Interpol ne veut plus entendre parler de la cyberarnaque à « l’abattage du cochon »

 
Les menaces sur le web peuvent pendre de nombreuses formes et de nombreux noms. Parmi elles, on retrouve une pratique surnommée « arnaque à l’abattage du cochon » que Interpol veut mettre hors d’état de nuire.
Crédit : Cybermalveillance.gouv.fr

Vous connaissez sans doute l’hameçonnage, les rançongiciels ou peut-être même les escroqueries à la fausse assistance technique. Mais parmi toutes ces cybermenaces, une préoccupe particulièrement Interpol en ce moment : l’arnaque à « l’abattage du cochon ». Dans un communiqué de presse repéré par Wired, l’organisation intergouvernementale tire la sonnette d’alarme concernant cette pratique.

Dans le jargon de la cyberescroquerie, l’arnaque à l’abattage du cochon consiste à gagner la confiance d’une victime à travers des échanges réguliers, avant de lui conseiller d’investir des sommes de plus en plus importantes sur des plateformes de cryptomonnaies. L’argent est ensuite volé, trahissant la confiance de la personne escroquée dans un « abattage » symbolique des plus déplaisants.

« Escroquerie sentimentale »

Soucieux de mettre fin à la pratique en elle-même, Interpol essaie surtout pour le moment de troquer l’appellation peu flatteuse contre quelque chose de plus respectable. Selon l’agence internationale, le terme actuel, inventé par les cybercriminels eux-mêmes, « déshumanise et humilie les victimes, […] ce qui les dissuade de venir chercher de l’aide ».

En lieu et place de l’appellation « abattage du cochon », Interpol propose le terme « escroquerie sentimentale » ou « arnaque aux sentiments/à la romance », puisque beaucoup de ces fraudes commencent sur les applications de rencontre. À noter que cette terminologie est déjà celle employée par l’agence française Cybermalveillance.gouv.fr.

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« Il est important que nous n’adoptions pas la terminologie des criminels, mais plutôt des termes qui participent à la protection du public et à la sensibilisation des victimes », explique Elisabeth Carter, une professeure de criminologie et de linguistique judiciaire de l’université de Kingston de Londres.

Une sensibilisation à construire

Comme Wired l’explique, le terme « abattage du cochon » englobe en plus des réalités très différentes. Les cybercriminels qui pratiquent ce genre d’arnaque mènent aussi en parallèle des campagnes de chantage à la webcam, des arnaques aux proches en situation d’urgence et beaucoup d’autres actes de fraudes.

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Aux États-Unis, ce type d’escroquerie aurait coûté 475 millions de dollars aux victimes en 2019. En France, ce type d’arnaque peut être puni de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende.


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