Protection des mineurs : le CSA menace de bloquer 5 des sites porno les plus populaires

Pornhub, Tukif, Xhamster, Xvideos et Xnxx dans le viseur des autorités

 
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a sommé hier cinq sites pornographiques populaires de restreindre (efficacement) l’accès des mineurs à leurs contenus. Jusqu’à présent, seul un disclaimer était affiché permettant un accès sur simple déclaration… sans vérification de l’âge des visiteurs.
5 sites pornographiques populaires s’exposent désormais à une mesure de blocage concrète s’ils ne restreignent pas leurs accès aux mineurs // Source : Charles Deluvio – Unsplash

Le CSA a sommé ce lundi 13 décembre Pornhub, Tukif, Xhamster, Xvideos et Xnxx d’empêcher aux mineurs l’accès à leurs contenus. Un délai de 15 jours est accordé à ces cinq sites pornographiques, classés parmi les plus populaires en France, pour mettre en place une vérification effective de l’âge des visiteurs. Passé cette période, les plateformes concernées s’exposent à une mesure radicale : leur blocage pur et simple sur le territoire français par le biais des FAI (fournisseurs d’accès internet).

Comme le rappelle Le Monde, cette mise en demeure s’inscrit dans le cadre de la loi du 30 juillet 2020 sur les violences conjugales. Cette dernière stipule notamment que les sites pornographiques ne peuvent plus uniquement se contenter de demander à l’internaute s’il est majeur pour vérifier son âge. De quoi permettre en théorie un filtrage plus strict des utilisateurs. Pour faire appliquer la loi, le président du CSA est désormais habilité à saisir le président du tribunal judiciaire afin de mettre en place un blocage des sites contrevenants.

Les régulateurs français montent au créneau

« Avec ces décisions, nous en appelons à la responsabilité des opérateurs qui se doivent de mettre en place les dispositifs nécessaires pour empêcher l’accès des mineurs à leurs contenus », a déclaré le CSA contacté par l’AFP. « Un mineur, et en particulier un enfant, qui se retrouve devant des contenus inadaptés, tels que les contenus pornographiques, peut être durablement, et a minima, choqué ».

« Nous sommes très contents de cette initiative du CSA et confiants [dans le fait] que cela puisse aboutir », a pour sa part déclaré Justine Atlan de l’association e-Enfance, également interrogée par l’AFP. « Il est important de mettre sous pression les sites pornographiques pour qu’ils ne puissent pas continuer à ne pas respecter le cadre légal de l’industrie qu’ils ont choisi, qui stipule de ne pas exposer les mineurs à la pornographie », a-t-elle ajouté.

Source : Charles Deluvio – Unsplash

Fin novembre 2020, le CSA avait été saisi par trois associations familiales et de protection de l’enfance, qui visaient au départ la mise en demeure de 8 sites pornographiques. Au final, cinq ont donc été retenus pour l’instant.

S’il venait à être prononcé, ce blocage impacterait sensiblement l’activité de certains sites. Une interview réalisée par NextINpact révélait par exemple que 60 % du trafic enregistré par le site Tukif provient de France, « soit entre 12 et 18 millions d’utilisateurs uniques par mois pour un total de plus de 20 millions de visites mensuelles depuis la France », pouvait-on lire.

Revers de la médaille, un blocage de ces gros sites, ou la mise en place de mesures trop strictes de filtrage des visites, pourrait aussi conduire à une fuite des utilisateurs vers d’autres plateformes, cette fois non régulées, ne collaborant pas avec les autorités sur la question du revenge porn ou de la pédopornographie.

Pour aller plus, n’hésitez pas à lire l’enquête de Numerama concernant des centaines de vidéos de viols diffusées par l’un des sites visés par le CSA.


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