridiques sont évoquées par le département américain de la justice comme la libre mise à disposition des résultats de recherche de Google. Cela pourrait permettre à des concurrents de bâtir des moteurs de recherche en se basant sur l’expérience de l’entreprise et sans avoir à réindexer les désormais milliards de pages présentes sur le web. Une manière de forcer Google à partager son très secret algorithme d’indexation PageRank.
Pour aller plus loin
Selon Google, l’action antitrust le concernant serait risquée… pour votre santé
Une solution tout aussi inenvisageable pour le géant du web qui y voit « des risques pour la sécurité et la vie privée » ainsi qu’une manière d’étouffer « l’innovation dans le monde de la recherche en ligne ». Les arguments sont désormais posés d’un côté comme de l’autre et les prochaines manches risquent d’être particulièrement sportives.
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