C’était une conférence de presse sous haute tension. Trois jours après la dissolution de l’Assemblée nationale, le président Emmanuel Macron s’est longuement expliqué devant un parterre de journalistes désireux de savoir quelles étaient les prochaines étapes pour l’exécutif. Au milieu d’une longue liste de justifications et de mesures à mettre en place, il est revenu sur le rapport d’expert préconisant l’interdiction des smartphones avant 11 ans.
Le locataire de l’Élysée a indiqué vouloir « prendre des décisions claires pour protéger nos enfants » en « ne permettant pas l’usage des téléphones avant 11 ans, et surtout l’accès aux réseaux sociaux et à leur usage avant l’âge de 15 ans ». Des mesures dans la droite lignée de ce que prévoyait le rapport remis à l’exécutif fin avril 2024. Selon le président, « l’addiction aux écrans est le terreau de toutes les difficultés : harcèlement, violence, décrochage scolaire ». En plus d’éviter une exposition trop précoce aux smartphones, Emmanuel Macron voudrait donc instaurer un âge pour la majorité numérique, mesure symbolique qui « protège » les enfants, affirme-t-il.
Des mesures symboliques
Quoi qu’on pense de ces mesures, elles seront concrètement difficiles à faire appliquer dans les faits. D’abord pour des questions politiques, car à moins d’avancer sur ce sujet par décret dans les trois prochaines semaines, Emmanuel Macron devra légiférer avec une Assemblée nationale recomposée à partir du 7 juillet prochain. Rien ne dit que les forces politiques qui siégeront alors au Palais Bourbon auront envie de discuter de ce sujet en particulier.
Deuxièmement, parce que, comme nous le relevions déjà lors de la publication du rapport, la volonté d’interdiction des smartphones avant 11 ans est purement symbolique. Cela relève en effet de la sphère privée et il est impossible d’empêcher des parents d’équiper leurs enfants à l’âge qu’ils estiment le plus approprié. Selon une étude Médiamétrie de 2020, l’âge moyen d’obtention du premier smartphone est déjà de 9 ans et 9 mois environ. Il est évidemment possible d’interdire les smartphones à l’école, mais hors des murs, les enfants et les parents ne pourront pas être limités dans leurs usages du numérique.
La majorité numérique… et la réalité
Enfin, sur le sujet de la majorité numérique, l’Assemblée nationale a en fait… déjà statué. En 2023, les députés adoptaient en effet un texte fixant cet âge à 15 ans comme le souhaite Emmanuel Macron. En revanche, aucun décret d’application n’a été publié sur le sujet, rendant l’application de la loi complexe. Dans les faits, selon une étude de la Cnil, la première inscription sur un réseau social interviendrait en moyenne vers l’âge de 8 ans et demi, alors même que la plupart des plateformes sont interdites aux moins de 13 ans. Là aussi, entre l’adoption et l’application effective de la loi, il y a un fossé.
Pour aller plus loin
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En plus de ça, comme le président l’a lui-même reconnu sur X/Twitter, le sujet de la majorité numérique ne peut se régler qu’au niveau européen. La composition du parlement européen ayant également évolué suite aux élections du 9 juin, difficile de progresser sur cette question dans un tel contexte de changement des dynamiques politiques. En l’état, les évolutions proposées par le président de la République sont donc purement symboliques et destinées à proposer un avenir législatif désirable au milieu d’une campagne législative quelque peu chaotique.
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