10 ans de Chrome OS : lettre d’amour aux Chromebook et leur brillant avenir

10 ans après, devenez early adopter

 
Cela fait 10 ans que Chrome OS a été créé. Pourtant, malgré 10 ans d’évolution, les Chromebook n’ont toujours pas atteint le grand public. Il est pourtant temps de prendre ce train en marche : voici pourquoi.
Le dernier Chromebook Dell

Le 7 juillet 2009. C’est la date à laquelle Chrome OS a été dévoilé par Google. Cela fait donc plus de dix ans maintenant que le système d’exploitation pour ordinateur existe.

Malgré cela, et particulièrement en France, il n’y a que les connaisseurs de la tech qui peuvent a minima reconnaître son existence. Les autres l’ignorent au mieux, et le conspuent au pire. Pourquoi ? Plusieurs raisons que nous allons aborder dans ce dossier.

Car oui, ceci est un dossier. Un dossier pour vous dire que les Chromebook ne sont pas nécessairement ce que vous imaginez, n’en sont pas au point que vous pensez, et plus particulièrement… pourraient répondre à vos besoins plus que vous ne l’escomptez.

Notre lettre d’amour en vidéo

Les origines de Chrome OS

Que s’est-il passé avant le 7 juillet 2009 ? Pour le déterminer, nous avons pu rencontrer Kan Liu, responsable produit pour Chrome OS et entendre l’histoire de sa propre bouche. Le développeur était là depuis les débuts du projet jusqu’à aujourd’hui, et l’a vu naître et évoluer avec le temps.

Chrome sur Android

Chrome OS est d’abord né de Chrome, l’explorateur web. La volonté de Google pour créer ce navigateur est tout simplement venue de sa frustration face à la gestation des technologies utilisées sur le web. Créer Chrome était pour Google le moyen de pousser l’adoption des dernières technologies web, de manière à créer les sites qu’il voulait créer.

Mais cette envie d’optimisation a été plus loin encore. Quitte à optimiser les technologies web, pourquoi ne pas optimiser… l’ordinateur lui-même ? Ce afin qu’il puisse faire bien plus tout en consommant moins. Voici l’idée qui aura conduit à la création de Chrome OS.

Les défis que s’est imposé Chrome OS

L’équipe s’est lancé plusieurs défis. Tout d’abord, répondre au fait que les ordinateurs de l’époque mettaient un temps incroyablement long à démarrer (quiconque a utilisé un ordinateur à disque dur 5400 tours/minute connecté en IDE sous Windows XP s’en souvient). Comme le dit Kan, vous aviez souvent le temps de vous faire un café et commencer à le boire avant que votre ordinateur ne soit prêt à vous recevoir.

Et puis, la sécurité. Devoir installer un antivirus pour pouvoir utiliser son PC avec un minimum de confiance peut paraître un réflexe d’un ancien temps, mais c’était presque obligatoire à l’époque. Aujourd’hui, seuls ceux qui ont connu ces temps incertains continuent d’installer des solutions type Avast ou Avira bien qu’elles soient relativement inutiles pour le commun des utilisateurs.

https://www.youtube.com/watch?v=0QRO3gKj3qw

Présentation officielle de Chrome OS datant de novembre 2009

Enfin, la longévité. À l’époque, une machine Windows (et particulièrement son registre) devenait très rapidement encombrée au point qu’un ordinateur rapide au premier démarrage devenait vite lent et laborieux à utiliser en fin de vie. Les utilisateurs les plus versés dans la tech avaient pour habitude de réinstaller leur machine régulièrement pour éviter cela, mais le processus était là encore insupportable du fait de la lenteur du système.

Trois « S » ont donc été décidés comme étant les piliers du développement : Simplicité, Sécurité et Srapidité (ça marche mieux en anglais). Mais ce n’est pas tout : l’équipe en charge se voulait être visionnaire et s’adapter également plus rapidement aux principes d’usage qui deviendraient courants avec les smartphones, qui en 2009 commençaient à atteindre le grand public.

Sur Chrome OS, le contrôle est absolu

Il est un aspect des Chromebook dont peu de gens ont conscience : à quel point Google a le contrôle de la plateforme. En effet, dans son optique d’optimisation totale, Google a tout simplement pris le contrôle total du support du moindre Chromebook. Si la création et production de l’appareil lui-même restent à la charge des constructeurs, le logiciel est intégralement réalisé en interne chez Google.

