Blade Shadow : nous avons testé l’ordinateur du futur pour le cloud gaming

 
La jeune start-up française Blade nous a invités dans ses locaux parisiens à venir tester Shadow, l’ordinateur du futur selon ses fondateurs. L’idée est simple et reprend en partie ce que fait Nvidia actuellement avec le GeForce Now, à savoir du cloud computing et même du cloud gaming. Vous rêvez de pouvoir avoir sous la main un ordinateur ultra puissant où que vous soyez dans le monde à condition d’avoir accès à un écran et à une connexion Internet ? Shadow pourrait bel et bien être la solution idéale.

Actuellement, la meilleure représentation de ce qu’est le cloud gaming est la solution GeForce Now de Nvidia, uniquement compatible avec les Shield Tablet et Shield Android TV. Pour ceux qui n’auraient pas lu notre test du service, c’est un peu le Netflix du jeu vidéo : il est possible de jouer, depuis la Shield Android TV (une console sous Android), à un jeu PC ultra gourmand, calculé sur un ordinateur surpuissant situé à plusieurs centaines de kilomètres. Il faut bien sûr une bonne connexion pour éviter les problèmes de latences et bénéficier d’un bon débit, afin de conserver une bonne qualité d’image. L’entreprise française Blade (assistée par un financement de 3 millions d’euros en provenance de particuliers célèbres) propose d’aller encore plus loin avec sa solution Shadow que nous avons testé l’espace de quelques minutes.

 

Shadow : un PC surpuissant et miniature

Shadow se différencie du GeForce Now par de nombreux aspects. On trouve une petite boîte (plus petite que la Shield et dont le PCB ressemble à un Raspberry) qui jouera le rôle de client qui ira se connecter au serveur distance. L’entreprise n’a pas souhaité nous préciser ce que la boîte contenait, mais il s’agit apparemment d’un petit processeur x86 à l’image d’un Atom d’Intel dont le seul rôle est de décoder le flux vidéo en provenance du serveur.

Quant au serveur, c’est bien lui le clou du spectacle, puisqu’il était équipé, pour nos tests, d’un processeur surpuissant (Intel Core i7-5930K) avec ses six coeurs assistés par la toute dernière carte graphique GeForce GTX 1080 de Nvidia. Petite précision : Shadow ne nécessite pas forcément d’utiliser le boîtier dédié, puisque nous avons pu tester la solution sur un ordinateur portable classique à 300 euros sous Linux, équipé du client nécessaire pour se connecter au serveur distant.

Différentes versions de test de Shadow
Différentes versions de test du boîtier Shadow

Un PC complet à distance

Une fois le client lancé, que ce soit sur le boîtier ou sur n’importe quel ordinateur Windows, OS X, Linux voire un smartphone ou une tablette, on se connecte au serveur qui affiche alors le bureau de Windows 10. C’est l’une des principales différences avec les autres services de cloud gaming existant : avec Shadow, on dispose de l’intégralité de l’ordinateur, et on peut donc aussi bien installer GTA V que Photoshop ou encore VLC. Il est également possible de stocker des fichiers sur son Shadow (l’ordinateur distant) en toute sécurité, puisque les fichiers seront au sein d’un datacenter et sauvegardés sur plusieurs disques.

Blade-Shadow-3DMark
Le score du PC local à gauche, du cloud à droite

Lors de nos essais, nous étions face à deux ordinateurs portables identiques : l’un était connecté au cloud et l’autre fonctionnait uniquement avec sa faible puissance. L’équipe nous a alors demandé de tenter de les distinguer. Aucune latence n’était perceptible sur les deux ordinateurs, mais l’un était clairement plus lent que l’autre, que ce soit pour lancer les applications ou naviguer sur Internet. Le plus rapide était en fait le Shadow, grâce à la bande passante et à la puissance de l’ordinateur distant.

Nous vivons donc dans une époque où un ordinateur local est moins puissant qu’un ordinateur situé à plusieurs dizaines de kilomètres et séparé par des tonnes de câbles coaxiaux (la fibre Numericable) et de la fibre (la fibre Orange).

