Toujours intéressé par le rachat de Bouygues Telecom, SFR Numericable ne peut rien faire sans Free

 
Depuis le rachat de SFR par Numericable et les quelques tentatives rapidement avortées de rachat de Bouygues Telecom, il semblait que le paysage de la téléphonie mobile en France soit amené à rester en l’état. Pas tout à fait, si l’on en croit de nombreux bruits de couloirs, qui indiquent que SFR Numericable réfléchirait encore sérieusement à racheter Bouygues Telecom.
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C’est en tout cas ce que dévoile aujourd’hui BFM Business dans un long article revenant sur la volonté de SFR Numericable de racheter Bouygues Telecom. Selon le site français, Patrick Drahi, le PDG d’Altice, n’a pas renoncé à racheter Bouygues Telecom. BFM Business est ainsi parvenu à mettre la main sur une étude d’OFG Recherche parue le 26 janvier dernier et qui indique le prix que SFR Numericable serait prêt à mettre pour racheter Bouygues Telecom. « Numericable communique déjà sur un prix de 8 milliards d’euros […]. Les économies que pourraient apporter le rapprochement sont déjà chiffrées à 2 milliards d’euros ». Avec 8 milliards d’euros, SFR Numericable s’alignerait ainsi sur l’offre proposée par Orange l’année dernière. Une offre qui n’avait pas abouti selon une source de BFM puisque « Orange n’avait pas les moyens de verser une telle somme en cash, et qu’à Bercy, Arnaud Montebourg s’était opposé à un paiement en actions ».

Mais quand bien même SFR Numericable aurait les moyens de racheter Bouygues Telecom, l’entreprise devrait faire face à deux obstacles de taille. Le premier est Free. Non seulement Xavier Niel et Patrick Drahi ne s’entendent pas, mais en plus Xavier Niel voit d’un très mauvais œil un possible retour à trois opérateur en France, qui mettrait à mal la concurrence sur le marché. Or, explique BFM Business, pour racheter Bouygues Telecom, SFR Numericable doit avoir l’accord de l’Autorité de la concurrence. Et si elle ne refuse pas, elle va demander à SFR Numericable de revendre une part de ses fréquences, de ses antennes ou de ses clients pour contrebalancer l’avantage concurrentiel que lui procurerait l’acquisition d’un autre opérateur. Le problème vient justement des acquéreurs de ces actifs. Un expert explique justement à BFM : « lorsque le gendarme de la concurrence impose la cession d’un actif, il accorde en général 6 à 18 mois à l’acquéreur pour vendre cet actif en se débrouillant tout seul. Si au bout de cette période, l’acquéreur n’est pas arrivé à vendre l’actif, alors le processus de cession est repris par un mandataire, qui vend l’actif à n’importe quel prix, y compris bradé ».

Free, le partenaire obligatoire et non désiré

Autrement dit, si SFR Numericable se présente devant l’Autorité de la concurrence sans accord de cession d’une partie de ses actifs à un autre opérateur (en l’occurrence Free Mobile), la vente de ses actifs risque de lui rapporter très peu, voire lui faire perdre de l’argent. Le risque est important, surtout lorsqu’on parle en milliards d’euros. En 2014, lorsque Bouygues Telecom avait tenté de racheter SFR, l’opérateur avait passé un accord avec Free afin de lui céder une partie de ses actifs (une partie de ses antennes et de ses fréquences 4G) pour 1,8 milliard d’euros. Cela lui aurait permis, en cas de réussite du rachat de SFR de se présenter devant l’Autorité de la concurrence avec un repreneur clé en main afin d’augmenter les chances d’acceptation du rachat. Concernant la situation actuelle, si SFR Numericable ne parvient pas à s’entendre avec Free, il y a fort à parier que l’Autorité de la concurrence se montre peu encline à valider un rachat. Un fusion des deux opérateurs semble donc impossible en l’état.

Enfin, il reste une dernière inconnue à prendre en compte : la volonté actuelle de Bouygues à revendre sa filiale télécom. À ce sujet, Martin Bouygues laissait entendre en fin d’année dernière qu’il n’en était plus question après la mise en place d’un grand plan de restructuration. Sans parler du prix de rachat de Bouygues Telecom, dont on ne sait pas exactement à combien Martin Bouygues l’estime. Bref, il est bien peu probable qu’en 2015 le monde des opérateurs soit aussi agité que l’année dernière.


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