Les associations de défense de la vie privée s’y opposent déjà, mais qu’importe, l’Inde s’engage sur le sentier tortueux de la reconnaissance faciale dévolue au maintien de l’ordre. Un appel d’offres a ainsi été émis dans l’objectif de concevoir un dispositif capable d’exploiter conjointement le réseau existant de caméras de surveillance et plusieurs bases de données biométriques. Ce système permettrait in fine d’identifier des personnes en se basant sur des données issues de sources variées : photos émanant de la presse, fichiers de recensement ou encore signalement spontanés, indique Le Figaro. Des sources détenues dans certains cas par différentes institutions, apprend-on.
Mieux encore pour les autorités indiennes, le système a vocation à simplifier grandement les recherches par rapport au protocole actuel.
Simplifier la recherche d’individus tout en utilisant un fichier biométrique pour l’heure inexploité
Et pour cause, le dispositif actuellement utilisé par les services de Police locaux nécessite des demandes d’accès qui tendent à ralentir les recherches. De quoi pousser le bureau national de collecte de données criminelles (NCRB) à soutenir l’élaboration diligente de ce système de reconnaissance faciale, qui pourrait « jouer un rôle crucial dans l’identification des criminels en facilitant l’accès, le partage et l’analyse des informations entre différentes institutions. Permettre un accès rapide à ces informations pourrait grandement augmenter l’efficacité des opérations de maintien de l’ordre ».
Le dispositif de reconnaissance faciale voulu par l’Inde doit en effet permettre de piocher dans le fichier biométrique « Aadhaar ». Créé en 2010, il totalise désormais plus d’un milliard de profils, mais n’est pas encore accessible à la Police indienne. Cela pourrait changer.
Le gouvernement indien partagé, comme d’autres, sur le respect de la vie privée
Reste que l’Inde se confronte dès à présent aux associations de défense de la vie privée. Opposées au projet (dont les modalités, les objectifs et la régulation ne sont pas encore clairement définis), ces associations peuvent se prévaloir d’un jugement rendu en 2017 par la Cour suprême indienne. Cette dernière statuait que la vie privée est un droit fondamental. Une décision de justice ignorée depuis par le gouvernement, qui a donné accès aux données et communications de citoyens indiens à plusieurs agences de renseignement.
Comme le rappelle Le Figaro Tech, les pays européens sont eux aussi partagés (et parfois ambigus) sur les questions du respect de la vie privée et de la posture à adopter quant à la reconnaissance faciale.
Testée à Londres en 2018, cette technologie avait suscité de vives réactions. De vives réactions qui n’avaient pas empêché, quelques mois plus tard, la justice britannique d’estimer qu’identification faciale et respect de la vie privée n’étaient pas incompatibles. Un rapport, publié par la Police anglaise, pointait néanmoins que cette technologie nécessite encore de franches améliorations avant d’être vraiment opérationnelle. Un taux d’erreur de 81 % était alors évoqué sur le système utilisé outre-Manche.
Dans l’Hexagone, Nice fait figure de précurseur en la matière. Le 20 février dernier, la municipalité chapeautée par Christian Estrosi réalisait un essai d’envergure durant son Carnaval. Ce test, encadré par la CNIL et réalisé sur la voie publique, devait mettre à l’épreuve la reconnaissance faciale dans différents scénarii, comme l’identification d’un enfant perdu dans la foule ou la recherche d’un suspect. Un millier de volontaires avaient alors accepté de jouer aux « cobayes » pour permettre de mesurer l’efficacité du système déployé pour l’occasion.
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