Vous voilà en train de scroller tranquillement sur votre réseau social préféré et vous tombez sur une vidéo d’un candidat à la présidentielle américaine tenant des propos choquants. Votre premier réflexe serait probablement de vous indigner, de partager, peut-être même de changer d’avis sur ce candidat.
Mais que se passerait-il si cette vidéo était une pure création, réalisée de toutes pièces par une intelligence artificielle ? C’est exactement le scénario qui s’est joué récemment avec une vidéo trafiquée de Kamala Harris, candidate démocrate à l’élection présidentielle, partagée par nul autre qu’Elon Musk.
Mais avant de plonger dans le vif du sujet, faisons un petit point technique : qu’est-ce qu’un deepfake exactement ?
Un deepfake, c’est comme un tour de magie numérique. En utilisant des algorithmes d’intelligence artificielle super pointus, on peut créer des vidéos ou des enregistrements audio qui semblent parfaitement authentiques, mais qui sont en réalité totalement fabriqués. L’IA analyse des milliers d’images et de sons d’une personne pour apprendre à imiter sa voix, ses expressions et ses mouvements. Résultat ? On peut faire dire ou faire n’importe quoi à n’importe qui, de manière hyperréaliste.
Les dangers des deepfakes en politique
Revenons à notre affaire. Elon Musk, le patron de X (anciennement Twitter) et fervent soutien de Donald Trump, a partagé une vidéo montrant supposément Kamala Harris annoncer sa candidature à la présidence. Dans cette vidéo vue plus de 100 millions de fois, on entend « Harris » dire des choses comme « Je suis votre candidate démocrate à la présidence parce que Joe Biden a finalement révélé sa sénilité lors du débat« .
Sauf que voilà, cette vidéo est un deepfake. La vraie Kamala Harris n’a jamais prononcé ces mots. C’est une IA qui a généré sa voix et ses propos. Et le problème, c’est qu’Elon Musk n’a jamais signalé que c’était un faux. Résultat ? Des millions de personnes ont potentiellement été induites en erreur.
C’est là que ça devient vraiment flippant. On peut littéralement mettre des mots dans la bouche des politiciens, créer des scandales de toutes pièces, ou même influencer le cours d’une élection. Et avec la vitesse à laquelle ces contenus se propagent sur les réseaux sociaux, le mal peut être fait bien avant que quelqu’un ait le temps de crier « fake news ! ».
Selon les règles de X, « les médias synthétiques, manipulés ou hors contexte qui peuvent tromper ou embrouiller les gens et entraîner des préjudices » ne sont pas autorisés sur la plateforme.
Mais X affirme que la satire ne viole pas ses règles tant qu’elle ne « provoque pas de confusion significative sur l’authenticité des médias ». Cependant, même avec une interprétation indulgente de ces règles, il semblerait que le partage du deepfake de Kamala Harris par Elon Musk ait violé le règlement du réseau social.
Face à ces critiques, Elon Musk a répondu avec son style caractéristique, citant une « autorité mondiale renommée, le professeur Suggon Deeznutz » (un nom clairement inventé pour l’occasion), qui aurait affirmé que « la parodie est légale en Amérique ». Cette réponse, bien que tentant de désamorcer la situation par l’humour, ne fait que souligner la complexité du problème et le flou qui existe entre parodie et désinformation potentiellement dangereuse.
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