Netflix : comment les calculs d’émissions CO2 ont été exagérés

Restez toutefois conscient des impacts environnementaux des vidéos en streaming

 
Un nouveau rapport concernant les émissions de CO2 issues de la consommation de vidéos sur Netflix livre des résultats bien inférieurs comparés aux observations partagées l’année dernière par un think tank français;

Même si elles sont dématérialisées, nos consommations de contenus en ligne ont un impact non négligeable sur l’environnement. C’est notamment le cas de nos sessions de visionnage sur la célèbre plateforme SVoD Netflix. L’année dernière, le think tank français The Shift Project tirait la sonnette d’alarme en indiquant que le service de streaming émettait environ 300 millions de tonnes de CO2 en un an, soit autant que la France en 2018. Sauf qu’une nouvelle étude menée sur le sujet pointe vers des nombres moins importants, comme le relaie Libération.

En se basant, entre autres, sur des analyses de l’Agence internationale de l’énergie (IEA), le site Carbon Brief publie des conclusions moins alarmistes et indique même que l’impact climatique des vidéos en streaming reste relativement modeste par rapport à d’autres secteurs d’activité. Ainsi, George Kamiya — auteur de l’article et coordinateur de projets dans les domaines du numérique, de l’énergie et de la mobilité au sein de l’IEA — dénonce des résultats exagérés.

Des résultats exagérés de 30 à 60 fois

Il explique notamment que l’émission de CO2 sur une session de visionnage de 30 minutes sur Netflix a été surestimée de 30 à 60 fois par « des hypothèses erronées dans un rapport largement diffusé ». Il ajoute en outre que l’impact environnemental du visionnage de vidéos en streaming est modéré par les « améliorations rapides de l’efficacité énergétique des centres de données, des réseaux et des appareils ». En d’autres termes, les estimations exagérées qu’il pointe du doigt n’auraient pas pris en compte ces optimisations dans leur calcul.

Par ailleurs, il estime que l’intelligence artificielle et les blockchains suscitent plus d’inquiétudes sur les impacts environnementaux globaux pour les prochaines décennies.

S’attaquant au rapport de The Shift Project, il dénonce une surestimation du bitrate sur une lecture de vidéo Netflix. En d’autres termes, le think tank français aurait exagéré le nombre de données transmises chaque seconde pendant la lecture en l’évaluant à 24 mégabits par seconde, ce qui serait « six fois plus élevé que la moyenne globale pour Netflix en 2019 (environ 4,1 mégabits par seconde) ».

Ces erreurs viendraient en partie du fait que, dans une de ses opérations, The Shift Project aurait converti par erreur 3 mégabits par seconde en 3 mégas Bytes par seconde, soit 3 mégaoctets. Problème : un octet est égal à huit bits.

Des calculs complexes

De ce papier, on retient surtout le fait que l’impact environnemental de nos comportements sur Internet ne doit pas être pris à la légère. S’il est toujours mauvais de le sous-estimer, il faut aussi se méfier des exagérations afin de pouvoir apporter la meilleure réponse et améliorer nos habitudes. À l’heure où ce genre de services se multiplient — Disney+ arrive en France à la fin du mois par exemple –, il est important de se pencher sur la question correctement.

Enfin, il est bon de rappeler que calculer l’impact réel de la consommation de vidéos en streaming sur le web est un exercice complexe. Pour avoir des points de comparaison encore plus pertinents, nous devrions trouver une manière d’évaluer plus finement les émissions de CO2 engendrées par les appareils via lesquels nous consommons nos contenus en prenant en compte l’énergie consommée non seulement pendant leur fabrication et leur utilisation, mais aussi pendant les phases où ils restent en veille. Plus facile à dire qu’à faire.

Pour aller plus loin
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