Ne pas mettre les enfants devant les écrans. Ne pas les laisser sans surveillance. Les tenir éloignés des jeux vidéo qui nuisent à leurs comportements et à leur croissance… S’il y a bien une chose actée, c’est que l’écran, sous toutes ses formes, est devenu un élément de notre quotidien. Écran de smartphone, d’ordinateur, de télévision, voire d’appareils connectés : il est partout et il est nécessaire de savoir vivre avec.
De Shadow à l’éducation
Comme pour le reste des loisirs et distractions potentielles, il faut apprendre aux enfants — et aux grands aussi parfois — à utiliser les écrans avec parcimonie et un soupçon d’intelligence. C’est tout cela qui transparaît derrière le projet PowerZ, conçu par trois anciens de Blade, l’entreprise derrière Shadow, le cofondateur Emmanuel Freund, Yann Carron de la Carrière et Arnaud Lamy. Et c’est non sans fierté, et quelques angoisses, qu’ils ont lancé ce lundi le tout premier chapitre de leur jeu vidéo gratuit dédié à l’apprentissage.
Et dans leurs pas se sont engagés une foultitude d’investisseurs et de partenaires comme Bayard, Hachette Livres ou encore Pierre Kosciusko-Morizet (fondateur de PriceMinister), Michaël Benabou, cofondateur de Veepee (ex-Vente-Privée .com), Octave Klaba (fondateur d’OVHcloud) et bien d’autres acteurs de la tech. C’est dire si le projet est porteur de légitimes ambitions de toutes parts.
« Un mouvement pour faire évoluer l’éducation ». C’est ainsi qu’Emmanuel Freund nous décrivait son projet lorsque nous l’avions rencontré en septembre 2020 alors que PowerZ n’en était qu’à ses balbutiements. Si avec Shadow, ce papa de deux enfants avait su révolutionner l’informatique avec son cloud computing innovant, il a bien conscience de s’attaquer cette fois à un domaine qu’il maîtrise moins. « L’éducation n’aime pas la technologie et la technologie n’aime pas l’éducation », clame-t-il comme pour brouiller les pistes.
C’est pourtant bien les deux univers qu’il veut mêler au sein de PowerZ, un concept qu’il ne s’attend pas forcément à voir séduire le milieu scolaire. Mais avec sa bonhomie et le petit grain de folie qui le caractérise, il garde foi en son projet et l’envie de bien faire pour les enfants.
Enseigner par le jeu vidéo sans s’en rendre compte
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Des enfants au cœur évidemment de PowerZ, un monde virtuel qui n’est pas sans rappeler leurs dessins animés et leurs jeux vidéo. Mais ici, il n’est pas seulement question de jouer ou d’être spectateurs. Ils sont là pour apprendre, avec évidemment des codes vidéoludiques qu’ils connaissent bien pour mieux apprivoiser la plateforme logicielle.
Bienvenue dans un monde fictif où le savoir est la clé, et où celui des enfants va s’enrichir au fil des chapitres et de leur progression. Calcul, lecture, sens de l’observation et de la réflexion, météo, environnement, littérature… tous les enseignements sont disséminés aux quatre coins de l’île que peuplent des animaux, des chimères et quelques habitants.
Pour concevoir les mini-jeux éducatifs, PowerZ s’est appuyé sur les contenus des cahiers de vacances de Hachette et l’expertise de pédagogues, d’enseignants, de conseillers, etc. Une légitimité éducative qui vient s’ajouter à la légitimité du jeu vidéo apporté par ses équipes et certains éditeurs ou studios qui ont épaulé le développement.
N’attendez pas un jeu aussi réaliste qu’un Assassin’s Creed. Il n’est pas question ici de jouer la reconstitution historique pour apprendre à la manière du Discovery Tour initié par Ubisoft autour des épisodes de la célèbre franchise se déroulant dans la Grèce antique ou l’Égypte ancienne. L’univers de PowerZ est tout ce qu’il y a de plus abordable pour des enfants dont le cœur de cible est de 6 à 12 ans.
On est bien plus proche d’un Adibou en plus développé et avancé dans sa structure. C’est facilement maniable à la souris, au clavier ou à la manette. Le jeu est disponible gratuitement sur PC ou Mac depuis le site de PowerZ. Les équipes espèrent prochainement proposer des versions iPad, smartphone, puis Nintendo Switch et pourquoi pas sur les consoles.
Des apprentissages par étapes
« Nous allons lancer PowerZ par bloc d’enseignements, à savoir un épisode tous les 15 jours à un mois, avec une progression dans les enseignements. Le but est d’offrir aux enfants un outil ludique qui s’appuie sur une histoire qu’ils peuvent suivre, faire à leur manière et dans laquelle ils seront récompensés pour leur progression. Ils doivent même commencer par créer leur personnage », explique Emmanuel Freund. Ainsi, dans le premier chapitre, après avoir tenté de s’extirper d’une caverne en usant de son sens de l’observation, le héros va récupérer un œuf de chimère qu’il doit faire éclore. Un mignon petit dragon qui l’accompagnera tout au long de son aventure.
Le premier chapitre pose ainsi les bases du concept pédagogique de PowerZ, sa volonté de faire apprendre aux enfants sans le côté forcé ou rébarbatif de l’éducation. Sans s’en rendre compte en somme. Ainsi, l’enfant va comprendre le principe de la suite logique en déchiffrant des hiéroglyphes, calculer rapidement de tête en ouvrant la bonne porte pour faire avancer son héros le plus vite possible sur un parcours.
Tout cela en enrichissant son vocabulaire de mots à découvrir en sillonnant l’île et en discutant avec les personnages rencontrés. Il pourra ainsi nourrir son glossaire et « améliorer son langage » à chaque épisode, en français comme dans d’autres langues comme l’anglais ou l’allemand. « Les personnages utilisent le vouvoiement, parlent au passé simple ou à l’imparfait pour que l’enfant améliore son langage », explique l’ancienne tête pensante de Shadow. Pour ce papa, il est important que les enfants soient tirés vers le haut par le jeu.
Un modèle économique libre
Chaque épisode est prévu pour être bouclé en environ une heure. Mais l’enfant peut même y passer plus de temps pour approfondir ses connaissances. Et pour aussi l’aider à « déconnecter », chaque fin de session est ponctuée d’un exercice de yoga dans un environnement calme, différent des îles animées qu’il va traverser. Celles-ci veulent l’amener à la connaissance maximale et au Graal, qui sera ici l’accès à la cité de Babylone, siège de tous les savoirs.
Mais d’ici là, PowerZ a encore de longs mois de travail devant lui, car il va progresser au coup par coup, entre développement technique et recommandations des mieux placés, les enfants qui forment aussi un board atypique et peuvent soumettre leurs idées. Avec quel modèle financier ? « Chacun paie ce qu’il veut chaque mois en fonction de ce qu’il estime que le site apporte à l’enfant », résume Emmanuel Freund. Une sorte de modèle économique libre à la donation pour aider au développement d’un projet qui veut modifier l’approche de l’éducation et la faire entrer dans l’ère du numérique. Un monde si présent dans le quotidien, mais encore malheureusement loin des préceptes de l’Éducation nationale.
Le jeu est à télécharger gratuitement sur le site de PowerZ.
Ulrich Rozier, fondateur d’Humanoid, le groupe qui édite Frandroid, est actionnaire minoritaire de PowerZ depuis la publication de notre article en septembre 2020.
Votre café et votre dose de tech vous attendent sur WhatsApp chaque matin avec Frandroid.
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