Tout le monde l’accuse d’avoir eu les mains moites. Après de nombreuses circonvolutions, Elon Musk s’est finalement retiré des tractations qui le liaient à Twitter pour le rachat du réseau social. Faisons le point sur l’affaire et les différentes conséquences possibles.
Des hauts et débats pour la liberté d’expression
Revenons tout d’abord trois mois plus tôt. En avril, l’homme le plus riche du monde investissait dans Twitter pour s’octroyer 9,2 % des parts de l’entreprise, devenant ainsi son premier actionnaire. Cette nouvelle a bien évidemment fait bondir le cours de l’action de 39 à plus de 50 dollars. Commencent alors de véritables montagnes russes.
Après cette importante prise de participation, Parag Agrawal, le patron de Twitter a invité Elon Musk à rejoindre son conseil d’administration, ce qu’il a d’abord accepté… avant de finalement se désister. Et pour cause, puisqu’il avait à ce moment-là une autre idée en tête : racheter complètement le réseau social pour en « débloquer son potentiel extraordinaire » et changer le monde en créant une place où la liberté d’expression n’aurait enfin plus de limites.
Une offre difficile à refuser
Le 14 avril, le boss de Tesla et Space X annonce donc avoir fait une offre à 44 milliards de dollars pour racheter l’oiseau bleu, soit un prix de 54,20 dollars par action. Une offre difficile à refuser pour la société.
Un mois aura seulement fallu au magnat pour commencer à douter. La liberté d’expression telle qu’il l’imagine est bien compliquée à maintenir : dans de nombreux pays, les lois limitent ce qu’il est possible de dire. En France, par exemple, les appels à la haine et au racisme (pour citer uniquement cela) sont strictement interdits. Est-ce que c’est cela qui l’a incité à suspendre son rachat le 13 mai ? Pas officiellement. Elon Musk se justifie alors en expliquant attendre plus d’informations concernant le taux de faux comptes sur le réseau social. Twitter en annonce moins de 5 %, son richissime acquéreur doute. L’action Twitter rechute à 37 dollars l’unité, plus aucun actionnaire n’y croit.
Que risque Elon Musk ?
Le milliardaire a demandé de vérifier si le nombre de faux comptes représentait bien moins de 5 % du volume des abonnés Twitter, laissant penser qu’il pourrait utiliser cette information pour baisser son offre. Twitter lui a fourni les données en question, mais le 8 juillet, Elon Musk a finalement annoncé officiellement son retrait aux autorités financières. L’accord est caduc.
Sauf que dans un pays où le droit à l’avortement n’est plus une liberté fondamentale, la technique du retrait est dangereuse, et cela vaut aussi dans le monde des affaires. Le deal avait été officiellement déposé auprès des autorités compétentes et celui-ci contient une clause d’abandon. Dans un sens comme dans l’autre, le parti décidant de ne plus aller au bout devra payer des indemnités de rupture de contrat à hauteur d’un milliard de dollars. Mais ce n’est pas aussi simple.
L’accord précise que ce dédommagement aura lieu si Elon Musk n’est pas en mesure de réunir les fonds nécessaires pour le rachat ou si Twitter trouve un nouvel acheteur ou si son conseil d’administration vote contre l’offre de rachat. Twitter, par la voix de Bret Taylor, a confirmé « prévoir d’engager une action en justice pour faire appliquer l’accord de fusion » et s’estime « convaincu d’obtenir gain de cause devant la Cour du Delaware ».
Toujours est-il qu’il n’est pas dit qu’Elon Musk paye quoi que ce soit. Si la Cour du Delaware estime que l’homme le plus riche du monde est dans son bon droit et que Twitter a bien « violé plusieurs dispositions de l’accord avec des déclarations fausses et trompeuses » comme l’affirme Elon Musk, c’est peut-être même ce dernier qui pourrait gonfler son portefeuille. Quoi qu’il en soit, Elon Musk pourra toujours se tourner vers l’accord initial si l’affaire tourne mal au tribunal et payer son milliard d’indemnisations. Une goutte d’eau pour un homme qui pèse plus de 230 milliards de dollars à l’heure actuelle.
De son côté, Twitter souffre de l’annonce. Après une chute spectaculaire après clôture faisant retomber l’action TWTR à 34 dollars, le cours semble se stabiliser autour de 35 dollars, soit une baisse d’environ 5 %. Pour une entreprise valorisée à près de 30 milliards de dollars, cela représente donc… 1,5 milliard. À voir si les montagnes russes continuent dans les prochaines semaines.
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