Voitures électriques : les constructeurs chinois à l’assaut de l’Europe, voici leurs plans

Avec des technologies de pointe

 
MG, XPeng, Nio, CATL, BYD… Vous avez certainement déjà entendu parler de ces constructeurs automobiles, et ils devraient bientôt envahir nos routes. Mais pas que.
La Nio ET7, une berline électrique chinoise bientôt vendue chez nous et qui occupe le segment de la Tesla Model S, tout en étant affichée au prix de la Model 3

L’avènement de la voiture électrique a donné lieu à l’arrivée de nombreux constructeurs ces dernières années. Il y a encore quelque temps, avant la crise sanitaire, il ne se passait pas un seul salon automobile sans l’arrivée d’un nouveau constructeur chinois. Souvent, il se présentait avec un concept-car plein de promesses, essentiellement pour attirer les investisseurs, mais la majorité d’entre eux n’ont pas forcément passé le cap de l’industrialisation.

Finalement, comme c’est souvent le cas en Europe, à la création d’une nouvelle marque, il faut un groupe solide derrière. C’est pas exemple le cas de Cupra avec le groupe Volkswagen ou encore DS avec Stellantis. C’est exactement la même chose en Chine, où les « nouveaux » constructeurs chinois ne le sont en réalité pas vraiment, puisqu’ils sont avant tout nouveaux dans nos pays. Et avec l’émergence de la voiture électrique, ces constructeurs profitent de leurs compétences et de leurs prix attractifs pour venir toquer à la porte de l’Europe.

Le MG ZS EV est sans doute l’une des voitures électriques chinoises les plus répandues dans nos contrées.

Des voitures électriques plus abordables

Sans les aides gouvernementales, c’est un fait, une électrique est plus onéreuse que son équivalence thermique. Là où les constructeurs chinois parviennent à tirer leur épingle du jeu, c’est sur les prix. En effet, prenons par exemple la dernière nouveauté annoncée par MG, la firme sino-britannique qui vient de présenter sa MG4 électrique.

MG4 : abordable et autonome

Pour moins de 29 000 euros, bonus écologique non-déduit, cette concurrente des Volkswagen ID.3 et autre Renault Mégane E-Tech devrait donner du fil à retordre aux deux européennes, d’autant plus qu’elle est loin d’être ridicule sur le papier, avec notamment des technologies à foison et une autonomie allant de 350 à 450 km selon le cycle WLTP et 204 ch. Une version plus épicée de 450 ch et 600 Nm sera même de la partie.

XPeng P7 : la Tesla Model S au prix de la Model 3

Sur le segment du dessus, il y en a une autre qui est attendue comme le messie : la nouvelle XPeng P7. Il s’agit d’une berline chinoise conçue pour venir faire de l’ombre à une Tesla Model 3 qui a vu ses prix exploser ces derniers mois en Europe. Bien que la P7 soit en réalité à mi-chemin entre la Model 3 et la Model S, son prix devrait davantage se situer autour de celui de la Model 3. Du côté des performances, elle n’a pas grand-chose à envier à la Tesla, puisque XPeng annonce 4,3 secondes pour le 0 à 100 km/h, 655 Nm de couple et une autonomie allant jusqu’à 530 km en cycle mixte WLTP.

Nio ET7 : la rivale de la Tesla Model S

Avant leur arrivée en Europe, la plupart des constructeurs chinois s’installent d’abord en Norvège, un pays beaucoup plus favorable à l’usage de l’électrique et qui s’avère être aussi un excellent laboratoire en vue d’une commercialisation européenne. Dans le même genre que la XPeng P7, il y a aussi la Nio ET7, le porte-étendard de la marque en Europe. Il s’agit d’une grande berline électrique qui se positionne en tant que rivale de la Tesla Model S.

La voiture dispose de plusieurs batteries, une comprise entre 70 et 75 kWh avec une autonomie de 500 à 550 km, une seconde de 100 kWh avec une autonomie de 700 km, et enfin une batterie semi-solide de 150 kWh permettant de revendiquer environ 1 000 km d’autonomie sur cycle CLTC chinois avec une seule charge. Cela représente environ 800 km sous le cycle WLTP en vigueur en Europe. Son prix devrait se situer aux alentours de 65 000 euros, soit l’équivalent d’une Tesla Model 3 Performance.

