Des ROM alternatives et du Motorola Atrix

 

Amis lecteurs, Android fait partie de vos centres d’intérêt à n’en pas douter. La plupart d’entre vous ont un terminal Android et les autres se renseignent pour en acquérir un.

Ce qui vous rapproche, c’est un certain attachement aux promesses fondamentales d’Android :

  • Toutes les applications naissent égales. Ceci implique que l’on peut remplacer n’importe quelle application, y compris l’interface principale : le bureau
  • Android est un logiciel libre. Chacun peut en obtenir une copie, la modifier et la distribuer nonobstant quelques conditions pour la plupart correspondant à la licence Apache ou à la licence GNU
  • L’installation d’application est indépendante du medium de distribution de cette dernière et ne dépend d’aucune autorité de certification distante.

Autour de ces promesses inaliénables gravitent certaines libertés considérées comme « normales » par la communauté (par vous, quoi …) :

  • Le droit à des mises à jour régulières
  • Ou au moins la possibilité d’installer des ROMs alternatives (et donc de mettre à jour soi-même son terminal)

Ces promesses là sont problématiques. Si le monde de l’informatique (dont vous faites en général partie, amis lecteurs mais surtout dont Apple, Microsoft, Google et la plupart de leurs partenaires historiques font partie) considère ces libertés comme acquises, il n’en est pas de même pour les constructeurs de téléphones ou les opérateurs issus du monde des télécommunications.

Ces derniers ne considèrent pas commercialiser d’outils (appelés à évoluer) mais des produits. Un produit est figé dans le temps avec des spécifications et des fonctionnalités précises. À chaque évolution majeure, le client doit racheter un nouveau produit au complet.

Ces différences ont de quoi constituer un véritable choc culturel entre les différents acteurs de ces industries lorsqu’ils travaillent ensemble.

Pire, Google (et un certain nombre de ses partenaires) sont issus du web. Les mises à jour y sont généralement gratuites et c’est même parfois le cas pour les licences d’utilisation.

Alors qui a raison ?

A mes yeux, la réponse est épatante de simplicité : c’est le client.

Évidemment, la question qui suit c’est : que veux le client ? Et il n’est pas simple d’y répondre. En effet, la plupart des clients achètent un téléphone (sous Android ou non). Ils achètent un produit et ne s’attendent pas à ce que dernier évolue et se dote de nouvelles fonctionnalités.

D’autres en revanche achètent un terminal mobile (sous Android ou non). Ils achètent un outil, une base sur laquelle vient se greffer d’autres outils (l’OS, les applications, etc.) et ils s’attendent à ce que cet outil évolue comme leurs logiciels propriétaires (mise à jour payantes) ou comme leurs solutions libres et leurs sites web (mises à jour gratuites et fréquentes).

Amis lecteurs, vous faites en général partie de cette catégorie de gens. Vous achetez le haut de gamme de Samsung, HTC, etc. Mais, vous n’êtes pas majoritaires (bien que les stats de FrAndroid augmentent dans la plupart des pays francophones). Vos amis, votre famille, les gens dans le métro et dans le bus, ils prennent le bas et le moyen de gamme de Samsung, ils prennent du LG, du Sony-Ericsson (oups, sujet à troll).

Ça vous énerve qu’ils ne reçoivent pas de mise à jour. Et eux-aussi d’ailleurs depuis que vous leur avez expliqué. Mais quand ils ont acheté leur téléphone, avant que vous leur expliquiez, est-ce qu’ils voulaient des mises à jour ? Des ROMs alternatives ? Des accès root ?

Non franchement ? Toi, là. Oui, toi ! Tu crois vraiment que la fille emo plutôt mimi que tu mates tous les matins dans le RER/tram/bus/… avec son HTC Wildfire, elle a accepté la mise à jour OTA en 2.2 ? Moi j’te le dis, elle a ignoré le message comme tu ignores les demande de sondage sur le site de Orange/Bell/Belgacom/… Et elle est en 2.1. Et elle s’en fout et ce jusqu’à ce que tu oses l’aborder et que tu lui mettes son mobile à jour. Mais même en la fréquentant plus d’un mois, t’auras du mal à lui faire accepter l’idée de passer en cyanogen. D’ailleurs, si t’as pu passer le téléphone de ton père en cyanogen, c’est juste parce qu’il n’a pas compris ce que c’était et qu’il te fait confiance.

En revanche, quand vous achetez un LG Optimus 2X avec le Tegra de la mort qui tue toussa, vous voulez qu’il soit mis à jour et vous avez raison (M. LG, si tu me lis depuis Séoul …). Quand vous avez acheté un Motorola Milestone, vous vous attendiez à pouvoir le bricoler. Après tout, vous l’aviez vu comme un HTC Dream/G1 en plus sexy et plus puissant, non ? Du coup, maintenant vous vous êtes tournés vers le HTC Desire Z. Je vous comprends.

En ce moment, il y a une polémique qui enfle. Certains de nos confrères l’ont relayé mais pas nous. L’un des communiquant de Motorola a déclaré, suite à une question à propos de l’Atrix, que pour installer des ROMs alternatives, il faudrait aller voir ailleurs.

S’il s’agissait du Milestone (et de ses successeurs bien entendu), vous m’auriez lu gueuler et cracher mon venin. Même si je n’ai pas tellement eu l’occasion de l’écrire, je suis contre.

Mais bon sang … L’Atrix … Vous voulez vraiment virer le mode ordinateur ? Le mode télévision ? Vous pensiez vraiment que Motorola allait changer ses habitudes pour le seul terminal qui les justifie ?

Pour rappel, l’Atrix, c’est ça :

Oh bien sûr, ce que Motorola a fait, un développeur/intégrateur/architecte chevronné peut le reproduire mais personnellement, en tant qu’utilisateur, si je peux éventuellement prendre le risque de bricker mon téléphone, je ne prendrai pas le risque de bricker mon ordinateur (non, flasher un terminal Android n’est pas encore aussi anodin que de changer d’OS sur un ordinateur dont toutes les spécifications sont standardisées et designées pour la compatibilité). Et si j’étais un constructeur, je ne dépenserai certainement pas de l’argent pour assurer le SAV de terminaux flashés quand j’ai déjà tant dépensé en R&D pour assurer des cas d’usages originaux. Et non, je ne concevrai pas non plus de laisser la possibilité de flasher mon terminal sans en assurer le support.

Bref, voilà, sur ce coup là, je suis d’accord avec Motorola.


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