TikTok, Shein, Xiaomi et d’autres entreprises chinoises ne respectent pas le RGPD, selon une nouvelle plainte

 
Avec la montée en puissance d’acteurs chinois dans le monde du numérique viennent aussi des craintes quant aux mesures de protection des données offertes aux citoyennes et citoyens européens.
Crédit : noyb

Mise à jour à 10h41 le 17/01/2025

Suite à la publication de notre article, la branche française de Xiaomi a tenu à répondre aux accusations et nous a fait passer ce message :

« Nous avons pris connaissance d’une plainte déposée par une organisation à but non lucratif auprès d’une autorité nationale de protection des données en Europe et nous examinons les allégations qui y sont formulées. Le respect de la vie privée des utilisateurs a toujours fait partie des valeurs fondamentales de Xiaomi, qui inclut la transparence, la responsabilité, le droit de regard des utilisateurs, la sécurité et la conformité légale. Notre politique de confidentialité est élaborée pour se conformer aux réglementations applicables telles que le RGPD. En se conformant aux lois et réglementations locales applicables sur les marchés où Xiaomi opère, les données des utilisateurs sont stockées et traitées conformément aux lois locales. Dans le cas où une autorité nationale de protection des données s’adresserait à Xiaomi à l’avenir en raison de cette plainte, nous coopérerons pleinement avec l’autorité pour résoudre le problème. »

Article original :

Peut-on être sûr que nos données sont protégées lorsqu’on utilise un téléphone Xiaomi, qu’on se connecte à TikTok ou qu’on commande un pantalon sur Shein ? Pour noyb, la réponse est non, non et non. L’association autrichienne spécialisée dans la protection des données personnelles vient de porter plainte contre de nombreuses entreprises chinoises opérant sur le Vieux Continent en raison de manquements au RGPD.

Ce tir groupé concerne donc aussi bien les applications TikTok et WeChat que les géants de la mode que sont Shein ou Temu. Et, histoire de ne pas faire de jaloux, AliExpress et Xiaomi sont également visés.

Le risque d’une surveillance étatique

La structure fondée par Max Schrems, qui n’en est clairement pas à son coup d’essai ayant déjà aligné Facebook, Android, Firefox et Twitter, a déposé 6 plaintes pour non-respect du RGPD dans 5 pays différents. Les cibles sont diverses, mais les accusations sont peu ou prou les mêmes.

L’association reproche à toutes ces entreprises de ne pas suffisamment protéger les données de ses clients, notamment en les envoyant sur des serveurs en Chine où leur intégrité est menacée. « Étant donné que la Chine est un état autoritaire habitué à la surveillance, il est évident que le pays n’offre pas le même niveau de protection que l’Union européenne », pointe Kleanthi Sardeli, avocate chez noyb.

Crédit: Solen Feyissa – Unsplash

Logiquement donc, l’association défend le fait que « le transfert de données [vers ce pays] est clairement illégale et doit être stoppé ». Le risque est que ces données arrivent entre les mains du gouvernement chinois, ou tout du moins soient à disposition du pouvoir en place.

Jusqu’à 1,3 milliard d’euros d’amende

Histoire d’appuyer ses dires, noyb relève que les politiques de confidentialité de AliExpress, Shein ou TikTok mentionnent bien des transferts de données vers la Chine. Le rapport de transparence 2022 de Xiaomi confirme aussi « le risque que les autorités chinoises demandent et obtiennent un accès (illimité) aux données à caractère personnel ».

Le pays ne disposant pas d’autorité indépendante de protection des données (comme la Cnil chez nous), noyb exige donc la fin du transfert des données ou l’imposition d’amendes pour non-respect du règlement européen. Ces dernières pourraient grimper jusqu’à 4 % du revenu mondial, représentant 147 millions d’euros pour AliExpress ou 1,35 milliard d’euros pour Temu.

Pour aller plus loin
TikTok : pourquoi les relations avec l’Europe s’enveniment

Si la croisade de noyb semble complexe, l’association est tout de même la mieux placée pour parvenir à remettre ces entreprises dans le droit chemin, puisqu’elle est déjà parvenue à invalider non pas un, mais deux accords encadrant le transfert des données vers les États-Unis.


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