La guerre culturelle suit toujours son cours au sein de l’industrie du jeu vidéo. En pleine année d’élection aux États-Unis, une partie de l’extrême droite a décidé d’utiliser le jeu vidéo comme terrain d’affrontement pour faire progresser les idées les plus réactionnaires.
En début d’année, la société Sweet Baby Inc, une entreprise de consulting pour les développeurs de jeux vidéo, en avait fait les frais avec une campagne de harcèlement sur Internet.
Depuis, le mouvement Gamergate version 2024 continue son bonhomme de chemin. Pour ces joueurs, la fermeture annoncée du studio Firewalk Studios et ses 170 employés par Sony PlayStation est une grande victoire à célébrer.
Mais le groupe a déjà un nouveau jeu et un autre éditeur dans le viseur.
C’est quoi le Gamergate ?
Le gamergate est le nom donné à ce mouvement réactionnaire né sur le web en 2014 et qui a servi de terreau pour une partie de la campagne de Donald Trump en 2016. À l’image de l’influence de l’extrême droite sur les forums de jeuxvideo.com en France, il s’agit d’un réseau qui a utilisé le jeu vidéo comme point de lancement pour une bataille culturelle.
À l’époque, la question était la place de la femme devant et derrière l’écran d’un jeu vidéo. Ces personnes estimant qu’une femme ne pouvait pas jouer aux jeux vidéo en dehors de Candy Crush ou des Sims, et qu’elle pouvait encore moins participer au développement d’un jeu vidéo.
Aujourd’hui, cette question reste, mais elle a été complétée par un épouvantail bien plus simple à agiter : la question du genre et les personnes trans.
Ce qu’il faut savoir sur le Gamergate 2024
En 2024, le Gamergate se focalise donc sur la question du genre, un sujet souvent mal compris qui permet de facilement choquer les foules au moment où l’homosexualité fait de moins en moins peur.
Cette bataille culturelle passe par le combat contre le « DEI », pour « Diversity, equity, and inclusion », une méthode d’organisation qui doit encourager l’intégration et l’égalité, au travers de formation et de recrutements plus divers. Si un joueur vous parle de « DEI », cela doit vous mettre la puce à l’oreille. Il y a aussi une peur viscérale des pronoms personnels : il, ils, elle, elles, iel, iels et leurs équivalents en anglais.
Le Gamergate 2024 c’est aussi de nouvelles méthodes de ralliements. Cela passe par des comptes Twitter Premium amplifiés par l’algorithme pour leur propos clivants et compatibles avec les positions d’Elon Musk.
Cela passe aussi par des vidéos YouTube, là encore conçues pour être favorisées par l’algorithme et rapporter de l’argent en misant sur la rage des joueurs. Toutes utilisent le même format : une personne (généralement un homme blanc) vous explique face caméra pourquoi vous devez être énervé pendant une dizaine de minutes (suffisamment pour avoir de la publicité sur YouTube). Des vidéos tournées sous forme de « révélations » faciles à produire et à publier. Les chaines dont c’est la spécialité en publient plusieurs par jour.
Tous ces contenus ont des points communs. Ils estiment que le journalisme représente la corruption et le danger. Ils tracent des liens entre une baisse perçue de la qualité des jeux vidéo par certains et des jeux mettant en avant la diversité. Seuls les jeux asiatiques avec des personnages hypersexualisés comme Stellar Blades ont leurs faveurs.
Ainsi, l’échec d’un jeu comme Concord est pour eux la preuve qu’ils sont dans le vrai, mettant de côté le succès d’un jeu comme Baldur’s Gate 3. Le RPG de Larian permet pourtant également de choisir son pronom et des relations homosexuelles.
Il y a enfin le réseau de serveurs Discord où les membres du Gamergate se réunissent. Dans ces espaces de libertés, loin de la modération des grandes plateformes, ils peuvent plus facilement exprimer leur transphobie, mais aussi un sexisme plus basique. Un terrain où ils vont utiliser l’IA générative pour « corriger » le design de personnages pas suffisamment sexualisés à leur goût.
Dragon Age : la nouvelle cible
Si l’annonce de la fermeture du studio Firewalk par PlayStation a été la grande actualité du mardi 29 octobre, le Gamergate 2.0 ne veut pas se laisser distraire de sa nouvelle cible : la sortie du jeu Dragon Age : The Veilguard par le studio Bioware.
Le jeu a remporté un joli succès critique (82 sur OpenCritic), et représente une bonne surprise pour la presse spécialisée, après un développement du jeu connu comme ayant été chaotique (le travail a commencé en 2015).
Pour le Gamergate, ce jeu développé en occident réunit tout ce qu’il faut combattre dans le jeu vidéo moderne. Ils estiment que la seule raison possible pour que le jeu (auxquels ils n’ont, eux, pas encore joué) ait obtenu de bonnes notes est une corruption massive de la presse spécialisée. Un jeu dont ils voient, basés sur quelques captures d’écran, qu’il proposera de choisir son genre et une diversité physique de ses personnages. Un élément pourtant traditionnel des jeux Bioware qui intégraient déjà des histoires LGBT dès ses premiers jeux.
Le résultat de cette nouvelle campagne, c’est le passage en privé d’un certain nombre de comptes de développeurs Bioware sur les réseaux sociaux, suite à du harcèlement. Évidemment, cela touche avant tout les comptes de développeuses.
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