Du noyau du système au simple contrôleur du pavé tactile en passant par la puce Wi-Fi, c’est au géant de la tech que revient la charge de développer la partie logicielle qui se chargera de tout gérer. Ce qui veut aussi dire que c’est à Google de tout optimiser et faire en sorte que le tout soit au niveau attendu par les consommateurs. Pour. Chaque. Machine. Différente. Tout est fait et testé par Google, ce qui explique que tout peut être mis à jour par Google aussi facilement. Seul problème, qui ne concerne pas les consommateurs : cela veut aussi dire aussi pour Google dépenser des moyens colossaux pour maintenir un parc qui aujourd’hui est aux environs d’une centaine de produits différents.

Le CR-48, source : Wired

Le premier pas de tout cela a été créé en mai 2011, et s’appelait le Chromebook Cr-48. Il s’agissait ici du tout premier Chromebook créé en interne, et qui a été offert gratuitement à 60 000 participants. L’échange n’était pas si « gratuit », puisque ces derniers se devaient naturellement de donner le plus de retours possibles à Google pour améliorer la formule. Le nom même du produit donnait la puce à l’oreille des savants : Cr représente l’élément chimique du chrome, quand 48 est son isotope instable.

Ce que sont les Chromebook aujourd’hui

Depuis, la formule a tout de même bien évolué pour atteindre une stabilité sans précédent. Uniquement sur le plan logiciel, les Chromebook de naguère qui mettaient le cloud computing en avant ne sont plus les mêmes aujourd’hui. Si une connexion internet reste au centre de l’attention de Chrome OS, l’inclusion du Play Store et de la compatibilité avec ses nombreuses applications ont rendu les Chromebook plus que viables même lorsque les machines sont hors connexion. Après tout, il vous est possible maintenant avec YouTube (via abonnement payant), Netflix ou encore Prime Video de télécharger vos vidéos localement pour les regarder sans connexion sur mobile, et c’est exactement la même chose sur les Chromebook. VLC est même disponible en téléchargement pour lire les contenus stockés sur une clef ou un disque dur externe.

Et si ces applications ne sont pas encore assez puissantes pour vous… Il est désormais possible d’installer des applications Linux. De très populaires comme LibreOffice, Slack, GIMP ou encore FileZilla sont d’ores et déjà compatibles avec l’OS, qui ne cesse d’évoluer en ce sens. Alors oui, cela demande encore pour le moment de savoir faire un copier/coller dans un terminal de commande, mais on a ouï dire que Google travaille à les rendre plus accessibles par le biais d’une sorte de magasin. Et oui : vous pouvez même installer un Firefox complet sur Chrome OS désormais !

Linux sur Chrome OS

Mais ça, ça concerne surtout les utilisateurs avancés. Les simples utilisateurs qui ne cherchent qu’à naviguer sur le web — vous avez bien au moins 5 personnes comme ça dans votre entourage, avouez — pouvaient déjà adorer la plateforme à ses débuts, et l’aimeront toujours plus désormais. Rendez-vous compte : quelqu’un qui n’a pas l’habitude de l’outil informatique se retrouve avec un système qui est constamment sécurisé, rapide et à jour, sur un PC qui ne coûte relativement pas cher et reste supporté pendant 6 (voire 8 ans maintenant selon les modèles) par Google, avec une galaxie d’applications qu’ils ont déjà l’habitude d’utiliser qu’il s’agisse du web ou du Play Store.

C’est aussi une excellente machine à partager à d’autres. Un Chromebook, c’est simplement se connecter à son compte Google… et retrouver son expérience telle qu’elle a toujours été, sans autre forme de procès, en quelques minutes. Sur une machine qui a a très grand minima 8 heures d’autonomie réelle, perd très peu de batterie en mode veille, et se lance en moins de 10 secondes. Pas de compte Google ? Pas de problème : un mode invité est là pour protéger vos données tout en permettant à n’importe qui de consulter rapidement une information sur le net. Simple, rapide, efficace, et intégralement sécurisé grâce à la puce TPM intégrée. Comme le dit si bien Kan Liu : « ça marche, tout simplement ». Maintenant bien lié à l’écosystème Android, un Chromebook peut profiter de la proximité de votre smartphone pour vous identifier automatiquement et vous permettre de consulter et répondre à vos textos directement sur votre PC. L’écosystème s’améliore constamment.

