La génération automatique par intelligence artificielle, qu’elle soit textuelle, d’imagerie ou audio, fait de plus en plus polémique. Pour qu’elle se développe, elle a besoin de quantités gargantuesques de données. Mais les outils comme ChatGPT ou Midjourney ne demandent pas l’autorisation aux rédacteurs ou aux illustrateurs pour utiliser leurs productions dans l’entraînement de leurs IA. Dans la génération de voix, c’est la même chose.
C’est précisément ce qui dérange l’association Les Voix, qui souhaite voir changer les contrats des comédiens et interprètes travaillant sur du doublage, de la voix-off ou sur des livres audio.
Les acteurs de l’IA vocale à la recherche de voix françaises
Tout part d’un appel lancé par le Voice Lab, une « association française de l’industrie VoiceTech », peut-on lire sur son site. Elle réunit des laboratoires de recherche, mais aussi des entreprises privées travaillant sur le marché de la voix. Dans le contexte technologique actuel, elle s’intéresse évidemment à la génération automatique de voix. C’est pourquoi elle a lancé « une campagne pour demander aux locuteurs francophones de donner, gratuitement, un peu de leur voix », écrit Le Parisien.
L’association dit avoir réuni une trentaine d’acteurs pour réunir un jeu de données de 9 000 heures d’enregistrement. Cela peut paraître beaucoup, mais par rapport aux Gamam, c’est presque une goutte d’eau : « nous sommes des start-up et PME face à des mastodontes comme Microsoft ou Google, qui avec YouTube dispose de millions d’heures », explique Karel Bourgois, président du Voice Lab au journal francilien.
L’inquiétude des comédiens-interprètes grandit
Ce 4 avril, l’association Les Voix a publié un communiqué pour prévenir les comédiens, artistes et interprètes dans le domaine de la voix enregistrée des dangers de ces IA et de l’enregistrement de leur voix.
Plusieurs interprètes se voient proposer des contrats qui « prévoient des cessions de droits très larges non rémunérées pour des utilisations non définies », écrit l’association. Pour cette dernière, « ces enregistrements sont potentiellement utilisés […], notamment pour entraîner des solutions d’intelligence artificielle IA vocales, mais aussi à terme pour être exploités et diffusés sans rémunération. » Les Voix a proposé une longue phrase à ajouter dans tous les types de contrats d’enregistrement audio afin de « permettre de sensibiliser les employeurs et leurs clients à l’utilisation des voix ».
Pour terminer, Les Voix rappelle que « le droit français s’applique à tous les enregistrements en France », que ce soit le droit moral (l’affiliation entre la voix et son interprète, son crédit), mais aussi le droit patrimonial (l’interprète a un droit sur sa voix, que ce soit sa fixation, sa reproduction, sa communication). C’est ce type de droit qui est « cessible au producteur, en contrepartie d’une rémunération ».
https://twitter.com/Max_Hoareau/status/1643221356102705156
Sur Twitter, quelques réactions se sont fait entendre. L’illustratrice et comédienne vocale Athyess dit être angoissée par rapport à ce genre d’IA, rappelant la situation des illustrateurs par rapport aux modèles de génération d’images. Le comédien et co-créateur de Re:Take témoigne en racontant que lui aussi a entendu parler de « faux castings » à des fins d’entraînement. Pour lui, « des gens veulent donc développer des outils archi-rentables en volant la voix des gens à qui ils prendront le travail. » Il demande une meilleure législation de ce secteur culturel et artistique, arguant que « des milliers d’artistes sont menacés par l’arrivée de ces nouvelles technologies. »
Le secteur du doublage se mobilise
De son côté, le rédacteur en chef de SYNCHRO, Olivier Barbery, un magazine spécialisé dans le doublage, a lancé une pétition en ligne adressée à Rima Abdul Malak, Ministre de la Culture. Selon lui, l’« exercice du doublage et nos merveilleux comédiens pourraient être impactés par la technologie des Intelligences artificielles qui reproduisent des voix. »
Sa demande auprès du Gouvernement ne rentre toutefois pas dans le détail : il n’est pas mentionné quelconque demande concrète d’intervention, par légifération notamment. À l’heure actuelle, la pétition a collecté plus de 7800 signatures.
L’IA génératrice de voix se développe rapidement
Comme vu précédemment, le secteur français de la voix s’intéresse à l’intelligence artificielle et à la génération automatique. Les géants des nouvelles technologies ne sont pas en reste : en janvier dernier, on apprenait que Microsoft avait développé un modèle baptisé Vall-E. Trois secondes d’enregistrement d’une voix lui permettent de la reproduire, avec des démonstrations assez convaincantes.
De son côté, Apple a passé l’étape du développement, puisqu’elle utilise des voix artificielles pour une série de livres audio. Enfin, dans le jeu vidéo High On Life, l’un des personnages est doublé par une IA.
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