BYD : trois modèles pour la France

On peut également citer les trois voitures électriques de BYD (le numéro deux mondial de la voiture électrique, derrière Tesla) qui vont être présentées lors du Mondial de l’Automobile à Paris en octobre 2022, avant d’être commercialisée en Europe et notamment en France. Leurs noms : BYD Tang, BYD Han EV et BYD Atto 3 (Yuan Plus). Avec des autonomies comprises entre 400 km et 521 km sur cycle mixte WLTP, et des tarifs pour le moment inconnus.

Des voitures électriques plus innovantes

L’argument de vente d’une électrique, même si c’est de moins en moins le cas avec la densification du réseau de recharge, c’est l’autonomie. Plus l’autonomie est annoncée comme importante, plus les clients sont « rassurés » et susceptibles de passer le cap de l’électrique.

Comme énoncé plus haut, si Nio annonce l’arrivée d’une batterie semi-solide de 150 kWh permettant de revendiquer 1 000 km d’autonomie sous le cycle d’homologation chinois, c’est que l’autonomie est un argument commercial de poids. En France, par exemple, même si le réseau de recharge se densifie, il a encore du mal à être à la hauteur de l’objectif fixé par le gouvernement, de 100 000 bornes.

À terme, quelques embouteillages sont à craindre dans les stations de recharge si la croissance du réseau ne s’accélère pas. Disposer d’une voiture avec beaucoup d’autonomie pourrait aussi permettre, en plus d’ajouter du confort, de s’arrêter moins souvent aux bornes.

Les dessous de la Nio ET7 et sa batterie de 150 kWh

Et l’innovation ne s’arrête pas là en Chine. Qui dit autonomie dit aussi recharge. Si, en Europe, on arrive doucement, mais sûrement à commencer à accepter des charges allant jusqu’à 350 kW sur certaines bornes Ionity, en Chine, en 2023, un nouveau standard de charge Chademo 3.0 fera son apparition, ce qui permettra d’atteindre 500 kW de puissance, comme avec la nouvelle borne de Nio. Et l’Europe serait aussi concernée puisqu’un adaptateur CCS – Chademo pourrait être au programme.

Les chargeurs auront des puissances allant jusqu’à 500 kW, seront refroidis par liquide et embarqueront un convertisseur. Ce nouveau standard a été développé par le Japon en partenariat avec la Chine, qui n’a pas tardé à valider le projet. Si les constructeurs chinois vont rapidement s’adapter sur leur territoire, qu’en sera-t-il des constructeurs européens qui exportent en Chine ?

Borne de recharge Xpeng S4
Borne de recharge Xpeng S4

En effet, ce nouveau standard implique une prise spéciale « Chademo 3.0 » pour se brancher sur les bornes rapides chinoises, japonaises et coréennes. Construire des voitures avec différentes prises selon les marchés où elles sont vendues semble l’option la plus crédible, mais aussi la plus coûteuse.

L’Europe n’est pas en reste, puisque la ville de Madrid est désormais équipée de bornes ultrarapides d’une puissance de 400 kW avec la prise européenne CCS Combo 2. De quoi permettre de s’approcher des 10 minutes prévues pour passer de 10 à 80 % de charge sur la future berline électrique Zeekr 001 qui arrivera en 2023.

Des usines de batteries qui fleurissent en Europe

Les usines de batteries commencent à s’implanter un peu partout en Europe. Parmi les plus connues, il y a le géant nordique Northvolt, qui est notamment associé à Volvo, et qui a inauguré il y a quelques mois une nouvelle giga-usine en Suède. En Chine, le géant de la batterie lithium-ion s’appelle CATL, et il va construire une énorme usine en Hongrie. Cette dernière produira annuellement 100 GWh de batteries pour certains grands constructeurs européens.

L'usine CATL en Allemagne
L’usine CATL en Allemagne

CATL dispose déjà d’une usine en Allemagne, et sa nouvelle usine en Hongrie devrait alimenter de nombreux constructeurs, à commencer par Mercedes, son principal client, mais aussi BMW, Stellantis ou encore Volkswagen. Le choix de la Hongrie n’est d’ailleurs pas un hasard pour CATL, puisque tous les groupes précédemment cités possèdent des usines dans ce pays. De quoi rendre la production des batteries bien plus propres qu’en Chine.