L’éducation a longtemps été une priorité

C’est bien beau tout ça, mais n’est-ce pas un peu de la redite ? Elle est en vérité importante, particulièrement en France. Pour cause : Google s’est avant tout concentré sur le marché américain pour le moment, dont le boom de Chrome OS dans le marché éducatif les a eux-mêmes surpris. Nous en parlions récemment suite aux propos élitistes de Phil Schiller d’Apple, mais les Chromebook ont réussi à s’emparer du marché américain pour les petites écoles.

Reportage publicitaire réalisé par Google dans une école américaine

Et de l’aveu de Kan Liu, ce n’était pas exactement la vision première du constructeur, bien au contraire. L’entreprise espérait bien que le Chromebook ait un impact, mais n’imaginait pas qu’il ferait en sorte d’offrir l’outil informatique à toute une tranche de la population qui n’y avait pas accès jusque là. C’est pourquoi Google a dû se concentrer sur le marché américain et répondre aux attentes des écoles et des parents en priorité. Désormais, ils travaillent à rendre la transition d’un compte Google étudiant limité à un compte personnel complet, alors que ces anciens enfants sont devenus des adultes et veulent continuer leur aventure sur la plateforme.

Les plus cyniques y voyaient un moyen pour Google d’éduquer les plus jeunes à être enfermé dans leur écosystème très tôt… et ce sera potentiellement une conséquence, quand bien même ce n’était pas le plan de départ. Mais aujourd’hui, il est trop tôt pour le dire : même dix ans après, les responsables de Google nous indiquent ne pas avoir de données suffisantes pour établir que Chrome OS est resté dans la tête des petits chérubins d’antan et les a poussés à rester sur le même système d’exploitation en grandissant.

Et le Chromebook en France ?

Ce terrain est désormais stabilisé, et il est temps pour Google de jouer la carte de l’expansion. La France est un pays privilégié pour cela, puisqu’il reste l’un des consommateurs de PC les plus importants au monde tout autant qu’un nid de développeurs talentueux. La preuve ? Emmanuel Saint Loubert Bié, responsable ingénierie de Chrome OS sur lequel il travaille depuis 10 ans. Le Français est aussi là pour nous parler des particularités du marché local, en compagnie d’un responsable marketing France.

Et le moins que l’on puisse dire est que rien n’a vraiment bougé. La réputation de Chrome OS d’être un système uniquement basé sur internet, et donc inutilisable hors-ligne, est restée la même sur ces dix premières années. Les machines n’ont pas vraiment été renouvelées sur le marché. La situation stagne depuis quelque temps maintenant.

https://www.youtube.com/watch?v=CHcqe81Tr2E

Une publicité Chromebook française en 2011

La faute revient à… Google. En effet, l’entreprise n’a pas cherché à faire d’efforts pour promouvoir les Chromebook et l’OS au sein de notre pays. Rendez-vous compte : ce n’est qu’en août 2018 qu’il a été décidé d’investir enfin sur la promotion de l’univers PC Google en France, le « lancement officiel » chez nous ne datant au final que de fin 2018. Mais ça y est : les partenaires sont motivés, Google les propulse, et l’élan commence à être pris avec l’arrivée progressive de supports de communication pour la plateforme. N’avez-vous pas croisé une publicité pour les Chromebook récemment ? Vous rappelez-vous en avoir jamais vu en France jusque là ?

La situation est à l’inertie. Les consommateurs n’ont pas compris ce qu’était le Chromebook faute de soutien, certes… mais les vendeurs n’aident pas non plus. On nous explique que ces derniers étant habitués à vendre à la pelle des références sous Windows depuis des années — quitte à ce que celles-ci soient anciennes et moins intéressantes — ils sont aussi frileux à intégrer les Chromebook à leurs étales.

