Concurrence déloyale : pour Google, l’Europe freine l’innovation

Les méchants c'est pas très gentil

 
Attaqué de toutes parts pour abus de position dominante, Google se défend devant la justice européenne. Selon le géant américain, les poursuites engagées par l’Europe freinent l’innovation.
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Crédits : Unsplash / Mitchell Luo

Alors que les professionnels de la réservation de vacances s’attaquent à Google pour pratiques anticoncurrentielles, le géant américain doit d’abord régler une affaire similaire vieille de trois ans.

En juin 2017, Bruxelles lui infligeait une amende de 2,42 milliards d’euros pour abus de position dominante dans la recherche en ligne. À l’époque, Google était accusé de favoriser son service Google Shopping dans les résultats de recherche au détriment de ses rivaux. Cette affaire s’ajoute à deux autres cas similaires portant le montant total des amendes à 8,25 milliards d’euros. Aujourd’hui, le géant américain se défend en appel au Luxembourg dans « l’affaire Google Shopping ».

« Le droit à la concurrence n’oblige pas Google à freiner l’innovation »

Thomas Graf, avocat de Google, a choisi un axe de défense clair. Selon lui, non seulement Google n’a pas favorisé son service, mais les attaques des instances européennes freinent l’innovation.

Le droit de la concurrence n’oblige pas Google à freiner l’innovation ou à compromettre sa qualité pour accommoder ses rivaux. Dans le cas contraire, la concurrence serait restreinte et l’innovation serait étouffée. L’argument de la décision est que Google n’aurait pas dû introduire ces innovations, à moins qu’il n’ait donné le même accès à des services d’achat comparatif concurrents.

Nicholas Khan, avocat de la Commission européenne, estime (non sans une certaine ironie) que Google utilise des arguments de l’Union européenne pour se défendre.

Google s’est engagé à tirer parti de comportements du type de ceux qui ont été jugés abusifs à de nombreuses reprises en vertu du droit européen de la concurrence. Sur le plan conceptuel, cette affaire n’a rien d’ésotérique. C’est comme si Google avait appliqué un algorithme de classement à la décision et avait décidé que certaines parties de celle-ci n’étaient tout simplement pas pertinentes.

La décision des juges devrait intervenir cet été et pourrait sceller définitivement le sort de Google. En effet, ce jugement pourrait faire office de jurisprudence pour Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la Concurrence et au numérique, qui n’hésite pas à bousculer les géants du numérique américains.

Ainsi, si Google est condamné dans cette « affaire Google Shopping », la Commissaire européenne pourrait condamner automatiquement l’américain dans deux autres affaires : celle portant sur la position dominante d’Android ainsi que celle concernant la régie publicitaire de Google. Autant dire que les enjeux de ce jugement sont considérables.


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