109 milliards d’euros pour l’IA en France : qui finance et comment va-t-on les dépenser ?

 
Face à la domination américaine et chinoise dans l’IA, Emmanuel Macron dégaine une enveloppe colossale de 109 milliards d’euros. Objectif : faire de la France un leader mondial. Mais, d’où vient cet argent et à quoi va-t-il servir ?

Face à la domination écrasante des États-Unis et de la Chine dans le domaine de l’intelligence artificielle, la France voulait faire sensation pour le sommet de l’IA qui a lieu à Paris cette semaine de février 2025.

Emmanuel Macron a annoncé un investissement colossal de 109 milliards d’euros, une somme qui pourrait redéfinir l’équilibre des forces dans le secteur. Mais d’où vient cet argent et comment sera-t-il utilisé ?

D’où vient cet argent ?

Contrairement aux apparences, les 109 milliards d’euros ne sortent pas directement des caisses de l’État français.

Cette enveloppe résulte d’une combinaison d’investissements publics et privés :

Les Émirats arabes unis, via leur fonds souverain MGX, représentent la plus grande part avec un investissement de 30 à 50 milliards d’euros. Ces fonds seront dédiés à la construction d’un gigantesque centre de données d’une puissance de 1 gigawatt, l’équivalent d’un réacteur nucléaire.

Le groupe canadien Brookfield investira 20 milliards d’euros d’ici 2030, dont :

  • 15 milliards seront consacrés à la construction de data centers
  • La ville de Cambrai devrait accueillir une partie de ces installations

Des acteurs français participent également à l’effort :

  • Le groupe Iliad (Free, Scaleway, Kyutai) engage 3 milliards d’euros pour renforcer ses data centers européens
  • Mistral AI, champion français de l’IA, investit « plusieurs milliards d’euros » dans la construction de son premier centre de données en Essonne
  • Bpifrance, la banque publique d’investissement, débloque 10 milliards d’euros sur la période 2024-2029

Pour aller plus loin
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Quels sont les atouts de la France ?

Premier atout stratégique : le parc nucléaire français offre un avantage compétitif pour le développement de l’IA.

Les modèles d’intelligence artificielle et leur entraînement nécessitent une puissance de calcul colossale, fournie par des data centers extrêmement énergivores.

Avec ses 56 réacteurs nucléaires, la France peut garantir une alimentation stable, décarbonée et compétitive de ces infrastructures.

Cette capacité énergétique est d’autant plus précieuse que l’empreinte environnementale de l’IA devient un enjeu — un seul centre de données prévu dans le plan requiert déjà l’équivalent de la production d’un réacteur nucléaire (1 gigawatt).

L’État a d’ailleurs préparé, avec EDF et RTE, trente-cinq sites « clé en main » pour accélérer l’installation de ces centres de données.

Le deuxième atout majeur repose sur l’excellence de la formation française en mathématiques, ingénierie et recherche.

Les écoles d’ingénieurs françaises, comme Polytechnique ou les Mines, ainsi que les laboratoires de recherche comme l’INRIA, produisent chaque année des talents de niveau mondial dans les domaines clés de l’IA : mathématiques, informatique et sciences des données.

Cette expertise est déjà visible avec l’émergence de pépites comme Mistral AI, fondée par des polytechniciens, qui développe des modèles d’IA qui rivalisent avec les géants américains.

C’est quoi le rapport avec l’Inde ?

L’entretien d’Emmanuel Macron a été diffusé simultanément sur France 2 et sur Firstpost, une chaîne de télévision indienne. Cette double diffusion n’est pas un hasard, elle s’inscrit dans une stratégie géopolitique précise.

Ce rapprochement franco-indien repose sur des intérêts convergents : l’Inde dispose d’un vivier considérable de talents en ingénierie et d’une industrie technologique florissante, tandis que la France apporte son expertise en IA et ses infrastructures de pointe, notamment énergétiques.

Les deux pays partagent également une vision commune : développer leur souveraineté numérique face aux géants américains et chinois.

109 milliards, est-ce beaucoup ?

C’est un gros montant, mais il reste modeste comparé aux investissements massifs des États-Unis et de la Chine.

Aux États-Unis, le projet Stargate, annoncé par l’administration Trump, prévoit un investissement colossal de 500 milliards de dollars d’ici 2029, soit près de cinq fois le montant français. Cette somme considérable vise à construire 20 immenses centres de données pour développer la prochaine génération d’IA, positionnant clairement les États-Unis comme le leader mondial dans ce domaine.

Pour aller plus loin
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La Chine, quant à elle, bien que moins transparente sur ses chiffres exacts, a fait de l’IA une priorité nationale depuis 2017, avec l’ambition affichée de devenir « le premier centre mondial d’innovation en intelligence artificielle » d’ici 2030.

Entre 2013 et 2022, la Chine a investi 95,1 milliards de dollars dans l’IA, le pays est donc en deuxième position derrière les États-Unis qui ont investi 248,9 milliards de dollars sur la même période.


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