Une publicité Chromebook française en 2019

L’opération séduction est désormais lancée chez Google, et l’entreprise compte pour cela sur de nombreuses références à de nombreux tarifs. Les Chromebook sont désormais présents sur tous les terrains : à 200 euros, entre 300 et 500 euros, et même à plus de 500 euros. Mais aussi dans de nombreux formats : petits PC portables, ultrabook coûteux, tablettes, transformables. Tout y est pour séduire le maximum de monde, les cibles principales restant les familles, les étudiants, et les personnes « à l’esprit entrepreneurial » nous dit-on. Les développeurs, comprendra-t-on, qui ont l’avantage sur un Chromebook de n’avoir besoin que d’une machine pour programmer ET tester leur application.

Pourquoi ne pas avoir lancé les Pixelbook, Pixel Slate ou encore Pixelbook Go en France alors ? Avoir la marque Google directement sur le produit est sûr de convaincre certains de passer le cap n’est-ce pas ? Une question à laquelle nous n’aurons d’autre réponse que le fait que l’équipe de développement est détachée de l’équipe de production, et que le premier ne considère le second que comme un partenaire de plus. Aussi, la décision ne leur revient pas. Dommage.

Venez maintenant, ou soyez en retard

Je vais être honnête avec vous… j’ai toujours aimé les Chromebook. Avant même de rejoindre FrAndroid (ou toute autre rédaction tech, pour ce que ça vaut), j’ai eu en ma possession un Acer CB311 propulsé par un Tegra K1 duquel j’ai longuement été amoureux. J’ai même converti ma petite amie de l’époque avec un HP Chromebook 14 bleu ciel qu’elle utilise toujours aujourd’hui en machine principale. Ces machines ont toujours eu pour moi ce petit quelque chose qui faisait que dès que je voulais simplement faire des recherches ou consulter un site, je me penchais toujours vers elles malgré mes autres outils bien plus puissants. La rapidité d’exécution de chaque tâche, la simplicité de connexion, et simplement la légèreté et l’autonomie des appareils ont toujours été un grand atout pour moi.

Aujourd’hui, me revoilà à écrire cet article sur le HP Chromebook x360 que j’ai en test actuellement… et je suis heureux d’y revenir. Heureux de retrouver une interface aussi sobre et soignée, la même facilité d’utilisation, et le petit bonheur de toujours trouver de nouvelles astuces pour me faciliter la vie sur la plateforme. Au point que je suis déjà en train de me dire que je vais m’en racheter un, malgré mon sublime Razer Blade Stealth qui m’attend à la maison, car tout paraît tellement plus simple et rapide dans cet écosystème.

Mais au-delà de ça, je tiens à vous faire réfléchir sur une notion : pour les Chromebook, et ce malgré leur dix ans d’âge, il ne s’agit que du début. Le cloud computing arrive en force, et des solutions comme Shadow, Google Stadia ou GeForce NOW vont nous permettre de retrouver une expérience complète et puissante sur ces petites machines peu coûteuses. Avec l’arrivée de la 5G, les connexions capables de supporter de tels services en mobilité vont se démocratiser, au même titre que les puces modem sur PC. Et Google travaille déjà sur de nouveaux ordinateurs sous ARM, est en discussion avec Qualcomm, et s’apprête à embrasser l’ère du tout connecté avec un système d’exploitation qui a été pensé depuis ses débuts pour cet usage.

Notez l’emphase sur le mobile et le cloud chez Adobe

Maintenant que Google est enfin sérieux sur son soutien de la plateforme en France, je vous le dis : il est temps de vous intéresser aux Chromebook. Les usages évoluent, le mobile est roi, et même les grands éditeurs comme Adobe le montrent en transférant tous ses plus gros outils dans le cloud et sur des applications mobiles. L’univers tech est à quelques encablures de connaître une mutation profonde que Chrome OS a toujours soutenu et soutiendra toujours.

Continuer de considérer Chrome OS comme un OS inachevé de nos jours est tout simplement un non-sens : il correspond exactement aux valeurs techniques que les nouvelles générations ont appris dès le berceau. Comprenez que la question désormais n’est plus de savoir si sa vision était prophétique, car nous la vivons déjà. Adoptez le futur, car il est déjà votre présent, et habituez-vous déjà à ses usages pour mener les brebis égarées à venir. Ou mieux encore : achetez un Chromebook à votre parent perdu ou votre enfant en développement, constatez le bénéfice de ne plus avoir à être un SAV humain, et jetez un œil par-dessus leur épaule lorsqu’ils utilisent l’appareil. Il y a de fortes chances que vous vous surpreniez à devenir jaloux de leur expérience.


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