Ce site de piratage va bientôt mourir, mais pas pour les raisons que vous imaginez

« Plus personne n’a besoin d’un dinosaure comme nous »

 
Après 17 ans d’activité, le site de partage de fichiers Zippyshare annonce fermer ses portes à la fin du mois de mars 2023. Connu pour être peu regardant sur l’hébergement de fichiers musicaux illégaux, ce vétéran de la vague de piratage pré-plateformes de streaming légales ne ferme pourtant pas par pression des ayants droits.

 

Le site de partage de fichiers Zippyshare va fermer ses portes fin mars 2023 après 17 ans d’activités… pas toujours légales. // Source : Capture d’écran Frandroid

C’est l’un des vétérans de l’internet des années 2000 et 2010. Créé il y a 17 ans, le site de partage de fichiers Zippyshare a annoncé par la voix de ses administrateurs « mettre fin au projet à la fin du mois » de mars 2023, dans un billet de blog publié le dimanche 19 mars. Permettant d’héberger et télécharger des fichiers gratuitement à hauteur de 500 Mo, le site est connu comme l’un des acteurs majeurs de la vague de piratage de musique préplateformes de streaming légales comme Spotify ou Deezer.

Au début des années 2000, l’arrivée concomitante des logiciels de téléchargement P2P et des baladeurs numériques MP3 provoque un changement des besoins et habitudes des consommateurs, préférant le piratage à l’achat de CDs en magasin. C’est sur ce créneau que s’est placé Zippyshare : comme Rapidshare, Hotfile ou Megaupload, tous disparus aujourd’hui, ce site peu regardant sur les droits d’auteurs permettait de télécharger gratuitement de nombreux fichiers musicaux illégaux.

Au point d’être cité en 2015 dans un rapport du gouvernement fédéral des États-Unis comme un des « marchés notoires » de la distribution illégale de musique. Et pourtant, ce n’est pas par pression des ayants droit que Zippyshare ferme aujourd’hui ses portes.

Adblock, factures d’électricité et désintérêt

Deux raisons sont avancées dans le billet de blog du site. D’abord, la baisse des revenus des publicités affichées sur le site (seul modèle économique de Zippyshare) dû à popularisation des bloqueurs de publicités. Une annonce peu étonnante : le site était notamment connu pour ses encarts publicitaires invasifs. Les administrateurs reconnaissent d’ailleurs un cercle vicieux : « pour payer l’infrastructure du serveur, vous êtes obligé de placer de plus en plus de publicités, puis les utilisateurs mettent de plus en plus de bloqueurs de publicités et nous arrivons à la situation actuelle ».

Zippyshare évoque aussi l’augmentation des frais d’électricité des serveurs, multipliés par 2,5 en une seule année. Mais surtout, les administrateurs reconnaissent que les internautes sont de moins en moins nombreux à utiliser le site : « Je suppose que toutes les entreprises concurrentes de service de stockage de fichiers sur le marché ont une meilleure apparence, offrent de meilleures performances et plus de fonctionnalités. Plus personne n’a besoin d’un dinosaure comme nous. »

Au final, malgré son blocage par DNS en 2019 au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne, la lutte contre le piratage n’aura pas été la cause de la fermeture de Zippyshare. Son attitude plus docile face aux demandes de suppression de contenu des ayants droit aura permis au site de survivre à ses concurrents… pour finalement mourir par désintérêt de son public.


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