Nouveau coup dur pour Huawei. Alors que le géant chinois commençait tout juste à se refaire une santé en Europe avec son retour sur le marché des smartphones et une arrivée sur celui des voitures électriques, le gouvernement allemand a annoncé vouloir se passer de ses technologies sur son réseau 5G, ainsi que de celles d’un de ses compatriotes, ZTE. Nancy Faeser, la ministre allemande de l’intérieur, explique que cette décision radicale a été prise pour des raisons de « sécurité nationale ». Les opérateurs locaux ont jusqu’à fin 2026 pour purger leur réseau 5G de tous les composants provenant des mastodontes chinois.
Prévenir les risques « d’espionnage » et de « sabotage »
« Sur les réseaux 5G ne pourront plus être utilisés des composants de Huawei et ZTE d’ici au plus tard fin 2026. Il faudra remplacer d’ici au plus tard fin 2029 les systèmes de managements critiques des deux fabricants pour les réseaux de transport et d’accès 5G ». C’est avec ces mots que Nancy Faeser a annoncé le bannissement des deux géants chinois du réseau 5G national. Un compromis sur les échéances à tenir a été trouvé entre le gouvernement d’Olaf Scholz et les principaux opérateurs allemands – Deutsche Telekom, Vodafone et Telefonica Deutschland – dans un contexte de tensions commerciales entre la Chine et l’Union Européenne.
Cela fait déjà plusieurs mois que les deux entreprises chinoises sont dans le collimateur allemand, plusieurs experts faisaient par de leur crainte quant à des risques d’espionnage et de sabotage des infrastructures digitales en cas de conflit. D’autant plus que les opérateurs teutons s’appuient majoritairement sur des RAN (réseau d’accès radio) chinois, 59 % de leur réseau 5G en serait constitué selon une étude de 2022. C’est aussi le cas ailleurs, en Pologne, en Italie et en Autriche par exemple. Pour la filiale allemande de Huawei, « il n’existe aucune preuve ni scénario selon lequel la technologie Huawei présente un risque pour la cybersécurité ».
En France, une main de fer dans un gant de velours
En juin 2023, la Commission Européenne avait appelé les États membres à prendre des mesures pour exclure les fournisseurs d’équipements de réseau chinois de leurs infrastructures 5G. En plus de l’Allemagne, le Japon, l’Australie, le Royaume-Uni, le Canada, la Suède et les États-Unis avaient déjà exclu Huawei de leur réseau 5G, craignant aussi un risque pour leur sécurité et leur souveraineté. Plus qu’un réseau mobile, la 5G est un véritable enjeu géopolitique et aussi l’occasion d’accueillir des investisseurs désireux d’implanter une usine dernier cri au beau milieu des pâturages alsaciens.
En France, le gouvernement n’a pas fait le choix d’un bannissement immédiat de Huawei et de ZTE de son réseau, celui-ci sera plutôt progressif. Adoptée en 2019, la « loi Huawei » prévoyait le démantèlement des antennes 5G du constructeur chinois en 2028, en priorité dans les villes abritant des bases militaires comme Brest et Toulon et aux frais des opérateurs. Sauf qu’un sursis a été accordé à SFR et Bouygues Telecom qui auront jusqu’à 2031 pour s’exécuter, Free et Orange n’utilisent quant à eux aucune antenne chinoise. On verra ce qu’il en sera vraiment à l’approche de cette échéance, ce report étant aussi une technique pour refiler le bébé au prochain gouvernement.
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