Contenus audio et vidéo : sommes-nous otages d’Amazon, Google ou Apple ?

 
Netflix, Spotify, Amazon Prime Video… On peut y accéder partout, mais ne sommes-nous pas à la merci des relations entre Apple, Google, Amazon et leurs concurrents ?


Des services disponibles partout…

Même si cela concerne principalement les utilisateurs américains, les passes d’armes auxquelles se sont livrés Amazon et Google ces derniers jours sont révélatrices d’un phénomène qui devient de plus en plus inquiétant : la main-mise sur les conditions d’accès à nos contenus. Enfin je dis « nos », entendons-nous : les contenus pour lesquels nous payons un abonnement ou auxquels nous accédons gratuitement. YouTube, Spotify, Netflix, Amazon Prime Video, Apple Music…

Tous ces services ont un point commun. Ils sont à priori accessibles sur tous les OS majeurs. YouTube ou Netflix sont omniprésents, sur le web, sur les TV connectées, sur les consoles, sur les décodeurs… Spotify étend son emprise en poussant des services concurrents comme Microsoft Groove à jeter l’éponge. Apple Music, issu du rachat de Beats, n’a pas laissé tomber Android, et Amazon Prime Video s’ouvre enfin aux utilisateurs d’Apple TV.

Jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus

Tout va bien, jusqu’à ce que tout aille mal. Jusqu’à ce que pour une raison ou une autre, un de ces services aille à l’encontre des intérêts de l’un des acteurs. La faute à un mélange des genres devenu omniprésent. Il y a 10 ans, Apple fabriquait des smartphones, Google proposait des services web et Amazon vendait des biens en ligne. Aujourd’hui, les trois acteurs ont leur offre de streaming musical et leur gamme de produits « hardware », dans des domaines parfois directement concurrentiels, et ça n’est pas fini avec les enceintes connectées. Apple comme Amazon produisent du contenu vidéo. Sans parler des tiers comme Netflix ou Spotify, omniprésents, mais pas disposés à faire des sacrifices sur leur modèle de fonctionnement ou leur interface.

On se retrouve donc dans des situations potentiellement explosives, comme entre Amazon et Google. Le premier ne veut pas vendre des produits comme le Chromecast ou Google Home, en concurrence directe des Fire TV Stick ou Amazon Echo, et prive son application Prime Video d’une compatibilité avec Google Cast. Alors Google, en retour, bloque l’accès à YouTube, que ce soit sous la forme d’une app non officielle ou même d’une vue web. Oui, sur Fire TV, il est impossible de lancer une vue web du site YouTube, on en est là !

Visiblement, les choses se sont dégelées, sans que l’on sache comment, avec Apple. L’Apple TV est à nouveau en vente et Amazon Prime Video débarque sur la petite box made in Cupertino, juste à temps pour la saison 2 de l’émission The Grand Tour. Prime Video est même compatible avec la nouvelle app TV d’Apple, qui agrège les contenus vidéos de différentes apps en une seule interface. Amazon Prime Video est présent. Mais pas Netflix qui fait app à part. Comme il sera impossible d’utiliser Spotify avec l’enceinte HomePod, ou Apple Music avec un Echo ou un Google Home.

Et l’utilisateur dans tout ça ?

Tout va bien donc, les grands acteurs des contenus et services se font leur petite guerre, ou signent la détente quand ils arrivent à se mettre d’accord sur des conditions qui restent obscures. Il y a juste un problème : nous, les utilisateurs, sommes complètement méprisés.

Non contents de jongler entre les abonnements pour pouvoir regarder à la fois Stranger Things, Game of Thrones et The Grand Tour, nous nous retrouvons contraints à jouer le rôle d’otages dans une bataille rangée pour un contenu que nous ne maîtrisons pas, puisque nous ne faisons plus que le consommer à la source, sans jamais le « posséder ». Bien sûr, nous n’avons jamais vraiment possédé nos CD et DVD, mais on pouvait en disposer à notre guise. Là, nous avons accès au catalogue de toutes les maisons de disques instantanément, à des milliers de films, à des séries exclusives d’une qualité toujours plus bluffante. Et nous pouvons y accéder depuis n’importe quel appareil… à condition que son constructeur ne décide pas de proposer une intégration au rabais, voire d’appuyer sur le bouton off pour un désaccord dont, franchement, nous n’avons absolument rien à faire.

« On peut toujours regarder la météo… »

Si Google boude parce qu’Amazon ne veut pas vendre ses produits, ça n’est pas le problème de votre fille qui souhaite juste continuer à regarder ses Youtubeurs préférés. Si je ne peux pas dire à Siri d’écouter le dernier U2 sur Spotify, ou si demain je ne peux plus utiliser Shazam sur Android parce qu’Apple aura décidé que c’est une exclusivité de l’iPhone, je n’ai que faire de leurs justifications commerciales. Il n’y a donc plus qu’à espérer que ce petit monde retrouve ses esprits et se rappelle un peu de ceux qui achètent leurs produits et services.


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