 

Le cloud gaming, le clou du spectacle

Pouvoir réaliser des tâches de bureautique à distance n’est pas si bluffant en soi, puisque le besoin en latence est peu élevé. Là où on attend Shadow au tournant, c’est sur les jeux avec des titres vidéoludiques extrêmement nerveux sur lesquels la latence ne pardonne pas. Nous n’avons malheureusement pas pu tester des jeux sur les ordinateurs portables, mais sur deux écrans reliés au Shadow, la fameuse petite boîte secrète qui intègre des sorties vidéos pour la relier à un moniteur ou à une télévision.

Blade Shadow (2 sur 2)

Cette fois-ci, l’expérience était différente puisque les Shadow n’étaient pas reliés au serveur distant, mais à un serveur présent sur le réseau local. L’équipe justifie cette configuration temporaire par le déménagement de leurs serveurs habituels dans un nouveau datacenter. Comme nous pouvions nous en douter, nous n’avons pas pu ressentir la moindre latence lors de notre partie d’Overwatch.

 

Une sortie commerciale pour la fin de l’année

Blade Shadow (3 sur 3)

Pour le moment, Shadow est en phase d’alpha et une bêta fermée devrait voir le jour à la fin du mois d’août, destinée avant tout aux hardcore gamers. Une bêta ouverte devrait voir le jour par la suite, avant la commercialisation du boîtier et du service, prévue pour la fin de l’année. L’entreprise ne veut pas encore parler de prix, mais on imagine que le service sera facturé quelques dizaines d’euros par mois.

Dans un premier temps, il sera obligatoire d’acheter le boîtier Shadow pour accéder au service, mais l’équipe prévoit la possibilité d’utiliser le service seul dans un second temps. La grande question est donc celle du prix de l’abonnement, puisque le service fonctionne à merveille. Il faudra toutefois vérifier – lors de la bêta – que les jeux nerveux sur des serveurs distants ne posent pas de souci, à l’image de GeForce Now. Quid également de la qualité de service sur des connexions ADSL et VDSL, encore majoritairement répandues en France ?

 

Les gros moyens techniques

Pour éviter les problèmes techniques, Blade a relié son datacenter aux réseaux des quatre FAI français, à savoir Free, Orange, SFR et Numericable, afin d’éviter les déboires (lenteurs, latence, etc.) de GeForce Now lors du lancement de sa bêta en 2014. De même, chaque utilisateur dispose d’un PC complet lors de ses sessions et n’a donc pas besoin de partager certaines ressources avec d’autres utilisateurs. De même, pour les plus curieux, Shadow utilise des datacenters certifiés TIER III, ce qui garantit un très haut niveau de disponibilité et une fiabilité supérieure au PC d’un particulier.

Du côté technique, Blade n’utilise pas de cartes graphiques professionnelles (à l’image des coûteuses Grid de Nvidia) mais des simples GeForce. L’entreprise a toutefois travaillé d’arrache-pied pour concevoir une solution technique capable de réduire la latence pour la transmission de l’information entre le serveur et le client. Ainsi, Blade avance une latence de seulement 10 ms pour l’ensemble de l’opération d’encodage et de décodage de l’image. La latence finale doit donc être de quelques dizaines de ms tout au plus et l’entreprise a déposé 3 brevets relatifs aux techniques utilisées.

 

Notre avis

Nous attendons maintenant avec impatience le lancement de la bêta de Shadow, puisque les quelques minutes passées sur ce service nous ont tout simplement fait rêver. Cela fait en effet des années que j’attends que le cloud puisse remplacer une fois pour toutes mes lourds, moches et encombrants PC de gamers.

Imaginez un peu : vous pourriez jouer sur votre ordinateur portable à quelques centaines d’euros en déplacement sans vider la batterie en quelques minutes, puisque le cloud gaming et computing revient à regarder une vidéo sur Internet. Fini la chaleur dégagée par l’ordinateur en été, puisque le petit boîtier Shadow ne consomme que 7 watts ! Enfin un ordinateur ultra puissant accepté sous la télévision sans défigurer le salon familial. L’équipe du projet pense aussi au caractère évolutif de Shadow avec la possibilité de changer à la volée sa configuration. Un service idéal ? Rendez-vous dans quelques mois pour en avoir le cœur net !

 

Ulrich Rozier, co-fondateur d’Humanoid, est actionnaire du groupe Blade (Shadow)


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