ChatGPT transforme vos photos en chef-d’œuvre Ghibli, mais est-ce vraiment légal ?

Tant que le flou juridique persiste, c’est un peu la loterie !

 
En à peine 24 heures, le nouvel outil d’OpenAI a envahi les réseaux sociaux avec des mèmes façon Studio Ghibli. Mais derrière l’amusement, des questions de droit d’auteur pointent le bout de leur nez.

Depuis ce 26 mars 2025, une vague de créativité déferle sur le web. OpenAI a mis à jour son modèle GPT-4o avec un moteur de rendu d’images ultra-puissant, capable de transformer n’importe quelle photo en une œuvre inspirée du Studio Ghibli, le célèbre studio japonais derrière des films comme Mon voisin Totoro ou Le Voyage de Chihiro.

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Résultat ? Les réseaux sociaux croulent sous les mèmes : Elon Musk en héros Ghibli, Donald Trump en esprit de la forêt, et même Sam Altman, le patron d’OpenAI, qui arbore fièrement un portrait revisité comme photo de profil. Mais ce succès fulgurant a un revers : les serveurs d’OpenAI peinent à suivre la demande, et des questions juridiques commencent à émerger.

Comment ça marche ? C’est simple comme bonjour. Vous uploadez une photo dans ChatGPT, vous demandez au modèle de la recréer dans le style Ghibli, et hop, en quelques secondes, vous obtenez une version animée digne d’un film de Hayao Miyazaki.

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Pas besoin d’être un pro : l’interface est intuitive, et le résultat bluffant. Google avait déjà tenté le coup plus tôt ce mois-ci avec son modèle Gemini Flash, qui permettait de jouer avec les styles et même de zapper les filigranes des images. Mais OpenAI a poussé les performances encore plus loin, et ça fait le buzz.

Quand l’IA devient un mème-machine

Ce n’est pas juste une mode passagère : c’est un véritable raz-de-marée. En une journée, les flux X, Threads, Bluesky, Instagram et TikTok se sont remplis d’images générées par GPT-4o.

Cet outil est tellement efficace qu’il est devenu un mème à lui tout seul. Les utilisateurs rivalisent d’imagination, et les partages explosent. Mais ce succès a un prix : mercredi, OpenAI a dû freiner le déploiement de l’outil pour les utilisateurs gratuits, submergé par la demande.

Ce qui rend cette technologie si impressionnante, c’est sa capacité à imiter des styles artistiques complexes. Le “moteur de rendu” – un terme un peu barbare qui désigne la partie de l’IA qui génère les images – a été entraîné sur des tonnes de données visuelles. En gros, il a appris à reconnaître les traits doux, les couleurs pastel et l’ambiance onirique typiques des films Ghibli. Mais voilà, c’est là que ça coince : d’où viennent ces données ? Si OpenAI a utilisé des images tirées des films du studio pour “former” son IA, ça pourrait poser problème.

Droits d’auteur, l’IA dans le flou juridique

Passons aux choses sérieuses. Derrière les éclats de rire et les mèmes, une question revient sans cesse : est-ce que tout ça est légal ? Le style en lui-même – disons, « Ghibli » – n’est pas protégé par le droit d’auteur. En clair, imiter l’esthétique d’un studio ou d’un artiste n’est pas forcément illégal. Mais si OpenAI a entraîné son modèle sur des millions d’images tirées des films de Miyazaki sans autorisation, ça change les choses. On entre alors dans une “zone grise” juridique.

Le débat n’est pas nouveau. Plusieurs groupes médias, dont le New York Times, ont déjà porté plainte contre OpenAI, accusant l’entreprise d’avoir pompé leurs contenus pour entraîner ses modèles sans leur demander leur avis ni les payer.

Même chose pour d’autres boîtes d’IA comme Midjourney ou Meta, qui se retrouvent dans le viseur. OpenAI explique ne pas copier le style, mais l’IA se contente de reproduire des “styles de studio plus larges”. Sauf que des pointures comme Hayao Miyazaki, encore bien vivant, ont façonné l’identité visuelle de Ghibli. Alors, où est la limite ?

Et en France ?

En France, la question de la légalité de l’utilisation d’une IA comme celle d’OpenAI pour générer des images dans le style d’œuvres protégées, comme celles du Studio Ghibli, est également floue.

D’abord, en France, le droit d’auteur protège les créations originales dès qu’elles sont mises en forme – ça inclut les films, dessins et styles distinctifs des artistes, comme ceux de Hayao Miyazaki et du Studio Ghibli. Ce droit donne aux créateurs (ou à leurs ayants droit) le contrôle exclusif sur la reproduction ou l’adaptation de leurs œuvres. Donc, si une IA utilise directement des images ou des extraits de films Ghibli pour s’entraîner et produire quelque chose de très proche, ça pourrait être vu comme une violation du droit d’auteur, surtout si c’est fait sans autorisation.

Mais là où ça se complique, c’est que la loi française (et européenne) ne dit pas clairement si entraîner une IA sur des œuvres protégées est illégal en soi. Depuis la directive européenne de 2019 sur le droit d’auteur (la fameuse Directive 2019/790), il existe une exception appelée “fouille de textes et de données” (ou text and data mining). En gros, ça permet d’analyser des contenus, même protégés, pour en extraire des informations, à condition que les ayants droit n’aient pas explicitement interdit cet usage. En France, cette règle a été intégrée dans le Code de la propriété intellectuelle (article L. 122-5-3). Donc, si le Studio Ghibli ou ses représentants disent “non” à l’utilisation de leurs œuvres pour entraîner une IA, ça pourrait bloquer les choses.

Maintenant, pour l’utilisation concrète des images générées (par exemple, transformer une photo en style Ghibli), c’est une autre histoire. Si vous le faites pour vous amuser, en privé, ça rentre souvent dans l’exception de “copie privée” – c’est légal tant que vous ne diffusez pas. Par contre, si vous partagez sur les réseaux sociaux ou, pire, si vous vendez ces images, vous entrez dans une zone risquée. Les ayants droit pourraient considérer que vous exploitez commercialement leur style sans permission, même si l’IA a “recréé” l’image à partir de zéro. Le style en lui-même n’est pas protégé directement, mais s’il est trop reconnaissable et lié à une œuvre précise, les tribunaux français pourraient y voir une contrefaçon ou un acte de concurrence déloyale.

Pour l’instant, les tribunaux n’ont pas tranché. Certains juges se demandent si utiliser des œuvres protégées pour entraîner une IA relève du “fair use” (usage équitable), une exception légale qui autorise certaines utilisations sans permission. En attendant, les utilisateurs s’en donnent à cœur joie, et on les comprend.


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