Huawei : des employés ont aidé des dictatures africaines à espionner leurs opposants

 
Très implanté en Afrique, Huawei serait devenu bien proche des autorités nationales. Des employés de la firme auraient aidé les gouvernements ougandais et zambien à espionner des figures d’opposition politique.
Kampala, la capitale ougandaise (photo par Adam Jones, Ph.D CC BY-SA)

C’est le genre de révélations dont Huawei pourrait bien se passer. Alors que le géant chinois est en pleine tourmente vis-à-vis des États-Unis sur des arguments de sécurité nationale, des éclaboussures surgissent du côté du continent africain. D’après une enquête du Wall Street Journal, les employés de l’équipementier auraient fourni des services aux gouvernements de l’Ouganda et de la Zambie pour surveiller des opposants politiques.

L’Ouganda, pays de la région des Grands Lacs dirigé d’une main de fer par Yoweri Museveni, voulait en 2018 contrer une figure d’opposition montante : Bobi Wine, chanteur de 33 ans entré au parlement. Les autorités de Kampala ont alors fait appel à des techniciens de Huawei en Ouganda pour hacker les communications WhatsApp et Skype du député, grâce à un logiciel israélien.

Dans le cas de la Zambie, en Afrique australe, d’autres employés de Huawei ont aidé au piratage des téléphones et des pages Facebook de blogueurs critiques du président Edgar Lungu, de façon à les géolocaliser et à faciliter leur arrestation. Si aucune de ces deux occurrences ne semble avoir impliqué spécifiquement les réseaux télécoms Huawei, la proximité de l’équipementier avec les pouvoirs nationaux a de quoi interroger.

Collaboration avec les autorités

« Notre enquête interne montre clairement que Huawei et ses employés n’ont été engagés dans aucune des activités suggérées », répond la firme chinoise. Le Wall Street Journal souligne n’avoir recueilli aucun élément signalant que des cadres de Huawei étaient au courant des agissements spécifiques de leurs employés, ou que les autorités de Pékin étaient impliquées à un quelconque moment.

La Chine est économiquement très implantée en Afrique, où elle fait jouer de son soft power vis-à-vis des gouvernements nationaux. Huawei est en première ligne pour le développement des infrastructures mobiles locales, dans un continent où l’usage du smartphone grimpe en flèche. Mais la firme fabrique aussi des systèmes de caméras de surveillance à reconnaissance faciale, qu’elle a déjà fournis à plus d’une vingtaine de pays en développement.

Le gouvernement de l’Ouganda a confirmé que des techniciens de Huawei travaillaient avec la police et les services de renseignement à des fins de sécurité nationale, sans vouloir donner plus de précisions. Les autorités zambiennes ont quant à elles déclaré que des employés de Huawei travaillaient au sein du régulateur national des télécoms pour « repérer les auteurs de fake news ».


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