Darty, Boulanger, LG et d’autres condamnés pour entente sur les prix entre 2007 et 2014

 
Dans une décision rendue le 19 décembre 2024, l’autorité de la concurrence hexagonale a condamné certains constructeurs et distributeurs français à 611 millions d’euros d’amende pour entente sur le prix.
Crédit : Autorité de la concurrence

En 2007, le commerce en ligne faisait peur aux magasins traditionnels. C’est en tout cas l’idée qui ressort d’une récente décision de l’autorité de la concurrence. Darty, Boulanger, Electrolux, Seb, Whirlpool, LG et beaucoup d’autres constructeurs se sont vu imposer une amende salée ce 19 décembre 2024. En cause, un vaste système d’entente sur les prix destiné à réduire la concurrence et préserver les marges.

Les faits reprochés s’étendent de 2007 à 2014 et font suite à une première condamnation de 189 millions d’euros en 2018 pour des faits similaires. L’autorité reproche aux fabricants d’avoir mis en place « des pratiques verticales de fixation du prix de vente de détail » qui empêchaient les consommateurs et consommatrices « de bénéficier de prix plus attractifs pour l’achat de leurs produits de petit et gros électroménager ».

Un prix (fortement) conseillé

Via plusieurs mesures de « rétorsion », telles que des retards ou des arrêts de livraison, des clauses de contrat imposant des « magasins en dur », la dizaine de fabricants concernés faisaient le ménage parmi les revendeurs autorisés à vendre leur produit. Le but ? S’assurer que ces magasins ne descendaient pas en dessous du prix conseillé, « qui était compris par les distributeurs comme un prix à respecter », note l’autorité de la concurrence.

Parmi les distributeurs concernés, on trouve donc Darty et Boulanger qui ont, « non seulement appliqué les consignes de prix, […] mais ont aussi exercé un véritable contrôle des autres distributeurs », note la rue de l’Échelle. Les enseignes n’hésitaient pas à désigner les revendeurs qui ne respectaient pas les prix conseillés ou à demander des « compensations de marge » aux fabricants en cas de concurrence un peu trop agressive de la part de magasins en ligne.

Les marques concernées ainsi que le montant de l’amende infligée // Crédit : Autorité de la concurrence

D’après l’autorité de la concurrence, ces accords se négociaient via un langage « codé » et l’utilisation de sous-entendus : « si tu veux recevoir le produit, tu sais ce qu’il y a à faire » ; « il y a un nouveau produit qui vient de sortir, si tu en veux… ». Plusieurs distributeurs en ligne, lésés par ce système, indiquent que les fabricants avaient « peur d’être enregistrés au téléphone et se méfiaient des mails », préférant les réunions physiques.

Le rétrécissement du commerce en ligne

Résultat, « ces pratiques ont ainsi éliminé la concurrence intra-marque au moment du développement de la vente sur Internet », note l’autorité administrative. Selon les estimations d’un distributeur interrogé dans le cadre de l’enquête « la très grande majorité (environ 95 %) des distributeurs présents en ligne au début des pratiques ont disparu ou ont été rachetés par les distributeurs traditionnels. »

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Seb écope de la plus grosse amende avec 189 500 000 millions d’euros de sanction, suivi de Darty (109 000 000) et de Boulanger (84 350 000). L’autorité estime en effet que les distributeurs « par leurs poids, auraient pu être en mesure de mettre fin aux pratiques anti-concurrentielles ». Sur les douze entreprises visées, dix ont fait le choix de ne pas contester les peines, reconnaissant les griefs. Les sociétés des groupes Seb et Boulanger ont contesté, mais sans réussir à renverser la vapeur.


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