Depuis quelques semaines, les « AI covers » se multiplient : il s’agit de chansons connues reprises par des célébrités. Le souci, c’est qu’elles ne les ont jamais chantées. En fait, les morceaux ont été générés à l’aide d’une intelligence artificielle.
Squeezie qui chante La Bohème d’Aznavour, Emmanuel Macron qui reprend la Reine des Neiges ou encore Freddie Mercury qui chante le tube Thriller : toutes ces reprises n’ont jamais existé. Toutes ces chansons que vous avez pu voir passer dans les fils d’actualités de vos réseaux sociaux ont effectivement été générées par une intelligence artificielle.
TikTok s’empare des fausses covers réalisées par IA
Comme le fait remarquer le média spécialisé dans les réseaux sociaux Spotters, les chansons générées par IA tendent à envahir les réseaux sociaux. Pour le média toujours, la première utilisation « populaire » daterait de février : il s’agirait d’un morceau réalisé par David Guetta recréant la voix d’Eminem. Pourtant, les deux artistes n’ont jamais collaboré.
S’en serait suivi une tendance sur TikTok (une « trend ») qui « consistait à créer de courtes vidéos dans lesquelles les présidents américains Biden, Obama et Trump, jouaient faussement ensemble à différents jeux vidéo. » La nature des collaborations des covers par intelligence artificielle est plurielle. On trouve les featurings entre rivaux, comme Booba et Rohff, ou la reprise d’un morceau de Booba par Damso. Il y a aussi Frank Sinatra qui reprend Levitating de Dua Lipa : un chanteur d’il y a quelques décennies reprenant une chanson contemporaine. Dans l’autre sens, cela peut être le rappeur Damso chantant La Bohème d’Aznavour. Les covers vont même plus loin : une génération de chanson a permis de faire chanter Drake en français, langue qu’il ne maîtrise pas.
En fait, les détournements vont si loin qu’ils ne se limitent pas à des artistes musicaux. Influenceurs, personnalités politiques, personnages de la pop culture, etc. Beaucoup y passent et il faut reconnaître que certains extraits sont troublants de réalisme. Cela fonctionne d’autant mieux pour les rappeurs usant habituellement de l’autotune (méthode de correction du chant par logiciel pouvant produire un effet robotique) afin d’apporter un grain robotique à leur voix. Sur TikTok, le hashtag #aicover cumule pas moins de 3,1 milliards de vues à l’heure actuelle
L’héritage des YouTube Poop et des mashups : les montages se mettent à l’IA
Tout ceci n’est pas sans rappeler le phénomène des « YouTube Poop », qui a connu un grand succès il y a quelques années sur la plateforme de Google. Il s’agit de vidéos mélangeant divers extraits audios et/ou vidéos dans le but de créer un montage humoristique. Mélangeant memes, vulgarité, absurdité, le tout avec des effets visuels et sonores, elles sont partagées la plupart du temps sur YouTube.
Autre tendance liée aux « AI covers », les mashups musicaux. De nombreux DJ tentent de créer des collaborations entre artistes en reprenant leurs morceaux et en les mélangeant. En francophonie, le plus connu est sans doute Swann, spécialisé dans le rap. Avec ses mashups, il a pu créer des morceaux réunissant Ziak, Freeze Corleone, Ninho et Gazo dans OPPS ou encore Nekfeu, Orelsan, Vald et Alpha Wann dans N.O.V.A.
Des IA entraînées pour créer de la musique
À la différence des mashups ou des YouTube Poops, les covers par IA ne sont pas des montages. Ce qu’elles créent n’existe pas dans la même forme. En fait, ces systèmes intelligents sont entraînés à l’aide d’extraits audios où l’on entend les voix des artistes ou célébrités qui sont repris. Plus il y a de données et plus le « temps de travail » de ces IA est important, plus le résultat est probant.
Plusieurs services en ligne existent sur Internet. Pour quelques euros ou même gratuitement, on peut recréer soi-même la musique de son choix en faisant travailler des IA. Certains services proposent même des voix par défaut et pré-entraînées, ce qui évite d’avoir à ajouter soi-même des données.
Les célébrités sont les plus reprises, mais pas uniquement parce qu’elles sont célèbres
Il existe bien sûr un biais dans la génération de ces voix. Si des comptes sur les réseaux sociaux reprennent des voix de célébrités (chanteurs, influenceurs), c’est tout d’abord parce qu’ils intriguent et par conséquent génèrent de l’audience et des vues. Toutefois, ce n’est pas la seule raison derrière cela.
Un chanteur peut avoir des dizaines de morceaux à son actif, des interventions médiatiques comme des interviews, des podcasts et des représentations en concert. Cela crée énormément d’extraits vocaux et plus il y en a, plus on peut entraîner une IA. Plus une IA est entraînée, meilleure elle est. C’est pour cela que sur certains morceaux générés par IA, le résultat peut être troublant.
Si les « AI covers » s’affichent comme telles, elles ressuscitent néanmoins les craintes quant aux deep fakes qui pourraient être créés. Rien n’empêcherait tout un chacun de fausser une déclaration d’une personnalité politique et de la diffuser sur les réseaux sociaux. Une utilisation détournée aux conséquences potentielles énormes.
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