C’est une décision qui aura sans doute de très lourdes conséquences. Dans une déclaration faite le 7 janvier dernier, Mark Zuckerberg a expliqué vouloir lâcher la bride de la modération sur Facebook, Instagram et Threads. Fin du fact-checking, arrivée des notes de la communauté, déménagement de l’équipe de modération au Texas… la firme de Menlo Park semble s’inspirer à plus d’un titre des pratiques d’Elon Musk sur feu-Twitter, ce qui crispe un peu Bruxelles.
Suite aux annonces de Mark Zuckerberg, Clara Chappaz (ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique) a assuré que « cette fonctionnalité ne sera déployée qu’aux États-Unis pour le moment » et qu’en Europe « le Digital Service Act sera respecté. » Une manière de protéger l’Europe des pires dérapages que pourrait entraîner cette décision.
Un faux répit
Ce répit pourrait cependant être de courte durée puisque, comme le révèle le média Contexte, Meta prépare le terrain pour un désengagement du fact-checking en Europe aussi. L’entreprise pourrait très bientôt, comme X, abandonner le « code de conduite européen contre la désinformation ». Cette alliance volontaire des grandes entreprises du numérique avait pour but d’améliorer la lutte contre les fake news à l’échelle des 27.
Jugeant que l’Union européenne « dispose d’un nombre croissant de lois qui institutionnalisent la censure et rendent difficile l’innovation », Mark Zuckerberg cherche donc à se défaire de ses obligations. Petit hic, ce serait précisément cet abandon du code de conduite européen et la bascule de X vers les notes de la communauté qui a valu au site de microblogging une enquête formelle de la Commission européenne pour non-respect du DSA.
La timide réaction européenne
Face aux accusations portées par le patron de Meta, Bruxelles s’est défendu auprès de l’AFP en « contestant toute allégation de censure » et en assurant que « la liberté d’expression est au cœur du Digital Services Act ». Une pique symbolique envoyée vers Meta alors qu’au même moment le journal Le Monde dévoilait que la présidente de la commission avait décidé de mettre « en pause » les enquêtes contre X, Meta et Apple. Une décision prise, semblerait-il, pour ne pas envenimer les relations avec les États-Unis de Trump.
Face à ce recul de l’UE, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot a encouragé Bruxelles à exercer « avec fermeté » ses compétences pour encadrer le débat en ligne, sans quoi « elle devra laisser la liberté aux États membres qui le souhaitent de prendre des mesures nationales. »
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