Quand le drone ne sert pas à tuer ni à espionner

 
J’en ai franchement assez de lire toutes les actualités qui entourent les drones : un drone civil repéré au-dessus de la Maison Blanche, dans le jardin de l’Elysées ou chez ma grand-mère, ou encore un énième terroriste tué grâce à un drone. Marre car nous connaissons désormais l’application des drones dans ces secteurs, qu’il s’agisse de l’armée, de l’exploration ou de la surveillance. Les chercheurs de Météo-France et de l’École nationale de l’aviation civile viennent de réaliser une expérience dans un tout autre domaine, l’étude de la qualité de l’air ou encore la santé. Mais c’est loin d’être la seule application possible pour ces appareils volants. Voici un tour d’horizon des initiatives basées sur les drones.
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Des campagnes récemment lancées ont pour objectif de réaliser des mesures grâce à des capteurs miniaturisés, comme des compteurs de particules ou une sonde de vent en 3D. Un test qui intervient dans le projet BACCHUS, un programme européen visant à comprendre l’impact des aérosols sur le changement climatique. Ces mini-drones volent jusqu’à 2000 mètres d’altitude et sur un rayon de 1,5 km. La campagne est menée actuellement à Chypre en collaboration avec le Centre de recherches atmosphériques (CRA) du Laboratoire d’Aérologie de l’Observatoire Midi-Pyrénées.

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Mais c’est loin d’être la seule application. Vous connaissez le drone-ambulancier ? Il s’agit d’un drone qui interviendrait sur les lieux d’accident – comme un accident de la route – pour amener rapidement le matériel nécessaire, un défibrillateur cardiaque par exemple. Les victimes peuvent également être transportées, et le drone-ambulancier se charge de les transférer automatiquement à l’hôpital. Pour le moment, ce projet n’est qu’au stade de « design » – contrairement au précédent exemple – élaboré par un studio nommé Argodesign.

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De son côté, Fleye est un quadricoptère coréen conçu pour l’exploration. Dédié aux touristes, il permet de visiter des lieux dans le monde entier sans mettre un seul pied dehors. De son canapé, il sera donc possible d’observer les images HD d’un parc national, par exemple. Pas convaincu ? Regardez plutôt les images de Dinard (35) sur la Côte d’Emeraude.

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Les vignerons commencent à adopter le drone pour capturer des images de leur exploitation dans le cadre de ce que l’on nomme une « agriculture de précision », un mouvement pour déterminer les zones qui nécessitent moins d’engrais, d’eau ou d’énergie.

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Quant au projet Carus, mené en Aquitaine dans le cadre du cluster Aetos, il a pour objectif de concevoir des drones hétérogènes pour nettoyer un parc naturel. Le drone aérien repérera les déchets, puis enverra un drone terrestre les ramasser.

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Le BTP commence à se servir des drones pour réaliser des modélisations 3D au centimètre près. Pour les inspections, ces images aident à déterminer l’avancement des travaux ou encore à détecter des défauts des matériaux grâce à des logiciels sur mesure.

 

Une technologie de rupture

La bataille contre le changement climatique, le tourisme, le sport, la santé…  autant de domaines prouvant que les drones ne serviront pas seulement à espionner, tuer ou livrer des colis. Il est agréable de parler de robots et drones, mais si vous ne vous engagez pas dans ce mouvement dès maintenant, vous n’allez pas les comprendre, et vous risquez de rejeter violemment cette technologie.

Le drone est une technologie de rupture, qui suit un cycle en quatre phrases (assez proche du cycle de l’innovation de Schumpeter). Nous n’en sommes qu’à la première phase, dans laquelle les entreprises adoptent d’abord une nouvelle technologie pour agir plus efficacement. C’est une phase dirigée par les Early Adopters, qui tentent d’expliquer à leurs collègues l’importance d’investir dans ce secteur.

Ensuite, vient la phase que l’on peut appeler « communication » : les entreprises communiquent largement sur la technologie et ses applications. Ce n’est pas très grave si elles ne les utilisent pas vraiment, néanmoins c’est important de communiquer dessus. On peut citer Amazon et sa livraison de colis par drone. La Poste ou Alibaba lui ont également emboîté le pas.

Comment cette technologie peut-elle améliorer l’expérience utilisateur ou la différencier ? Voici l’étape 3. Les compagnies d’assurances vont appuyer l’utilisation des drones après les catastrophes naturelles, pour avoir rapidement une évaluation des dégâts. Ces drones seront également utilisés pour retrouver des victimes. De plus en plus de services seront basés sur les drones. Dans cette phase, les différentes lois devraient évoluer pour permettre à toutes ces applications de voir le jour.

Enfin, dans la phase 4, le drone devient un produit de consommation. Laver les fenêtres des grands buildings de La Défense, chercher une ordonnance à la pharmacie pour mamie, livrer le goûter (que l’on a encore oublié) aux enfants… les drones seront autonomes. Vous n’aurez plus besoin d’une manette pour contrôler vos drones. Ce jour là, nous aurons certainement oublié que cette technologie était restreinte à l’industrie ou à quelques passionnés.