Microsoft, vers une iBMisation à marche forcée ?

 

Vous n’êtes pas sans savoir que Microsoft a levé le voile sur son nouveau CEO (une sorte de PDG à l’américaine), Satya Nadella. La nouvelle tête du géant de Redmond, troisième personne à occuper ce poste depuis la création, est un ancien de la boîte : 22 ans à bord du vaisseau.  Même si cette annonce a été largement saluée avec l’éloge des analystes et des investisseurs, ce pari reste risqué pour Microsoft. On décortique tout ça pour vous.

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Il était impossible pour Microsoft, pour défendre Nadella, de choisir un CEO capable de couvrir l’ensemble des activités de Microsoft. Il faut dire qu’il y a tellement d’activités en jeu… Microsoft a donc fait le choix de l’interne. Malgré une réorganisation et réorientation stratégique ces derniers mois, l’entreprise peine à reprendre du poil de la bête.

 

Microsoft est à la traîne sur le marché de l’électronique de consommation

Microsoft est à la traîne sur le marché de l’électronique de consommation, dans lequel Apple et Google excellent. Pour le moment, le firme de Redmond multiplie les semi-échecs, du lecteur Zune à la tablette Surface RT. Mais Microsoft a tout de même connu un grand succès avec sa Xbox, cela prouve que tout n’est pas perdu. Pourquoi je fais une fixation sur ces produits ? Simplement parce que le marché de la consommation est essentiel pour maintenir la domination de Microsoft dans les entreprises. Si Redmond abandonne ce marché, la prochaine génération de jeunes adoptera Android, Google Apps, l’iPad, les Chromebooks et OS X.

Microsoft doit être agressif sur les prochains lancements de produits sur le marché de la consommation. Satya Nadella est-il l’homme de la situation ? C’est justement la question que je me pose. Même si l’intéressé clame haut et fort son intérêt pour ce marché, le choix est très discutable. Alors que Nadella s’est fait un nom à l’intérieur même de Microsoft en tant que leader intelligent et charismatique au fil des ans, il n’est pas « un nom » pour les consommateurs, et même pour la plupart des entreprises. Il a fait un bond dans les rangs de Microsoft concernant l’expertise technique et les services professionnels, mais Nadella a peu d’implication dans les appareils « grand public » de Microsoft.

Il semble dégager de l’énergie et de l’enthousiasme, mais il manque cruellement d’une « aura ». Je ne parle (bien entendu) pas de la couche spirituelle qui peut entourer quelqu’un (et que seuls quelques illuminés peuvent percevoir, même avec des lunettes 3D rouge et bleu). On attend plutôt du CEO de Microsoft d’être doté d’une très forte personnalité, d’une vision relativement claire et d’être capable de faire preuve d’une grande énergie et d’une grande persévérance pour arriver à ses fins. Les dirigeants charismatiques savent rallier à eux de nombreux soutiens, à commencer dans leur propre entreprise. C’est justement tous ces points qui m’inquiètent, Satya Nadella sera sûrement populaire chez Microsoft, néanmoins à l’extérieur il risque vive d’être oublié, comme Microsoft au passage.

Le risque ? Microsoft risque de foncer tête baissée vers une iBMisation. Pour l’instant du moins, Microsoft semble déterminé à poursuivre la vision de Steve Ballmer. Faire le choix de l’interne, c’est donc parfait pour garder une main ferme sur cette réorganisation et cette réorientation stratégique. Mais, je reste persuadé que Microsoft a besoin d’une bouffée d’air frais, quelqu’un qui est capable d’exécuter la stratégie, mais aussi d’apporter un point de vue extérieur. A l’image de Marissa Mayer chez Yahoo!.

Heureusement, Nadella est loin d’être seul… il a des atouts non négligeables.

 

Un nouveau rôle plus actif pour Bill Gates

Contrairement à ce que l’on peut lire à gauche et à droite, Bill Gates est toujours à bord du vaisseau. Depuis dix ans, Steve Ballmer a été le directeur général et il y a eu une destruction énorme de la valeur de l’entreprise pour les actionnaires. Bill Gates, de son côté, a été le président du conseil d’administration pendant cette période, et ce conseil n’a pas fait beaucoup pour améliorer cette fameuse valeur.

Bill Gates a donc décidé de quitter le conseil d’administration afin d’occuper le poste de « conseiller technologique ». Paradoxalement, Bill Gates aura désormais un poste bien plus proche de l’exécutif. Il n’est pas encore l’heure de tirer les conclusions de cette histoire, l’homme qui déclare « Napoléon a transformé son époque. Moi aussi » va endosser un nouveau rôle plus actif. La bonne nouvelle est que cet homme n’a jamais été aussi populaire. Il reste donc indéniablement un atout pour Microsoft, et surtout pour Nadella.

 

Stephen Elop pour le « hardware »

Heureusement pour Microsoft, Stephen Elop est maintenant à la tête de l’équipe du « hardware » en charge de Surface, Windows Phone (Nokia) et Xbox. C’est un homme clé de la firme ; il était d’ailleurs pressenti pour en être le prochain CEO.

Microsoft doit revoir sa stratégie des prix, la Surface est trop onéreuse. Le Lumia 520 est un exemple parfait, Nokia a réussi à référencer un produit Windows Phone sous les 150 euros ; de même pour la stratégie de Google et Asus avec la Nexus 7, une tablette à 199 dollars. Le prix est une variable à ne surtout pas négliger !

L’arrivée de Nadella s’inscrit dans une époque où la Chine devient à la fois un marché gigantesque mais aussi un redoutable compétiteur, où la fracture numérique est très importante quand bien même Microsoft tire 40 % de sa croissance des pays émergents. Les changements technologiques sont évidemment, d’autre part, les grands déterminants de la stratégie du groupe : l’Internet des Objets, la socialisation, l’ubiquité fournie par les réseaux et la plus grande mobilité.

Avec ses 73,72 milliards de dollars de CA (pour 17 milliards de dollars de résultat) et ses 129 000 employés, Microsoft peut ainsi se permettre de dépenser annuellement 7 milliards de dollars en R&D dans ses cinq research labs et ses 110 centres d’innovation menés en partenariat avec d’autres industriels. Sans oublier les 77 000 000 000 de dollars de trésorerie, dont 70 milliards de dollars stockés à l’étranger. De quoi mener une stratégie d’acquisition et d’innovation efficace…


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