Précisons que la quantité de batteries fabriquées par les géants du secteur pour l’automobile a atteint des sommets l’année dernière, avec pas moins de 286,2 GWh de batteries au lithium produits en 2021, le tout pratiquement uniquement par le trio de choc asiatique : CATL (Chine), LGES (Corée du Sud), Panasonic (Japon), BYD (Chine) et Samsung SDI (Corée du Sud).

De nouvelles stations de recharge ultra-puissantes

Les ventes de voitures électriques ont bondi en Chine ces dernières années, et le nombre d’infrastructures de recharge également. Pour vous donner un petit ordre d’idée, sur les cinq dernières années, ce sont 7,7 millions de voitures électriques ou PHEV qui ont été mises sur les routes chinoises. Leur part de marché à atteint 25 % en avril 2022. Et ces voitures rechargeables, il faut bien les alimenter. Outre le nombre de bornes de recharge qui ne cesse de progresser, leurs technologies évoluent aussi et elles arriveront aussi un jour en Europe.

Plus haut, nous vous parlions d’une puissance de recharge à 500 kW qui arrivera bientôt en Chine. Mais à quoi bon quand les meilleures Tesla vont jusqu’à 250 kW et 270 kW pour la Porsche Taycan ? Eh bien le chinois XPeng, encore lui, avec son SUV G9 récemment présenté, annonce une puissance de charge allant jusqu’à 480 kW. Ce qui signifie que la batterie, dans des conditions optimales de chargement, recevra 8 kWh par minute ! De quoi passer de 10 à 80 % en 12 minutes seulement.

Nio Power Swap Station

L’installation de ces énormes bornes de recharge sera sans doute dans un premier temps assez anecdotique, puisque les voitures à disposer d’une telle capacité de charge sont encore rares sur le marché, pour ne pas dire inexistante. N’oublions pas également que l’installation de bornes aussi puissantes sera évidemment plus coûteuse.

Toujours dans le domaine de la recharge, le chinois Nio dispose de nombreuses stations d’échange de batterie (Nio Power Swap Station) et vient d’officialiser une station de recharge nouvelle génération très rapide, puisque l’on parle ici d’une puissance de 500 kW, avec un déploiement qui serait prévu en Chine, mais aussi en Europe.

Rappelons que la première station Nio a été installée en Norvège début 2022 et permet notamment d’échanger en quelques minutes la batterie d’un véhicule compatible. Un système de « recharge » qui permet de retirer la batterie vide et la remplacer par une pleine, pendant que l’autre recharge, et ainsi de suite. Une solution que seul Nio propose aujourd’hui et que la marque compte bien démocratiser.

Les constructeurs européens doivent-ils avoir peur ?

Comme nous venons de le voir, les constructeurs chinois mettent le paquet pour arriver en Europe. Et si il y a quelques années, les réglementations étaient différentes et les empêcher d’accéder au marché européen, les temps ont bien changé, avec l’électrification mais également leurs efforts massifs pour être au niveau (voire au-dessus) des constructeurs européens. La preuve avec la Ora Funky Cat qui est l’une des voitures les plus sures du marché européen, tout en venant de Chine…

Mais les constructeurs européens ont toutefois de nombreuses cartes à jouer face à la concurrence chinoise. La première, c’est leur notoriété auprès du grand public. On imagine en effet que beaucoup de consommateurs seront frileux (à tort), à l’idée de rouler en voiture chinoise. La seconde, c’est l’immense réseau de concessionnaires, pour essayer les voiture et les entretenir.

Mais avec des modèles à la Tesla qui ne requiert pas de concessions et dont l’entretien est quasi inexistant, cet argument est de moins en moins important comme on le voit avec la nouvelle Peugeot e-308 qui pourra être commandé sur Internet. Alors, que reste t’il aux constructeurs européens ? C’est à eux de nous le prouver avec les futurs modèles électriques.

Pour aller plus loin
Les six voitures électriques chinoises qui vont bousculer le marché français


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