Shadow ouvre au public : le nouveau « PC dans le cloud » en détail

 
La startup parisienne Blade a tenu mardi une conférence de presse au cours de laquelle elle a annoncé l’ouverture de Shadow au public, et présenté la nouvelle version de ce service de PC déporté sur abonnement.

Lancée il y a un an, la phase de lancement de Shadow est arrivée à son terme : Blade a rouvert les inscriptions le 29 novembre. N’importe qui peut commander son « PC dans le cloud », et s’ajouter aux 12 000 personnes déjà sur liste d’attente.

Shadow permet pour rappel de louer « un PC haut de gamme délocalisé dans le cloud », auquel on accède à distance via internet, depuis un boîtier spécial, ou depuis un ordinateur, une tablette, un smartphone ou une box TV.

Le service cible en premier lieu les joueurs, mais on accède à un Windows standard, sur lequel on est libre d’installer ses (propres) jeux vidéo ou les applications de son choix.

Pour aller plus loin
Blade Shadow : nous avons testé l’ordinateur du futur pour le cloud gaming

Un PC haut de gamme

Première évolution pour l’ouverture au public : la configuration des serveurs. Chaque PC virtuel bénéficie désormais d’une carte graphique Nvidia Quadro P5000 dédiée, l’équivalent d’une GeForce GTX 1080, en remplacement des GeForce GTX 1070 utilisées jusqu’alors.

Pas de changement pour le reste de la configuration : chaque ordinateur se voit allouer 4 des 8 cœurs d’un des deux processeurs Intel Xeon E5-2620 v4 de chaque serveur (architecture Broadwell, celle des Core de 5e génération, cadencés ici de 2,1 à 3,0 GHz), 12 Go de mémoire vive DDR4 et 256 Go de stockage SSD.

Blade affirme que l’ensemble est « plus puissant qu’un PC à 1 600 euros ».

Et chaque machine virtuelle (VM) exécute une version complète de Windows 10.

Chacun de ces nombreux serveurs héberge 4 clients de Shadow

Shadow désormais compatible ADSL

Deuxième évolution : Shadow propose désormais une fonction baptisée « qualité dynamique », qui adapte le débit d’encodage du flux vidéo H.264 à la bande passante disponible. Et Blade obtient désormais des résultats satisfaisants avec des débits bien plus faibles qu’auparavant.

Si bien que, initialement réservé aux personnes connectées à internet par fibre optique, le service est dorénavant accessible aux abonnés à l’ADSL bénéficiant d’un débit en réception d’au moins 15 Mb/s. Ce qui porte selon Blade à 15 millions le nombre de foyers éligibles.

Mais si les technologies brevetées par Blade offrent effectivement une latence quasi imperceptible par fibre optique, on craint que la latence supérieure des connexions ADSL se ressente et qu’elle gêne la pratique de jeux rapides tels que les FPS. À tester avant de s’engager !

Jouer à Battlefront II sur smartphone

Initialement, on ne pouvait accéder à son PC virtuel que par le biais d’un boîtier Shadow, un client léger auquel on branchait son écran, son clavier et sa souris. Puis Blade a lancé des clients d’appoint pour différentes plateformes, en complément.

Blade propose dorénavant Shadow sans le boîtier, qui devient optionnel. Le tarif de base donne accès à son PC virtuel via les clients pour Windows, Android, Android TV, macOS et iOS. Les clients pour Windows et macOS fonctionnent de la même manière qu’une autre solution de bureau à distance (Remote Desktop), si ce n’est que la solution de Shadow est optimisée pour minimiser la latence.

Blade a fait mardi la démonstration d’un dispositif maison mesurant la latence. Entre la pression d’une touche du clavier et la réaction à l’écran, il s’écoule environ 25 ms sur un ordinateur physique. Il s’écoule environ 35 ms en utilisant la technologie de virtualisation de Shadow sur le réseau local. Autrement dit, l’encodage, la transmission et le décodage prennent environ 1 centième de seconde.

Dans ces conditions, la latence m’a paru imperceptible sur un jeu vidéo comme Counter-Strike: Global Offensive (CS:GO), auquel j’ai joué en ligne pendant une dizaine de minutes. On remarque en revanche aisément le recours au bureau à distance par la dégradation de la qualité d’image, plus précisément par la présence d’artefacts tels que des macroblocks (une sorte de damier). Le débit d’encodage était alors de 25 Mb/s. Il peut atteindre 50 Mb/s, mais je suppose qu’il faut choisir le meilleur équilibre entre qualité et réactivité. À titre de comparaison, un flux Full HD 8 bits à 60 Hz non compressé tel que celui qui transite sur un câble HDMI requiert environ 4 Gb/s.

Tarifs et date de lancement

Blade a donc ouvert les inscriptions à Shadow le 29 novembre. L’abonnement coûte 30 euros/mois avec un engagement de 12 mois, 35 euros/mois avec un engagement de 3 mois ou 45 euros/mois sans engagement. Désormais facultatif, le client léger Shadow peut se louer 8 euros/mois ou s’acheter 120 euros.

La startup transpose à l’informatique personnelle le modèle du leasing, en vogue dans l’industrie automobile, en remplacement de la propriété. Selon Blade, louer un PC virtuel Shadow est plus rentable que d’acheter un ordinateur. Sa formule revient à 1 200 euros sur 3 ans, contre 1 600 euros pour un PC comparable, électricité exclue. Certes le PC Shadow évolue dans le temps et permettra toujours de jouer aux dernières sorties en haute qualité, mais contrairement à ce que Blade suggère, un PC dans lequel on a investi 1 600 euros n’est pas totalement obsolète au bout de 3 ans. On peut le mettre à niveau ou bien le revendre.

En somme, comme dans l’automobile, les deux formules présentent des avantages et des inconvénients, et chacun verra midi à sa porte.

Pour aller plus loin
Shadow : L’impressionnant PC du futur est dans le cloud

Ulrich Rozier, co-fondateur d’Humanoid, est actionnaire du groupe Blade (Shadow)


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