Thème sombre : une mode qui manque encore de clarté

 
Les thèmes sombres sont à la mode dans les apps et les OS. Android Messages, YouTube, MacOS Mojave, même l’Explorateur de Windows 10, tout le monde s’y met. Problème : chacun s’y met de son côté, à son rythme, et même pas en totale cohérence d’une plateforme à l’autre !

Hello darkness my old friend

Il y a quelques semaines j’installais la version bêta de MacOS Mojave. Parmi les nouveautés du nouveau MacOS, on trouve, un mode sombre, que Apple, dans son immense modestie, a annoncé dans ces termes : « We call it Dark Mode ».

OK, merci Craig d’avoir réinventé le mode que vous aviez commencé à implémenter il y a 4 ans sans jamais aller au-delà de la barre de menus et le dock. Seulement voilà, ce n’était pas sur Mac qu’on le voulait. C’était sur iOS. Genre, par exemple, pour tirer profit de votre récente découverte de l’écran OLED aux noirs infinis sur l’iPhone X.

Apple n’est pas, bien entendu, le premier à avoir intégré un mode sombre à son système d’exploitation. Et la mode existait déjà bien avant avec les apps créatives, depuis que Adobe Lightroom avait prouvé l’intérêt de tons foncés pour éditer du contenu photo.

Microsoft, précurseur du côté obscur

Microsoft, avec Windows Phone 7 et ses successeurs, avait même pensé toute l’interface d’un OS mobile sur des applications essentiellement sur fond noir. Et sur un Windows Phone à écran AMOLED comme certains modèles Nokia ou Samsung, c’était magnifique. Enfin une interface de smartphone reposante pour les yeux, en plus d’être élégante et sobre. Mais je divague.

Microsoft a, depuis, intégré la présence d’un mode sombre à Windows 10 et à son éphémère version mobile. Le problème, c’est que jusqu’à maintenant, il ne servait pas à grand-chose. Seules les applications UWP le prenaient en charge, et il suffisait d’ouvrir l’explorateur Windows pour se faire agresser par une fenêtre plus blanche que blanche.

Peut-être pressé par Apple, ou pas, Microsoft va enfin adapter le gestionnaire de fichiers aux noirs profonds de son mode « dark ». On va enfin pouvoir utiliser Windows sans s’exploser les yeux. Enfin avant de lancer une autre application pas encore compatible avec le mode sombre, comme l’app Photos, qui vous envoie toujours du blanc éclatant au visage.

Une adoption à plusieurs vitesses

Et de cette manière, on pourrait résumer l’intégralité de l’histoire des modes sombres : ils n’arrivent jamais quand il faut, sur l’app qu’on voudrait, et comme on le souhaiterait. Déjà, vous aurez remarqué que ça fait plusieurs paragraphes que je vous parle de Windows et MacOS. Alors qu’effectivement, un mode sombre « system wide », c’est avant tout sur nos smartphones que nous en avons besoin.

Et là… Bon, on ne va pas retourner le couteau dans la plaie pour Microsoft. Mais sur les deux restants. iOS, on l’a vu, ne propose absolument rien. Certains développeurs n’ont pas attendu Apple pour intégrer un mode noir à leurs applications, et sur iPhone X, c’est franchement un régal (en plus de cacher l’encoche).

Sur Android, il existe un thème sombre, mais il ne s’applique vraiment qu’à des zones restreintes (les réglages rapides, le tiroir d’applications, les menus contextuels…). Il n’était même pas possible, avec Oreo, de l’activer manuellement, étant limité à l’usage d’un fond d’écran foncé. Les apps s’y mettent au compte-goutte. Une nouvelle version d’Android Messages est en cours de déploiement, mais du côté de YouTube par exemple, alors que le mode est disponible sur iOS depuis des mois, et dans l’app YouTube Music, toujours pas d’interrupteur pour l’activer côté Google.


De l’intérêt d’être dans le noir

Il y a pourtant tellement de bénéfices à l’emploi de couleurs sombres. Outre ses yeux, on peut aussi, avec un écran OLED, sauvegarder la batterie, et afficher en permanence certaines infos. Sur Wear OS, par exemple, j’adore l’écrant « ambient » qui permet de garder un œil sur l’heure, sa carte Google Maps ou sur ses notes même écran « éteint ».

Mais voilà, un mode sombre, ça n’est pas si facile à implémenter. En interne, cela nécessite un effort de design conséquent. Les polices, les icônes, les pictogrammes, les boutons, tout doit être aussi lisible sur fond noir comme sur fond clair. Il y a le problème des applications tierces, qui doivent pouvoir tirer parti d’API pour implémenter le mode de manière transparente. Et il y a le contenu. Un mail au format HTML ou une page web ne va pas s’adapter automatiquement, il doit garder son intégrité. Ce que j’explique ici pour le mode sombre s’applique d’ailleurs à n’importe quelle transition graphique. Combien de temps Android a-t-il mis à généraliser l’usage du Material Design ? Et maintenant du Material Theming, ou du Fluent Design dans Windows 10 ?

En définitive, on y arrive, petit à petit, et je pense que les efforts vont continuer à s’accentuer sur le mobile. Alors que Google et Apple veulent nous aider à moins utiliser notre smartphone, rendre leur usage dans le noir moins fatiguant doit faire partie de leurs priorités. Nos yeux leur diront merci !


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